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04 septembre 2022
La richesse des étangs
de Saint-Hubert...
Une chaude journée commence…
Derrière une magnifique haie d’aubépine, notre groupe découvre un bel étang. De l’eau bien sur, agrémentée d’une belle roselière dorée. Les plumeaux des roseaux pointent vers le ciel bleu taché de nuages blancs. Une brise très légère les chahute à peine. La sécheresse qui sévit depuis la fin du printemps a découvert quelques vasières le long de la végétation riveraine. Ces zones découvertes et d’eau très peu profonde profitent en période de migration aux limicoles, ces petits échassiers qui relient deux fois par an le nord et le sud de l’Europe.
Notre regard est rapidement attiré par un petit groupe d’oiseaux qui se nourrit à la pointe d’une langue de roseaux : des Bécassines des marais. De leur long bec, elles martèlent la vase à la recherche d’une larve ou d’un ver. Loin de s’activer autant, plusieurs Hérons cendrés ont choisi un autre mode d’alimentation : la pêche à l’affut. Transformés en statues, ils restent immobiles et se font oublier jusqu’à ce qu’un poisson inconscient du danger viennent nager à portée de bec. Le cou de l’oiseau se détend alors brusquement et l’imprudent se trouve harponné. Dans un bouleau au centre de l’étang, une Grande Aigrette lustre son plumage blanc immaculé.
De l’autre côté de la haie : un autre étang. Eclairé d’un vif contre-jour celui-ci. Comme le premier, le niveau d’eau est bas. Des Hérons cendrés et une douzaine de Grandes Aigrettes pêchent dans l’eau peu profonde selon la même méthode “Musée Grévin”. Quatre Aigrettes garzettes, bien plus actives, longent les roseaux d’un pas souvent alerte et picorent à droite et à gauche tout ce qu’elle peuvent trouver.
Alors que la chaleur commence à se faire sentir, le groupe quitte le bord de l’eau. Des papillons volettent autour de nous et se posent pour butiner les quelques fleurs que la canicule n’a pas irrémédiablement grillées. Des Piérides de la rave aux ailes blanches tachées de noir, des Soucis colorés de jaune-orangé, un Vulcain aux grandes ailes noir et rouge... Juste avant de pénétrer en sous-bois, un grand rapace vient cercler au-dessus de nos têtes : un Balbuzard pêcheur. L’oiseau se laisse longuement admirer puis prend de l’altitude et glisse sans bruit en direction du nord-ouest.
Une observation magnifique d’un oiseau extraordinaire.
En forêt, l’ombre apporte une fraicheur relative. L’air reste moite et nos fronts se perlent déjà de fines gouttelettes. Une ronde de mésanges piaillent discrètement dans les branches, un Grosbec casse-noyaux passe au vol lorsque le rire du Pic vert éclate un peu plus loin sur notre gauche.
Après les oiseaux, les insectes…
Peu avant midi, nous débouchons sur une nouvelle digue avec un étang devant nous et un second dans notre dos. L’eau est omniprésente tout comme les oiseaux. Le soleil généreux est compensé par la brise qui s’est levée et qui nous rafraichit agréablement. Les plumages blancs des aigrettes et des cygnes ponctuent le paysage. En les détaillant, nous retrouvons les douze Grandes Aigrettes, les quatre Aigrettes garzettes et une vingtaine de Cygnes tuberculés. Mais nous découvrons aussi une magnifique Spatule blanche, espèce fort rare dans la région et au moins deux Hérons gardeboeufs - qui eux aussi étaient jadis très rares en dehors du bassin méditerranéen et dont les effectifs explosent depuis une vingtaine d’années.
Cris incessants des Martins-pêcheurs d’Europe qui nous tournent autour sans que nous parvenions à les observer. Puis, tout à coup, un éclair bleuté raye la surface de l’eau : un oiseau vient de passer au vol à quelques dizaines de centimètres au-dessus de l’étang. Si vite que tout le monde n’a pas eu le temps de tourner la tête dans la bonne direction.
Mais la star de cette journée apparait bientôt. Certes, les observations du Balbuzard pêcheur et de la Spatule blanche constituent déjà un événement. Mais un autre oiseau vient tout à coup leur voler la vedette. Un Héron pourpré posé bien en vue devant une roselière décolle tout à coup, survole le premier étang, passe au-dessus de la digue non loin de nous et se pose à nouveau en évidence dans l’eau peu profonde du second plan d’eau. Le Héron pourpré est une espèce très rare en Ile-de-France. Nous en observons trois individus au cours de la matinée. Mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est la qualité des observations que nous avons la chance de faire. Car l’espèce est réputée discrète, demeurant en général à l’abri des regards au milieu des grandes roselières que l’espèce affectionne. Mais la longue sécheresse a exondé les roseaux, si bien que les oiseaux doivent quitter leur refuge végétal pour trouver leur nourriture et venir pêcher sous nos yeux. L’oiseau reste une bonne heure devant nous, tantôt à l’affût dans l’eau peu profonde, tantôt nageant au milieu de l’étang à attraper ses proies en surface.
Un moment extraordinaire !
L’après-midi est chaude et l’air devient encore plus lourd. La plupart des oiseaux se taisent et le sous-bois demeure silencieux. Immobile. Mais les insectes apprécient et croisent notre route à chaque instant. Beaucoup de papillons : Vulcains, Tircis, Myrtils, Procris, Soucis, Piérides... Ainsi que des libellules. Parmi les plus grosses, cette Aeschne bleue et ces Aeschnes mixtes au corps constellé de bleu et de noir. Des animaux au vol incessant, acrobatique et aux accélérations fulgurantes. De nombreux Sympétrums sanguins, des libellules rouge sang, sont posés sur la végétation à guetter leurs proies. Si l’une passe à proximité, ils décollent alors, montent en chandelle et fondent sur l’insecte qui n’a pas le temps d’apercevoir le danger avant de se faire capturer.
Notre groupe ressort de forêt dans le milieu d’après-midi. La moiteur de l’air est accablante et aggravée par la trentaine de degrés Celsius affichée par le thermomètre. Notre groupe se sépare, heureux de cette belle journée de fin d’été et avec des images plein les yeux. La période de migration a tenu une nouvelle fois ses promesses en nous permettant de croiser la route de voyageurs au long cours. Nous reviendrons !
Liste des espèces
Oiseaux :
Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Héron pourpré, Héron garde-boeufs, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Spatule blanche, Cygne tuberculé, Oie cendrée, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard souchet, Buse variable, Balbuzard pêcheur, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Chevalier culblanc, Chevalier guignette, Bécassine des marais, Mouette mélanocéphale, Mouette rieuse, Sterne pierregarin, Pigeon ramier, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic noir, Pic épeiche, Pic mar, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Bouscarle de Cetti, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Gobemouche gris, Pipit des arbres, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux
Amphibiens et reptiles :
Grenouille verte, Lézard des murailles
Papillons de jour :
Piéride de la rave, Souci, Azuré commun, Tircis, Procris (Fadet commun), Myrtil, Paon du jour, Vulcain
Odonates :
Leste vert, Ischnure élégante, Aeschne bleue, Aeschne mixte, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin
Orthoptères :
Oedipode turquoise