Quand brise et soleil coexistent…

 

Grand ciel bleu au début de cette soirée - à l’instar de ces deux ou trois dernières semaines. Petit vent soufflant du nord-est et venant dessécher un peu plus cette terre déjà craquelée en certains endroits. Et pour terminer de planter le décor, une douce chaleur que d’aucuns trouvent déjà excessive : le thermomètre affiche 26 degrés à l’ombre et la fraicheur qui nous collait à la peau en avril et en mai a disparu.

 

Il est un peu plus de 19h30 : le groupe se met en marche.

 

L’Alouette des champs, en vol stationnaire à une trentaine de mètres au-dessus du sol, déverse sur nous ses strophes de notes rapides. Derrière nous, le Bruant zizi chante à tue-tête tandis que quelques Corneilles noires en maraude cherchent de quoi dîner. Dans la plaine, orges et blés mûrissent lentement. Alors que les épis de blés sont encore verts, les orges jaunissent. Nous ne sommes plus qu’à trois semaines environ du début des moissons et les champs de céréales se tintent progressivement d’or.

 

L’orée de la forêt marque un tournant. Le soleil chaud se trouve tout à coup masqué par les frondaisons. L’ombre progresse au fur et à mesure que l’astre du jour descend vers l’horizon. Les oiseaux forestiers saluent de leurs voix mêlées la soirée qui s’étire. Le Pipit des arbres parade encore en lisière et montre à ses voisins que son territoire est occupé. Rougegorges familiers, Troglodytes mignons et Fauvettes à tête noire chantent de concert. La Fauvette des jardins anime un bosquet au fond duquel elle reste cachée et la Sittelle torchepot passe d’une branche à l’autre à la recherche de nourriture. Au bord du chemin, de belles et grandes fleurs blanches étalent leurs pétales à la lumière du jour : quelques pieds d’Orchis tachetés (Dactylorhiza maculata) fleurissent chaque année dans ces bois durant le mois de juin. C’est une orchidée à floraison tardive qui marque généralement l’arrivée des chaudes journées estivales.

 

Peu avant l’heure du casse-croûte, au détour d’un chemin, nous découvrons une forme immobile au milieu du sentier forestier. Un très beau renard assis sur son postérieur et oreilles dressées nous dévisage. L’observation est mutuelle durant une dizaine de secondes avant que Goupil se lève et s’éloigne lentement, nous montrant sa queue épaisse terminée de blanc.

 

Une bien belle rencontre !

 

Une centaine de mètres plus loin, c’est un autre Renard roux qui croise notre route : l’animal en pleine course traverse un pré devant nous. L’observation est fugace avant que l’animal n’entre à couvert dans la végétation de la lisière.

 

A table…

 

L’heure du dîner a sonné. Nous nous installons dans une prairie fauchée et transformons trois ou quatre balles de foin en tables et vestiaires. Nous trônons au centre d’une clairière de quelques centaines de mètres de rayon. Tout autour de nous la forêt nous toise de la hauteur de ses plus hauts chênes. Quelques Hirondelles rustiques chassent les insectes au-dessus des herbes coupées. Le soleil n’est plus très haut. Bientôt il plonge derrière les arbres pour disparaître sous l’horizon et partir baigner l’Amérique de lumière. De notre côté de l’Atlantique par contre, la lumière se fait bleutée. Les ombres envahissent la plaine et gomment peu à peu les détails du paysage. Un beau mâle de Busard Saint-Martin glisse à ce moment là et passe devant nous d’un battement d’aile et sans un bruit. Dans un nuage de poussière sèche, un agriculteur traine un engin crachant d’énormes ballots de foin. Un second un peu plus loin les empile sur une longue remorque. Au milieu du champ, perchée sur un grand piquet de bois, une Buse variable observe les humains : les promeneurs croisent les travailleurs. Les premiers l’observent quelques minutes et passent leur chemin. Les seconds poursuivent leur labeur avant que les ténèbres ne se referment tout à fait.

 

Alors que l’obscurité progresse - il est un peu plus de 22h00 - notre groupe entend des notes aiguës en provenance d’un tout petit bois. Série de notes nettement séparées les unes des autres et répétées à l’infini tel un leitmotiv lancé à la nuit. Nous cherchons en longeant notre chemin, fouillant la végétation, scrutant les branches encore visibles et découvrons bientôt un jeune oiseau largement recouvert de duvet posé dans un chêne. C’est lui qui appelle inlassablement ses parents partis chasser. Bientôt un frère ou sœur derrière lui joint ses aux siens ses propres cris. Une petite famille de Hiboux moyens-ducs a élu domicile dans ce carré d’arbres. Malgré nos recherches, nous n’apercevons pas les adultes.

 

Nous nous éloignons afin de ne pas les déranger.

 

Avant de rejoindre nos véhicules, nous entendons encore brièvement le chant envoutant de la Chouette hulotte. Vénus brille de mille feux au-dessus de l’ouest et quelques étoiles s’allument chacune leur tour. La nuit s’est maintenant refermée et nous nous séparons, heureux de cette soirée à l’air libre.

 

Nous reviendrons !

 

Liste des espèces

​

Oiseaux :

Buse variable, Busard Saint-Martin, Faucon crécerelle, Perdrix rouge, Faisan de Colchide, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Chouette hulotte, Hibou moyen-duc, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Corneille noire, Geai des chênes, Sittelle torchepot, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Pipit des arbres, Bergeronnette grise, Chardonneret élégant, Pinson des arbres, Bruant zizi

 

Mammifères :

Renard roux, Lièvre d’Europe

 

Amphibiens :

Grenouille verte

 

Coléoptères :

Petite Biche