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08 octobre 2019

Après la pluie,

le beau temps ! 

Les nuages s’écartent…

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Pluie. Abondante. Tombant à la verticale depuis un ciel de plomb pour ne s’arrêter que parvenue au sol. Les flaques grossissent. Débordent. La terre n’a pas encore eu le temps d’absorber. Tout au long de la journée, chacun regarde les nuées qui roulent sans accalmie du sud vers le nord. Consulte la météo qui prévoit une soirée au sec. Croise les doigts pour que – une fois n’est pas coutume – les super calculateurs ne se trompent pas.

 

(Soupir…)

 

A 18h30, à l’heure du rendez-vous, les dernières gouttes s’accrochent encore aux branches. La couleur du ciel reste inchangée. Et bien que la pluie ait cessé depuis quelques minutes, l’averse suivante semble imminente…

 

Tant pis ! Le groupe y est préparé : vestes imperméables, chaussures de randonnée pour les grands, bottes en caoutchouc pour les plus jeunes. Et une profonde joie d’être là, à l’orée d’une immersion en forêt la nuit. La magie opère déjà. Les Rougegorges familiers chantent. Trois ou quatre oiseaux font entendre leur mélopée aiguë empreinte de nostalgie. Le Pinson des arbres émet ses « ping » sonores. Un petit groupe d’une dizaine de Mésanges à longue queue passe d’un arbre à l’autre en bavardant bruyamment. Trois Hirondelles rustiques passent au vol à toute vitesse, pressées de revoir le sud – le temps dure longtemps, et la vie sûrement plus d'un million d'années… Et toujours en été !

 

Les fougères rousses embellissent une forêt qui glisse lentement dans l’automne. Encore très verts, les feuillages se teintent de quelques touches de jaune, d’ocre ou de rouille. L’atmosphère humide et très terne héritée de cette journée pluvieuse demeure toutefois austère. Lorsque le miracle se produit. Une déchirure apparaît dans la couche de crasse. Une brèche encore étroite dans laquelle se précipite pourtant un flot de lumière. Une lumière de fin de journée, chaude, orangée. Le voile gris et monotone s’envole dans l’instant. La forêt reprend vie. S’habille d’or et de pourpre. Les dernières fleurs de bruyère et d’ajonc s’illuminent – le parme et le jaune rayonnent.

 

Les adultes zigzaguent entre les flaques et restent autant que possible au sec. Les enfants choisissent d’explorer ces mers temporaires et coupent droit devant eux. Christophe Colomb ne faisait pas non plus de détour !

 

19h00. En vue d’une clairière, nous nous approchons en silence. Avec beaucoup de prudence. A l’orée du bois, des animaux broutent paisiblement l’herbe. Le mauvais temps de la journée a grandement limité la fréquentation humaine en ces lieux. Les animaux sont calmes et déjà sortis à découvert. Une biche et son faon. Puis une seconde biche suivie elle aussi de son bambin. Au total – d’un coup de jumelle – nous comptons huit ou neuf cervidés. Des femelles et des jeunes encore dépendants de maman. Pas de cerf. Pas pour le moment du moins. Car en cette période de rut, là les femelles sont, monsieur n’est jamais très loin.

 

19h25. Un brame lointain retentit derrière nous. Ou sur la butte légèrement sur notre gauche. Pas évident de localiser précisément l’animal qui vient d’ouvrir le bal. D’autant qu’il ne pousse pas la chansonnette plus avant. Un coup de gueule sans suite. Tout juste le temps de réaliser qu’un cerf vient de bramer que le spectacle s’achève déjà. Un pétard mouillé…

 

Arrivée du seigneur des lieux.

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19h40. Le grand cerf – seigneur de « notre » prairie sort de son écrin forestier. L’animal s’avance majestueusement jusqu’au centre de la place. La pénombre est maintenant grande mais une lune en premier quartier jette des lueurs blafardes sur la clairière. Les herbes jaune pâle et presque transparentes semblent luire. Les biches sont restées en périphérie. Monsieur plastronne – sûr de lui. Broute le long de sa parade. Les pointes pâles de ses andouillers reflètent les rayons lunaires. Brillent.

 

19h45. Le ciel est maintenant totalement dégagé. Plus aucun nuage. Les étoiles s’allument les unes après les autres. Une brume blanchâtre monte du sol.  Le rideau diaphane enveloppe une partie de la prairie. Le cerf s’éloigne un peu de nous pour revenir vers l’orée du bois. Et vers les biches. Ambiance fantomatique. Surnaturelle.

 

19h50. Sans un mot et sur de son succès, le cerf élève son poitrail et grime sur le dos d’une biche. Cueillir le Graal et perpétuer la vie. Et ce sans un brame. Conclusion logique d’une cour débutée plusieurs heures auparavant ? Une fille facile ? L’acte en lui-même est de courte durée. Les amants se retrouveront à plusieurs reprises au cours de la nuit à venir.

 

19h55. Brame de « notre » reproducteur, devant nous ! Tout de même ! Pas un prélude mais un cri de victoire.  Un cri rauque, profond. Monsieur se retourne dans le lit. Certains s’endorment au creux de l’épaule de leur fiancée. Lui a les yeux brillants et hurle de contentement.

 

20h10. Plus d’activité dans la prairie. Le grand cerf mange tranquillement en son centre mais les biches restent invisibles. La nuit s’est refermée et malgré la lune l’animal n’est plus guère qu’une silhouette indistincte. L’heure de reprendre la route a sonné. Lampes de poche au poing, nous avançons sur le chemin caillouteux. Les adultes en zigzaguant entre les flaques, les enfants coupant toujours au plus court.

 

Une Chouette effraie passe au vol en chuintant. Des Chouettes hulottes hululent dans le noir. La lune monte encore et inonde la forêt de sa lumière froide. Seules les étoiles principales brillent. Véga, Deneb et Altaïr pour le triangle des belles d’été. Cassiopée et son « W ». La Grande Ourse et l’étoile polaire. Capella au ras de l’horizon nord. Les étoiles plus faibles ne parviennent pas à percer le halo lunaire.

 

La fin de la sortie s’égrène le long du sentier de retour. Avec un peu de botanique – un chêne, un hêtre, un châtaignier, un noisetier… Une magnifique Amanite tue-mouche au rouge piqué de blanc est découverte et abondamment photographiée à la lueur des lampes électriques. D’autres champignons ressemblant à des Coulemelles sont également trouvées. Nous n’y touchons pas de crainte de nous tromper – même s’il est notoire que tous les champignons sont comestibles au moins une fois.

 

La boucle est bouclée peu après 22h00 au terme d’une belle balade sous un ciel sans nuage. Pas un souffle d’air n’est venu perturber les houppiers. La forêt est calme, apaisante. Les cerfs se taisent et font ce que la nature attend d’eux. Une Chouette hulotte troue une dernière fois le silence de la nuit. Et nous reprenons nos véhicules pour aller nous abandonner aux bras de Morphée…

 

Les enfants dorment déjà !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Canard colvert, Pigeon ramier, Effraie des clochers, Chouette hulotte, Corneille noire, Pic vert, Hirondelle rustique, Geai des chênes, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive musicienne, Fauvette à tête noire, Grosbec casse-noyaux, Pinson des arbres

 

Mammifères :

Cerf élaphe, Sanglier

 

Amphibiens :

Crapaud commun, Grenouille verte

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