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18 mars 2023
Matinée aux étangs
de Saint-Hubert.
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L’approche du printemps…

Ciel lumineux en ce samedi matin. Pas vraiment bleu mais un peu voilé avec quelques nuages ici et là. Agréable impression de beau temps renforcée par une douceur printanière que seul le vent frais du sud-ouest vient tempérer. Les oiseaux chantent à tue-tête. Leurs voix se mêlent en une mélodie du bonheur qui nous réchauffe le cœur au sortir de l’hiver.

« On tient le bon bout ! », entend-on depuis quelques jours dans les conversations.

Sur le calendrier, le printemps débute dans à peine 48 heures. Mais dans la nature, la belle saison s’installe déjà. Des ficaires – de belles fleurs jaunes en forme d’étoile – bordent les chemins. Les bourgeons des jeunes charmes en sous-bois grossissent chaque jour davantage, prêts à débourrer. Les chèvrefeuilles, eux, étalent déjà leur chlorophylle à la lumière.

Sur les étangs que le groupe vient d’atteindre, c’est l’effervescence. Les Foulques macroules – ces oiseaux d’eau noir à bec blanc – se pourchassent inlassablement. Les mâles souffrent d’une montée d’hormones et deviennent irascibles avec leurs voisins. Ces conflits vont conduire à délimiter les territoires de chacun. Quand ces messieurs seront tombés d’accord, les dames iront pondre sur le nid construit par chacun des couples. Un nid de végétation posé entre des touffes de roseaux ou sur une berge bien dissimilé dans les herbes riveraines. Les Grèbes huppés arborent leur beau plumage nuptial : une collerette colorée d’acajou et d’orange surmontée de deux aigrettes de plumes noires. Les Bruants des roseaux s’affairent eux aussi le bec chargé d’herbes sèches et de brindilles. Les Bergeronnettes grises chantent à l’instar des Grives musiciennes, Merles noires, Rougegorges familiers, Mésanges bleues, Mésanges charbonnières et autres Pinsons des arbres.

On tient le bon bout !

Sur l’eau, des visiteurs rares se laissent également admirer dans la belle lumière du matin. Cinq magnifiques Canards pilets se nourrissent dans l’eau peu profonde : trois mâles et deux femelles font une halte de quelques heures sur la route du Grand Nord. Ces oiseaux remontent de la côte atlantique, d’Espagne ou du Maghreb où ils ont passé l’hiver pour se rendre en Islande, en Scandinavie ou en Russie pour y nicher. Les mois de mars et d’avril sont les meilleurs pour les rencontrer sur les plans d’eau de l’Ile-de-France.

Rire du Grèbe castagneux et chant explosif de la Bouscarle de Cetti.

En forêt, les Fougères aigles sont racornies. De couleur orangée, elles achèvent de tomber à terre avant de se décomposer et d’ajouter à la litière qui compose la partie supérieure du sol forestier. Dans quelques semaines lorsque les températures augmenteront, de nouvelles crosses sortiront de terre et dérouleront leurs feuilles pour en former de nouvelles. A la fin du mois de mai et surtout en juin, elles s’étaleront en sous-bois hautes d’un peu plus de deux mètres pour les plus grandes.

A l’abri du vent, protégés par les grands chênes, nous ouvrons nos blousons. En forêt la douceur est particulièrement agréable. Le Pic mar chante depuis les hautes branches d’un bouleau. Les Sittelles torchepots donnent également de la voix ainsi que les nombreux Pouillots véloces qui égrènent leurs strophes répétitives mais si aisées à reconnaitre : « Chiff-Chaff, Chiff-Chaff, Chiff-Chaff... »

 

Des battements d’ailes…

Les ailes d’un grand papillon apparaissent bientôt devant nous, fendent l’air, virevoltent un instant, cessent leurs mouvements lorsque l’insecte se pose sur le chemin caillouteux puis battent à nouveau pour permettre le décollage. Un Vulcain s’invite à notre sortie : l’un des premiers papillons de l’année qui sort à la faveur des températures très douces.

