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02 août 2022
Soirée à Garancières...

Une douce torpeur…

 

Dans les rues de Garancières où nous avons laissé nos véhicules, nous déambulons en direction des petits chemins herbeux qui nous emporteront au milieu d’une très belle campagne. Le ciel est bleu, résolument, avec à peine un léger voile sur le bord oriental du monde. Une nouvelle fois, le mercure est grimpé haut dans le thermomètre. A l’heure où nous nous mettons en marche la colonne peine à redescendre : 31 ou 32 degrés à l’ombre à 19h00 passées… Les gouttes de sueurs perlent déjà sur nos fronts.

Le long du fossé bordant le chemin quelques libellules minuscules se cachent dans la végétation. De tous petits bâtonnets bleus presque invisibles que nous ne décelons qu’après une recherche minutieuse : au moins deux Agrions de mercure sont découverts. Une espèce rare en Ile-de-France, classée « en danger » sur la liste rouge régionale. Un Vulcain, un très beau papillon aux ailes rouge et noir passe au vol à ce moment précis. Chaleur intense, Libellules de mercure et Dieu romain de la forge, le début de cette sortie se place résolument au cœur d’une fournaise qui promet de nous accompagner un bout de chemin encore…

Des Pigeons ramiers s’envolent des chaumes : ils sont venus glaner les grains perdus au cours des moissons récentes. Une Corneille noire croasse au loin, deux Pics verts se font entendre. Un lièvre détalle dans le blé coupé, interrompt sa course, se dresse et observe attentivement les alentours.

Le long d’un bosquet, nous détaillons quelques arbres et arbustes : un Peuplier noir, un magnifique frêne, des prunelliers aux jolies baies noires, une ribambelle de petits Ormes champêtres qui ne vieilliront sans doute jamais – ils sont infectés partout en Europe par la Graphiose de l’orme qui a décimé l’espèce.

Peu après 20h, nous profitons d’un carré d’ombre pour pique-niquer. Il est encore impossible de nous asseoir au soleil tant l’astre du jour reste généreux. Le début de la sortie – en plaine et sous les feux de la rampe – nous a quelque peu éprouvés. Nous goûtons la fraîcheur très relative que nous procure un petit bois. Salades et sandwiches sortent des sacs mais le groupe reste attentif à la nature qui nous entoure. Des groupes de Mouettes rieuses passent en nombre : plusieurs escadrilles espacées de quelques minutes. Les oiseaux volent en formations, dessinant un « V » dans le ciel bleu. Beaucoup de migrateurs volent ainsi pour économiser leurs forces : tout le travail est en effet mené par l’oiseau de tête qui coupe le vent à tous les autres. Régulièrement, le meneur épuisé cède sa place à l’individu immédiatement derrière lui et part se placer en queue de peloton. Un roulement très efficace qui permet de se ménager et donc, comme l’affirme le proverbe, de voyager loin. Ces mouettes se rendent dans les grandes plaines agricoles de Beauce, de Brie et du centre de la France pour profiter des labours de fin d’été. On assiste alors à un véritable ballet d’oiseaux blancs qui suivent les tracteurs pour capturer vers et larves sortis de terre par la herse ou le soc de la charrue.

Un Faucon crécerelle perché sur un poteau électrique se laisse admirer quelques minutes. Une bande de quelques centaines d’Etourneaux sansonnets posent et viennent eux aussi glaner ce que la moissonneuse a pu oublier ou révéler. Lorsqu’ils s’envolent, le groupe dessine des arabesques dansantes où chaque oiseau vire au même moment que les autres. Un spectacle dont on ne lasse pas… Presque hypnotique.

 

La nuit tombe lentement…

Marchant le long d’un champ de maïs à l’ombre des hautes tiges mesurant deux bons mètres de haut, le groupe s’est soudain astreint au silence. Et ce dans le but de surprendre un éventuel mammifère qui serait sorti du couvert végétal pour venir profiter des derniers rayons du soleil dans la parcelle déchaumée qui jouxte le maïs. Le résultat n’est nullement garanti mais le groupe y croit. Nous nous immobilisons discrètement au coin du champ, de manière à voir sans être vus. Les jumelles balayent le milieu ouvert qui s’ouvre devant nous. Un lièvre au loin mais rien de plus. Avançant encore d’un mètre, nous braquons cette fois les jumelles sur la lisière. Deux formes s’y tiennent : deux magnifiques renards assis sur leur derrière. Les animaux ne nous aperçoivent pas tout de suite, puis nous découvrent. L’un d’eux s’éloigne en trottinant et entre dans le maïs. Le second patiente et ne suit son compagnon qu’après nous avoir observés près d’une minute.

 

Un moment magique, extatique !

 

A 21h28, le soleil disparait sous l’horizon et s’en va abreuver l’Amérique de ses rayons. Quant à nous, nous soufflons un peu. La température baisse enfin de façon significative. Les couleurs au couchant sont splendides, faites de jaune, d’or et d’orangé. Les silhouettes noires des arbres et des fermes se découpent sur le ciel en feu. Un chevreuil apparaît alors, sort d’un bois et galope au petit trot dans la plaine moissonnée. L’animal est loin et pas une seule fois il se tourne vers nous. Il poursuit son bonhomme de chemin et disparaît dans un repli du terrain.

Le crépuscule s’étire et la nuit tombe lentement. A l’ouest, les couleurs s’estompent. Au nord-est, la lueur de l’agglomération parisienne envahi ce pan du ciel. Alors que la fraicheur se fait plus marquée, des étoiles s’allument les unes après les autres. Les trois belles d’été au zénith d’abord, puis la belle Antares, l’astre le plus brillant de la constellation du Scorpion. Le croissant de lune devient plus brillant. La lumière du soleil reflétée par la Terre frappe la surface de la Lune et jette une lueur grise sur la partie du satellite restée dans l’ombre. On appelle ce phénomène la « lumière cendrée » : visible à chaque lunaison, au début et à la fin lorsque le croissant est mince.

 

Vers 22h45, une lunette est mise sur pied pour observer la star de cette voûte céleste. A l’est, elle trône à quelques degrés au-dessus des arbres. Un grossissement de quarante fois suffit à apercevoir une boule vivement éclairée entourée d’épais anneaux : Saturne, à un peu plus d’un milliard de kilomètres de notre planète.

 

Le retour se fait à la lueur de la lampe électrique. Il est 23h30 lorsque nous bouclons la boucle pour revenir au cœur du village endormi de Garancières. Cette soirée empreinte de magie s’achève. Dans peu de temps nous serons demain et nouvelle journée débutera. Il sera alors temps de trier les photos et de nous rappeler les images contemplées ce soir. Merci à toutes et à tous d’être venus affronter la canicule du début de soirée et partager tous ces bons moments. Nous reviendrons.

 

Liste des espèces

Oiseaux :

Canard colvert, Buse variable, Faucon crécerelle, Caille des blés, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Chouette hulotte, Pic vert, Corneille noire, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Mésange à longue queue, Grimpereau des jardins, Pipit des arbres, Étourneau sansonnet, Linotte mélodieuse, Bruant jaune

Mammifères :

Chevreuil européen, Renard roux, Lièvre d’Europe

 

Amphibiens :

Grenouille verte

 

Papillons de jour :

Piéride de la rave, Vulcain, Robert le diable, Myrtil

Odonates :

Agrion de mercure

 

Orthoptères :

Grande Sauterelle verte, Grillon italien

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