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07 janvier 2023
Nouvelle année en
forêt de Dourdan...
Une fenêtre météo favorable…
Le disque solaire franchit l’horizon et se hisse au-dessus de la forêt en hibernation. Un disque orangé, seul dans un ciel sans nuage. Les grands chênes squelettiques ont perdu leurs dernières feuilles au cours du mois de décembre. Ils débutent 2023 nus dans l’attente du printemps encore lointain. La lumière dorée – rasante – inonde les lieux et se joint à une douceur anachronique pour mimer mars et nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Si le calendrier nous indique clairement que nous devrons encore nous montrer patients, la végétation se laisse berner. Ici et là un chèvrefeuille sortant des pousses vertes et partout des noisetiers ornés de chatons qui pendent aux branches. Les oiseaux – eux – profitent de l’aubaine : de nombreux chants se font entendre autour de nous. Une Mésange bleue à notre gauche, une Mésange charbonnière à notre droite, un Rougegorge familier et un Troglodyte mignon depuis la lisière devant nous.
Après avoir contourné l’abbaye de l'Ouÿe – dont l’édification remonte au XIIe siècle –, notre groupe s’éloigne dans une magnifique lumière qui fait briller chaque gouttelette de rosée et sature le paysage de couleurs vives. Deux gros chênes aux branches étalées nous regardent passer, indifférents aux mains venues caresser leur écorce rugueuse et aux appareils photos sortis des sacs pour immortaliser la rencontre.
Le rire éclatant du Pic vert retentit au même instant.
Dans la clairière qui s’ouvre au-delà de la lisière, des Corneilles noires sont posées dans les pousses vertes des céréales sortis de terre. Quelques oiseaux se disputent à grands renforts de cris rauques. Un Corbeau freux passe au vol et s’éloigne vers le sud.
Le sous-bois est couvert de parterres denses de Petites Pervenches. Aujourd’hui, seules les feuilles vert sombre les trahissent. Les corolles violacées ne crèveront leurs bourgeons qu’à la fin du mois de février pour les plus précoces d’entre elles. Parmi elles, des jeunes Jonquilles sortent également la tête. Des feuilles là encore, d’une dizaine de centimètres de haut pour le moment. Le printemps s’annonce déjà pour qui sait dénicher les signes encore timides de cette échéance tant attendue.
Cris aigus d’un Grimpereau des jardins. Les notes tombent du ciel : l’oiseau arpente sans doute un tronc ou une branche au-dessus de nos têtes et fouille les anfractuosités de l’écorce de son bec courbe afin de trouver sa nourriture. Cris sec et métallique du Pic épeiche.
Les arbres : un patrimoine naturel à préserver…
Au bout d’un étroit sentier, tout près de l’orée du bois, un arbre immense sort tout à coup du lacis de branches qui jusqu’alors l’avait masqué à nos yeux. Un grand chêne qui s’élève en six troncs distincts réunis en une souche colossale de sept mètres de circonférence. L’arbre – qui est le plus beau de la forêt de Dourdan et l’un des plus remarquable d’Ile-de-France – est âgé de plus de cinq cents ans selon les estimations de l’ONF. Nous tournons autour afin de trouver un angle pour le prendre en photo. Mais avec ses trente-trois mètres de haut, il est difficile de le cadrer en entier.
Plus loin, nous découvrons des beaux hêtres dont les troncs mesurent plusieurs mètres de circonférence. Leur écorce grise et entièrement lisse les distingue aisément des autres arbres. L’un d’eux est percé de trous parfaitement réguliers : ouvertures parfaitement rondes creusées par le Pic noir pour y déposer ses œufs. Le trou le plus haut est le nid du printemps dernier. L’oiseau est d’ailleurs aperçu une minute plus tard survolant son territoire et poussant de longs cris aigus et saccadés.
Le ciel se couvre progressivement. D’abord un simple voile puis des nuages plus épais défilent poussés par un vent frais soufflant du sud-ouest. La lumière encore bien présente forment des taches mouvantes sur le sol. Une petite troupe de Vanneaux huppés passent au vol au-dessus des plus grands arbres. Ces oiseaux de plaines sont fréquemment dérangés des grands espaces ouverts par les chasseurs. Le dimanche, les bandes se déplacent fréquemment afin de se tenir hors de portée des fusils. Les oiseaux enjambent alors bois et forêt et changent de secteur pour se poser à nouveau quelques kilomètres plus loin.
Peu de temps avant de rejoindre les véhicules, nous décelons des traces de sangliers dans la terre meuble du chemin – dans la boue pour dire les mots clairement. Des empreintes bien nettes, profondément marquées dans le sol. L’animal a suivi le chemin comme nous sur quelques dizaines de mètres avant de fouiller la litière de son groin puissant. La terre est comme ouverte sur plusieurs enjambées. Une plaie à vif que l’animal a creusée pour chercher sa nourriture : lombrics, glands enfoui dans le sol, racines…
Peu après midi, notre groupe boucle la boucle et regagne son point de départ. Une marche très agréable sous un beau soleil hivernal. Environ cinq kilomètres parcourus lentement au pas du promeneur admirant la richesse de la nature. La première sortie nature de 2023 s’achève ainsi – bonne année à toutes et tous. Merci une nouvelle fois de me suivre et m’accompagner lors de nos sorties de découverte qui me sont si chères…
Liste espèces :
Oiseaux :
Buse variable, Corbeau freux, Corneille noire, Étourneau sansonnet, Geai des chênes, Grimpereau des jardins, Grive draine, Merle noir, Mésange à longue queue, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Mésange nonnette, Moineau domestique, Pic épeiche, Pic noir, Pic vert, Pigeon ramier, Pinson des arbres, Rougegorge familier, Sittelle torchepot, Tarin des aulnes, Troglodyte mignon, Vanneau huppé
Mammifères :
Sanglier (traces)