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18 avril 2019

Douceur d'une

soirée en forêt... 

Début de soirée…

Le froid du début de la semaine a vécu. Les températures en hausse, réchauffe la nature qui prend ses aises en cette seconde moitié d’avril. La végétation se déploie chaque jour davantage. Les charmes arborent un feuillage aux verts tendres. Cerisiers et aubépines, parés de blanc, attendent les insectes pollinisateurs. Primevères, ficaires, Jacinthes des bois, Anémones des bois sont également en fleur.

 

Et depuis quelques jours, le muguet sort ses feuilles.

 

La campagne de Poigny-la-forêt bruisse de ses chants d’oiseaux. La strophe accélérée du Serin cini. Le vocable grinçant de l’Etourneau sansonnet. La mélodie alerte de la Fauvette à tête noire. Le babille de l’Hirondelle rustique. Le vent de la journée ne souffle plus. L’air est à peine dérangé par une brise anecdotique.

 

Le chemin, passé les dernières maisons du village, s’enfonce en sous-bois. La voûte arborée s’approprie une partie de la douce lumière du soir. Mais celle-ci dessine magnifiquement le contour des troncs, les branches, illumine chaque jeune feuille.

 

Le chemin s’avance entre les arbres. De grands chênes dont certains mesurent plusieurs mètres de circonférence. Des charmes adultes dont l’écorce noueuse, musculeuse leur donne des silhouettes de champions de body building, un port parfois tortueux. Des hêtres dont certains sont presque aussi épais que les grands chênes qu’ils côtoient.

 

Nous admirons cette grande diversité lorsque les deux notes d’un des oiseaux les plus connus retentissent. « Cou-cou, Cou-cou, Cou-cou… » L’oiseau, spécialisé dans le parasitage des nids ne lui appartenant pas, chante en forêt de Rambouillet depuis les tous premiers jours d’avril. Ce qui correspond à ses habitudes année après année.

 

Le soleil se rapproche de l’horizon. Bientôt il se fera happer. La teinte orangée décroît progressivement…

L’ombre descend…

L’ombre progresse et transforme le renouveau printanier. Le crépuscule se fait plus austère. Les parcelles de bouleaux que nous avons atteintes acquièrent des nuances de bleu, de gris. Les tons froids remplaçant peu à peu les couleurs chaudes de l’après-midi. La température de l’air baisse également. Deux ou trois degrés de moins depuis que nous sommes descendus de la grande futaie couvrant le plateau. Les arbres, serrés les uns contre les autres, ressemblent à des fantômes blancs et noirs.

 

Nous arrivons à un carrefour. Une lande de callune commune borde le chemin et ouvre le paysage. Nous avons de notre poste d’observation une bonne visibilité sur la forêt environnante. Nous choisissons de casser la croûte à cet endroit. Dans l’espoir de voir une Bécasse des bois passer au vol.

 

L’oiseau se fait attendre. Il est 21h15 lorsque le premier « psitt » retentit au loin. Un cri souvent audible de loin. Et qui nous parvient très atténué. La Bécasse n’est pas venue roder à proximité de notre retraite gastronomique. Peu importe. L’espèce est bien présente sur ce secteur de forêt et son passage n’est qu’une question de temps.

 

Il nous suffit de nous montrer patients.

 

Nous mordons à belles dents dans nos sandwiches. Olivier nous serre un verre de bière brune – offre très appréciée. La pleine lune monte dans un ciel où les étoiles peinent à briller. A 21h20, un nouveau « psitt » retentit. Loin, encore une fois. Mais suivi immédiatement par un autre, plus près. Et un autre encore, toujours plus proche. La Bécasse des bois arrive droit sur nous. Nous survole. S’éloigne au-dessus de la parcelle derrière nous. Amorce un large virage et retourne d’où elle est venue.

 

Mais nous ne l’avons pas aperçu. Le ciel, trop sombre, n’a pas permis à la silhouette de l’oiseau de se découper. Tout ce que nous savons de son parcours a été déduit des « psitt » successifs émis par la bécasse. Trajectoire en pointillés. Une longue phrase en morse : point-point-point…

 

A nos pieds, nos ombres s’étirent comme par un franc soleil. La lune irradie. La forêt se pare d’un clair-obscur spectral qui rend inutiles les lampes de poche que nous avions eu la précaution d’emporter. Sirius – l’étoile la plus brillante du ciel – brille dans la constellation du Grand-Chien au sud-ouest au-dessus de la ligne d’arbres. Procyon – dans le Petit-Chien - apparaît également.

 

Le bestiaire ne se limite pas à ces deux canidés. Et même si nous ne les ajouterons pas à la liste des espèces animales observées au cours de la soirée, nous observons également la Grande-Ourse et la Petite-Ourse. Le sablier d’Orion, au couchant, a déjà été partiellement grignoté.

 

Alors que nous reprenons notre cheminement, une Chouette hulotte entonne une courte série de hululements. Madame est probablement au nid à couver sa progéniture encore blottie dans leurs œufs. Monsieur veille donc à rester discret – ne pas attirer inutilement l’attention sur sa famille particulièrement vulnérable à cette époque.

 

Le groupe se sépare bientôt, heureux d’avoir goûté ensemble cette ambiance si particulière, si intime, de la forêt la nuit !

 

Liste des espèces

Oiseaux :

Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard mandarin, Faisan de Colchide, Bécasse des bois, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Coucou gris, Chouette hulotte, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Hirondelle rustique, Corneille noire, Choucas des tours, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive musicienne, Fauvette à tête noire, Pouillot fitis, Pouillot véloce, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Étourneau sansonnet, Verdier d'Europe, Linotte mélodieuse, Serin cini, Pinson des arbres

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