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09 janvier 2021

Un froid de canards...

Brumes gelées au saut du lit…

Début de matinée franchement hivernal avec des tons pastels variant du blanchâtre au grisâtre. Blanchâtre en bas avec une épaisse couche de givre qui enrobe toute la végétation. Grisâtre en haut avec des bancs de nuages bas qui traversent la nature de part en part pour se transformer en brouillard léger happant l'essentiel de la lumière.

 

Et un froid glacial. Le thermomètre, le moral dans les chaussettes, a plongé en dessous de zéro. D'au moins cinq degrés. Les joues rosissent déjà. Le bout des doigts durcissent et s'engourdissent. Marchons ! L'activité physique nous réchauffera.

 

Dans les houppiers, des Grives mauvis crient – un long « psit » aigu, très sonore et reconnaissable entre mille. Un Verdier d'Europe passe au vol tandis que des petits groupes de Pigeons ramiers quittent le couvert de la forêt pour s'en aller glaner des gains dans les champs.

 

Parvenus au bord de l'étang, un royaume de glace s'étale sous nos yeux. Le gel a figé la nature, enrobé chaque fleur de roseau d'une gangue froide. L'eau n'est plus qu'un miroir immobile. Les canards sont loin, le long d'une rive où il reste de l'eau à l'état liquide. Une dizaine de Cygnes tuberculés barbotent, s'ébrouent, nagent avec langueur et majesté ou dorment la tête sous l'aile. Par leur activité, ils maintiennent ce pré carré hors du gel qui a pris tout le reste de la surface de l'étang.

 

Des Roitelets huppés volettent de branches en branches dans la haie d'aubépine à quelques mètres de nous seulement. Mais l'écheveau de branches rend leur observation difficile. Des Merles noirs cherchent eux aussi leur déjeuner. Car les oiseaux résistent au froid à condition de pouvoir se nourrir correctement et en suffisance. Avec les températures négatives des dernières nuits, leurs dépenses énergétiques s'envolent et ils doivent impérativement trouver de quoi reconstituer leurs réserves de graisses. Si la nourriture vient à manquer, ils devront partir. Migrer vers le sud ou vers la façade atlantique et trouver des conditions plus clémentes. Leur survie en dépend.

 

Nous poursuivons nous aussi notre périple. L'immobilité nous fige et ils nous faut bouger. Dans la plaine voisine, quelques dizaines de Grives litornes chassent au sol – des cris secs et saccadés (« tchac-tchac »). A la recherche d'un insecte, d'une araignée ou d'une limace égarés. Ou d'un ver enfoui dans le sol. Un petit groupe de Vanneaux huppés arrivent d'un vol papillonnant et posent non loin de là. Lorsqu'une biche sort du bois. D 'abord la tête puis l'avant du corps. Elle s'avance à découvert, nous laissant apercevoir un second animal à sa suite. En tout, ce sont quinze animaux qui apparaissent et s'éloignent au milieu de la plaine au petit trot. Un groupe d'humains en maraude les ont dérangé. Des biches et leurs jeunes nés au printemps.

 

Le soleil perce enfin !

 

Puis nous pénétrons en forêt. Les silhouettes sombres des grands chênes se découpent d'une manière presque fantomatique sur la parcelle forestière blanchie par le froid. Un Grimpereau des jardin signale sa présence sur notre droite. Des rondes de mésanges piaillent au-dessus de nos têtes. Des Mésanges bleues, des Mésanges charbonnières, des Mésanges nonnettes. Abondance de cris, de bavardages afin de garder le contact avec le reste du groupe. Aux branches basses des petits arbres du sous-bois (charmes et hêtres), des feuilles rousses et racornies pendent encore et se balancent mollement au moindre souffle d'air. Des troncs de chênes gisent à terre, coupés dans leur vie, interrompus par les dents d'une tronçonneuse ou celles d'une famille de castors. Chacun choisit son camp selon son degré de rêverie.

 

Le cri d'un Pic mar perce alors la forêt et attire notre regard vers les grosses branches un peu plus loin au-dessus du chemin. L'oiseau reste invisible.

 

Nous parvenons bientôt à une nouvelle digue. Un étang à gauche, un second à droite. Les pans de ciel bleu s'élargissent maintenant davantage à chaque instant. Des flots de lumière coulent jusqu'au sol et illuminent le givre. Un Rougegorge familier portant particulièrement bien son nom cherche sa nourriture au sol. Tout près. Nous avançons encore sans que le passereau ne s'en offusque ni ne s'en inquiète. Occupé à picorer, l'oiseau ne semble pas nous prêter attention. Et s'approche. S'approche encore. Jusqu'à un mètre à peine. Bien trop près pour nos appareils photos. Parfois, il retourne se poser sur une fine branche de la haie d'aubépine toute proche. La lumière douce qui filtre à travers le reste de nuages bas est splendide et met parfaitement en valeur cet oiseau gracieux et particulièrement photogénique.

 

Les oiseaux d'eau se cantonnent à une bande étroite d'eau libre le long de la rive nord de l'étang. Celle la plus exposée aux rayons du soleil. Des Canards souchets, des canards chipeaux et des Sarcelles d'hiver se rassemblent par dizaines. Le mâle de chipeau avec son plumage gris et son « cul » noir. Le mâle souchet avec son bec en forme de spatule et son large flanc blanc taché de marron. Le mâle de Sarcelle d'hiver avec sa ligne blanche sur l'aile et son « cul » jaune d'or. Les femelles sont ternes et bien plus difficiles à identifier. Un Martin-pêcheur vient se poser sur la branche basse d'un saule surplombant l'eau. Le bleu de sa tête et le orange de sa poitrine étincellent dans la vive lumière qui règne maintenant sans partage. Des Grandes Aigrettes – de grands hérons au plumage de neige – volent au-dessus des roselières, se posent parfois en évidence le long de la rive ou plongent dans la végétation.

 

En lisière, le soleil a vite fait de dégeler le sol. Le chemin dur comme le béton devient alors mou et très glissant. Nos pas se font plus courts et plus précautionneux afin de garder les pieds sur terre. Un Accenteur mouchet chante depuis un buisson touffu. Une petite bande de Tarins des aulnes passent au vol accompagnés de leurs babilles flûtés et volubiles. Dans la plaine, Vanneaux huppés et Pluviers dorés arpentent les blés d'hiver hauts de quelques centimètres. Un Tarier pâtre peu frileux nous regarde approcher depuis son perchoir – un piquet de clôture. L'espèce est très peu commune en cette saison. Rares sont les individus à tenter l'hivernage sous nos cieux. La plupart de ses congénères ont quitté nos contrées au début de novembre pour se réfugier un peu plus au sud ou le long d'un littoral plus doux.

 

La sortie s'achève peu après midi. Le ciel uniformément bleu promet une après-midi fort agréable. L'année 2021 débute bien avec une première sortie magnifiée par l'astre du jour et le gel, avec de belles images en tête. Merci au petit groupe – règles sanitaires oblige – d'être venu initier cette nouvelle année. A bientôt si la pandémie le permet !

 

Liste des espèces

Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard chipeau, Canard souchet, Buse variable, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Pluvier doré, Goéland leucophée, Mouette rieuse, Pigeon biset domestique, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Grive litorne, Grive mauvis, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux

 

Mammifères :

Cerf élaphe

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