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08 octobre 2020

Rencontre avec le maître…

Soirée immobile…

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A 18h30 lorsque nous nous retrouvons à notre point de rendez-vous, la nature semble figée. Pas un souffle de vent pour venir perturber les frondaisons. Les branches semblent de cire. Les feuilles pendent à leurs branches, jaunissent lentement et attendent de tomber pour venir s'amasser au sol et constituer une nouvelle année de litière. Même les légers nuages qui masquent le bleu du ciel ont cesser de défiler. Il nous faut nous concentrer pour déceler leur mouvement – un flux lent en direction du nord-est.

 

Quelques oiseaux babillent. Plusieurs Rougegorges familiers assurent le fond sonore : des cris secs et métalliques dans presque chaque buisson. Et quelques chants épars – le rougegorge chante fréquemment, même hors de sa période de nidification.

 

Nous nous mettons en route. Le chemin sableux est constellé de traces. Les pieds des animaux ont profondément marqué le sol meuble. Un cerf est passé là. Accompagné de quelques biches. Et ici un gros sanglier dont la trace – caractéristique – comporte deux ergots en arrière du sabot. Le coin est fréquenté !

 

Le rire sonore du Pic vert retentit sur notre gauche. Des mésanges volettent de branches en branches à la recherche de leur dîner – chenilles, petites araignées, petits insectes. Des Mésanges bleues pour la majorité mais nous percevons également la voix d'une Mésange nonnette.

 

Quand le brame d'un cerf troue tout à coup la quiétude du sous-bois.

 

Un raire sans suite malheureusement. Un raire isolé qui ne lance pas le bal comme au mois de septembre lorsque le rut bat son plein. Nous sommes à la fin de la saison et l'activité des cerfs baisse de jour en jour.

 

Mais il est tôt et le soleil n'est pas encore tombé sous l'horizon.

 

Parvenus à la clairière, nous découvrons plusieurs animaux paissant en toute tranquillité. Des biches avec leur faon de l'année. Faons qui ont bien grandi. Ils ne sont plus tachés de blanc comme ils l'étaient au printemps. Ils arborent maintenant une belle robe rousse, très proche de celle de leurs mères. Les animaux nous ont aperçu mais ne se formalisent pas de notre intrusion. Ils gardent un comportement serein et un œil sur nous.

 

Un brame.

 

Un brame provenant du centre de la clairière. Nous cherchons aussitôt le cerf et le découvrons bientôt. D'abord masqué par un groupe d'arbres, il s'avance bientôt et sort tout à fait à découvert. C'est le grand cerf qui a combattu jeudi dernier (le 01er octobre) pour remporter aisément la place de brame. Nous ne l'avions vu qu'à la tombée de la nuit et sommes heureux ce soir de l'admirer en plein jour. Et force est de constater que le guide – moi – s'est un peu emballé dans le précédent compte-rendu. L'animal, bien que superbe, est moins puissant que ce nous avions estimé la semaine dernière. Plus jeune aussi. Sans doute autour de neuf ou dix ans. Ses bois sont également moins fournis. Il ne porte pas dix-huit comme nous l'espérions. Ni même seize comme nous le pensions. Mais quatorze. Un très beau quatorze aux bois sombres à pointes blanches. Les empaumures ne sont en réalité que des fourches.

 

Le maître des lieux...

 

Le cerf est splendide. Grand, puissant. Il nous dévisage un temps puis se lasse et reprend son activité. Reluque les filles. Fait un pas dans leur direction. Mais les biches n'ont pas l'esprit à la bagatelle et gardent leurs distances. Sans doute n'y a t-il aucune femelle en chaleur ce soir. En vieux brisquard blasé, « notre » cerf se couche. Et se prépare à une soirée pantouflarde.

 

Les appareils photos crépitent. L'animal, très photogénique, se laisse contempler. De profil, de face, de trois quart... Une star rompue aux caméras.

 

La lumière baisse très rapidement. La nuit se referme et le brame débute réellement. « Notre » cerf s'échauffe et nous fait entendre sa belle voix. Rauque, forte lorsqu'il chante dans notre direction. Nous l'écoutons un bon quart d'heure avant de reprendre notre marche. Nous longeons un talus de bruyère et arrivons au sommet du plateau. En bas, « notre » quatorze poursuit sa parade. Au-dessus de nous, le ciel se pique d'étoiles. Véga de la Lyre, Altaïr de l'Aigle et Déneb du Cygne brillent par intermittence, apparaissant et disparaissant au gré des voiles de nuages qui poursuivent leur route vers l'orient. L'étoile polaire indique toujours le nord nous évitant ainsi de le perdre.

 

Ainsi montés en altitude – relative – d'autres cerfs se font entendre. Deux brament devant nous à faible distance (deux bonnes centaines de mètres tout de même). Des voix différentes que celle de « notre » quatorze. Plus graves. A un moment, les deux animaux cessent de se défier pour se taire. L'un d'eux alarme. Des cris brefs, poussés avec vigueur. Comme un aboiement. Il a perçu un danger et prévient le reste de sa harde. Nous nous rendons compte alors que le vent a tourné et qu'il emporte nos odeurs droit sur la place de brame. Nous sommes loin mais le cerf a un odorat très aiguisé. Est-ce vraiment notre présence qui a ainsi inquiété l'animal ? Peut-être. Mais rien n'est sûr. Au bout de quelques minutes, le calme revient et le brame reprend. Les trois grands mâles du secteur se répondent. Les deux sur le plateau et le « notre » en contre-bas.

 

Le retour aux véhicules se fait sous un ciel étoilé. Des pans de nuages nous masquent une partie de la voûte mais nous laissent toutefois en admiration pour ces mondes si lointains. Dans notre banlieue, la planète Mars se lève à l'est (oui, comme le soleil). Elle se hisse au-dessus de la forêt et nous apparaît orangée et très brillante. Un peu plus loin, Jupiter joue avec la brume. Nous distinguons bien le disque aux jumelles, mais n'apercevons qu'un seul des quatre satellites galiléens. Saturne brille faiblement et nous ne disposons pas ce soir des outils indispensables à son observation. Quant à la fameuse et fabuleuse galaxie d'Andromède, nous ne faisons que l'entrevoir, noyée dans les lueurs rougeâtres de l'agglomération parisienne qui pollue le ciel dans un rayon de plus cent kilomètres.

 

Et c'est la fin de la sortie. La boucle est bouclée lorsque nous regagnons nos véhicules. Le brame décline et promet de cesser sous peu. Mais nous avons eu la chance de vivre une belle soirée avec l'observation d'un magnifique cerf avant que la lumière ne baisse. Et d'entendre trois belles voix se défier et se mêler dans un concert à la nuit tombée. Atmosphère magique et envoûtante de la forêt lorsque l'ombre nous prive de nos yeux. A vivre ou à revivre !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Pigeon ramier, Chouette hulotte, Pic vert, Corneille noire, Mésange bleue, Mésange nonnette, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Pouillot véloce, Bergeronnette des ruisseaux, Verdier d'Europe, Pinson des arbres

 

Mammifères :

Cerf élaphe

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20201008-Vallée de Grés-MAM-Cerf élaphe
20201008-Vallée de Grés-MAM-Cerf élaphe
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