On tient le bon bout !

Vers 11h00, nous atteignons une seconde digue. Un pont de pierre qui enjambent les étangs dans leur partie orientale. Trois arches jetées au-dessus de l’eau et qui ont permis à certaines époques de permettre aux têtes couronnées de changer de rives les pieds au sec. Louis XV d’abord qui possédait sur la rive nord une vaste demeure appelée de façon faussement modeste « pavillon de chasse… » En réalité, le « pavillon de chasse » comptait 150 appartements à la mort du roi en 1774. Quand celui-ci venait chasser, la cour l’accompagnait. En rive sud, un autre pavillon de chasse : celui de Napoléon Ier, empereur des français mais militaire avant tout. Un homme habitué aux longues campagnes à guerroyer, à se contenter de peu et à dormir sous la tente. Les ruines de son pavillon de chasse, de dimensions très modestes s’élèvent encore au milieu d’un petit bois.

Sur l’eau, une quinzaine de Cygnes tuberculés nagent paresseusement. Certains ont la tête sous l’aile et dorment. Une belle Aigrette garzette arrive au vol et pose dans l’eau peu profonde le long d’une roselière jaunie par l’hiver. De l’autre côté de l’étang, une bande de quelques dizaines de canards s’alimentent à la surface de l’eau. Braquant nos jumelles puis la lunette d’observation, nous comptons environ 40 Canards chipeaux, quelques Canards colverts, près de trente Sarcelles d’hiver et même trois Sarcelles d’été – une espèce rare mais régulière au printemps. A l’instar des Canards pilets observés plus tôt en matinée, tous ces oiseaux ne sont là que pour reprendre des forces, manger et se reposer avant de poursuivre leur migration vers le nord de l’Europe. Un jeune Busard des roseaux chasse au-dessus de la végétation basse qui couvre en partie l’étang.

Le chemin du retour nous conduit à longer une lisière. Bois de chênes à droite, plaine agricole à gauche. Les Alouettes des champs poussent leurs longues mélodies. Cascades de notes débitées à toute vitesse par des oiseaux pouvant chanter de longues minutes sans s’interrompre.

En lisière, il est aisé de voir l’importance de la lumière sur la végétation, la croissance des arbres et le visage de la forêt. Au milieu de la parcelle, là où la lumière est rare, les arbres sont de grande taille et leurs branches cantonnées au sommet car seuls les houppiers reçoivent les rayons du soleil. Plus bas, les arbres sont nus : tronc droit sans branches ou quelques-unes – rares – souvent sèches, sans vie. Sur la lisière, les arbres sont moins hauts et souvent asymétriques : foison de branches dirigées vers la plaine, vers la lumière, aucune ou très peu côté forêt. Au loin, un beau chêne isolé pousse en milieu ouvert, sans aucun voisin proche. L’arbre est petit et étalent ses branches de façon harmonieuse à tous les étages et dans toutes les directions.

Peu après les douze coups de midi, nous bouclons la boucle et revenons à nos véhicules. Le vent – frais de bon matin – se fait plus chaud. Le soleil est encore présent mais on sent le temps changer. Des nuages menaçant parcourent le ciel. L’après-midi doit être pluvieuse et les nébulosités qui s’accumulent au-dessus de nos têtes rendent crédibles les prévisions humides de Météo France. Nous nous séparons bientôt, heureux de cette belle balade printanière. Avec les jours qui s’allongent, nous pourrons bientôt sortir le soir, guetter les oiseaux de retour d’Afrique, observer les insectes plus nombreux et contempler les étoiles au début de la nuit. Encore un peu de patience…

Liste espèces :

Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Aigrette garzette, Cygne tuberculé, Oie cendrée, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'été, Sarcelle d'hiver, Canard pilet, Canard chipeau, Buse variable, Busard des roseaux, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Chevalier guignette, Mouette rieuse, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Corneille noire, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Roitelet à triple bandeau, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Pinson des arbres, Bruant des roseaux

 

Papillons de jour :

Vulcain

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