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16 avril 2022
Matinée aux étangs
de Saint-Hubert
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Ciel bleu au-dessus de nos têtes…

Sur le parking devant les étangs de Saint-Hubert, la campagne nous environne de tous côtés. Un champ ras au sud-ouest dans lequel une culture encore inconnue sort tout juste de terre, un pré herbu au sud-est pâturé par des vaches charolaises et un grand bois de chênes barrant tout l’horizon nord. Plus loin, une parcelle de colza en fleur jette une touche de jaune au milieu de cette verdure qui renait après les longs mois d’hiver.

Au-dessus de nos têtes, rien que du bleu pour achever cette belle palette colorée. Un anticyclone nous protège depuis plusieurs jours des nuages atlantiques qui n’ont d’autre choix que de contourner notre pays ensoleillé. Ce matin, un magnifique concert se joue. Les oiseaux donnent tous de la voix sans compter. Les sons tombent des hautes branches ou nous parviennent des buissons bas : la mélopée du Rougegorge familier, les notes aigues de la Mésange bleue et de la Mésange charbonnière, la strophe du Pinson des arbres, la mélodie du Merle noir, le riche répertoire de la Grive musicienne, les variations de la Fauvette à tête noire… Et le récital incomparable du Rossignol philomèle. Discerner et isoler chaque voix est l’exercice difficile auquel nous allons consacrer une partie de la matinée.

Arrivés sur la digue entre deux étangs, nous nous installons pour admirer les lieux. Globalement orientée est-ouest, la chaîne des étangs de Saint-Hubert réserve des paysages baignés d’une très belle lumière. A l’est, le contrejour scintille de mille-feu. Le disque incandescent du soleil se reflète dans l’eau que pas un souffle d’air ne vient rider. Sur un piquet, la silhouette noire d’un Grand Cormoran se découpe sur l’eau étincelante. Les ailes ouvertes, l’oiseau sèche son plumage mouillé du bain qu’il vient de prendre. Car bien qu’il se nourrisse de poisson et doive pêcher pour se nourrir, le cormoran n’a pas un plumage imperméable. Un Héron cendré décolle de la roselière et s’éloigne d’un vol lourd. Deux Sternes pierregarins – sorte de petite mouette élancée – paradent. Monsieur offre un poisson à madame au milieu de cris aigus d’excitation. En l’acceptant, madame entame la saison de nidification avec ce partenaire. Vont-ils nicher sur ces étangs ? C’est loin d’être certain : les oiseaux tissent fréquemment ce genre de liens avant de parvenir sur le lieu de leur idylle. Les niveaux d’eau – très hauts – ne favorisent pas l’installation de cette espèce qui aime les îlots, les gravières, les bancs de sable émergés. 

De l’autre côté, vers le couchant, une magnifique lumière sature les couleurs. L’eau est bleutée. Les vieux roseaux de l’an dernier sont jaunes d’or. La forêt environnante présente un camaïeu complet du vert tendre presque jaune au vert soutenu. Un petit groupe de Canards souchets barbotent. De leur large bec en forme de spatule, ils cherchent leur nourriture à la surface de l’eau. Mais les oiseaux décollent à notre arrivée. Les activités cynégétiques que pratique l’être humain ont rendu les oiseaux farouches. Seuls les plus prudents survivent. Depuis les grands chênes au bord du plan d’eau, des notes connues de tous nous parviennent : « Coucou, coucou… » : les premiers Coucous gris sont arrivés durant la première semaine d’avril, ce qui est conforme aux années précédentes. Depuis, leurs chants s’entendent un peu partout en forêt de Rambouillet. Il est l’un des témoins privilégiés du retour du printemps.

 

Ballet de hérons blancs…

Dans la campagne environnante, des bovins au poil blanc paissent tranquillement l’herbe grasse. Autour, des hérons picorent çà et là. Ils sont au nombre de quatre : trois Hérons gardeboeufs et une Grande Aigrette. Arborant tous un plumage blanc comme neige, ils sont à l’unisson des ruminants. Les oiseaux trouvent dans l’herbe des vers, des insectes, des larves qui constituent leur déjeuner. Quelques minutes plus tard, un Héron gardeboeufs grimpe sur la croupe d’une vache d’un battement d’ailes et attrape adroitement les insectes qui harcèlent le mammifère – un exemple de coopération comme il y en a tant dans la nature. Dans la haie toute proche, un Bruant jaune et une Fauvette grisette chantent.

Après avoir comparé les silhouettes des arbres de plaines, de lisière et de forêt, puis être passé près du pavillon de chasse de Napoléon Ier, le groupe débouche sur une jetée en pierre qui enjambe les étangs. Sur le pont, des Bergeronnettes grises se laissent parfois approcher de près. Nous les observons longuement et dans d’excellentes conditions. La chaleur montant davantage à chaque instant, des papillons se dégourdissent les ailes. Après des mois de froid, l’apparition de ces insectes multicolores est chaque année une joie. Les Citrons aux ailes jaunes sont les plus communs. Viennent ensuite les Aurores : les mâles arborent de très belles ailes blanches à pointes oranges. Des Lézards des murailles lézardent comme il se doit au soleil sur les pierres.

Le retour se fait en sous-bois le long de la rive nord. Nous entendons là notre première Fauvette des jardins de l’année qui vient juste de rentrer d’Afrique où elle a passé la mauvaise saison. Un pic tambourine sur un arbre mort – le bois mort résonne mieux. L’oiseau fait ainsi savoir que ce territoire forestier est le sien et qu’il n’y tolère aucune intrusion. Dans une coupe couverte de jeunes bouleaux hauts de deux ou trois mètres, les Pouillots fitis chantent à tue-tête. Ces jeunes parcelles faites d’arbres bas en rangs serrés sont leur royaume. Un Pipit des arbres perché au sommet d’un grand chêne voisin s’élance pour un vol de parade : il monte en chandelle en chantant avant de retomber ailes ouvertes dans un mouvement de parachute pour se poser sur une branche basse avant de recommencer. Conquérir sa dame demande énergie et implication.

La sortie s’achève peu avant 13h00 avec un peu de retard sur l’horaire initialement prévu. Mais la matinée a été si agréable que nous ne l’avons pas vue passer. Merci à toutes et tous d’être venus partager ce moment très agréable de nature et à bientôt !

Liste des espèces

Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Héron garde-boeufs, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Canard souchet, Buse variable, Busard des roseaux, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Bécassine des marais, Mouette rieuse, Sterne pierregarin, Coucou gris, Pic épeiche, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Corneille noire, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rossignol philomèle, Rougequeue noir, Tarier pâtre, Merle noir, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Locustelle tachetée, Phragmite des joncs, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot fitis, Pouillot véloce, Roitelet à triple bandeau, Pipit farlouse, Pipit des arbres, Bergeronnette grise, Bergeronnette printanière, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Linotte mélodieuse, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux

Mammifères :

Ragondin

Reptiles :

Couleuvre helvétique, Lézard des murailles

Papillons de jour :

Aurore, Citron, Paon du jour, Robert-le-diable (C-blanc), Tircis

Coléoptères :

Méloé violet

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