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24 octobre 2020

L'automne et ses couleurs...

Un ciel de plomb…

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Le ciel bleu de la veille ne perdure plus que dans nos souvenirs empreints de nostalgie. Le vent humide soufflant du sud-ouest charrie des nuages gris à la pelle. Le ciel bas défile à toute allure au-dessus de nos têtes en laissant échapper un petit crachin breton. Le long de l'allée bordée d'arbres que nous suivons pour rejoindre la forêt, Eole nous fouette le visage.

 

La lisière est rapidement atteinte. En sous-bois, l'air est plus immobile. La marche nous réchauffe. Dans le taillis dense sur notre droite, des Rougegorges familiers piaillent. Les uns crient, d'autres chantent comme si le printemps était à notre porte. Le rougegorge fait partie des espèces qui chantent tout au long de l'année alors que la plupart des oiseaux réservent leurs vocalises mélodieuses pour la saison des amours.

 

Sur notre gauche, une vaste parcelle dans laquelle ne subsiste que quelques grands chênes, laissés là pour leurs glands et leur pouvoir de régénérer une nouvelle parcelle forestière. Un jeune taillis inextricable naît sous nos yeux. Bientôt, les bûcherons viendront récolter ces arbres adultes et laisseront les petits vivre leur cycle. Deux Sittelles torchepots jacassent dans les houppiers. Cherchent leur nourriture mais restent en contact l'une avec l'autre : « Je suis là », « Et moi ici ; tout va bien, rien à signaler ».

 

Le Chêne Géneau, premier arbre classé de notre parcours, trône au centre d'une parcelle. Invisible du chemin, il n'est pas aisé à découvrir et nécessite de progresser en hors-piste sur quelques hectomètres. Puis sa masse invraisemblable sort de l'imbroglio de branches qui le masquaient jusque-là. Un houppier colossale. Un tronc de 5,5 mètres de circonférence – allez, qui me calcule son diamètre ?

 

La bruine a cessé mais le fond de l'air reste bien frais. Vivifiant diront certains. Nous aimerions un rayon de soleil sur ces belles couleurs qu'arborent déjà la plupart des arbres. Ce n'est pas encore la période « rouge et or » que nous connaîtrons durant la première quinzaine du mois de novembre mais nous n'en sommes plus loin. Du jaune, du roux, du brun émaillent déjà le paysage dans lequel le vert domine encore.

 

Mais plus pour longtemps.

 

Ce matin le gris délave la forêt. Une atmosphère légèrement brumeuse, ternie d'humidité. Les hêtres sont les seuls à tirer leur épingle du jeu. Car le hêtre a un pouvoir merveilleux : celui de luire, de resplendir en l'absence de soleil. Le charme, le chêne, le bouleau... bien que parés d'automne semblent s'ennuyer dans leurs atours de fête. Des teintes mates – un peu fades – ne les placent pas sur le devant de la scène. Alors que le hêtre... On le croirait éclairé par un projecteur invisible. Mis en valeur par un éclairage discret venant le sublimer tel une toile de prix dans une galerie d'art. Ses feuilles vernissées et ruisselantes d'eau brillent de couleurs saturées. A tel point que tous les hêtres attirent nos regards. Et nos objectifs. Les obturateurs crépitent mais les photographes ne se bercent guère d'illusion. Des photos sans lumière, sans ce petit rayon qui vient dessiner nos sujets, échoueront à retranscrire la beauté de cette forêt. Car la lumière crée la photo et transforme le banal en sublime. Dans l'obscurité, rien ne distingue un Vermeer d'une croûte.

 

L'heure suivante ne voit pas de changement. Les nuées roulent au-dessus de nos têtes et des oiseaux migrateurs passent à tire d'ailes, nez au vent. Des Pipits farlouses, des Alouettes des champs, des Tarins des aulnes, des Grives mauvis, des Grives musiciennes... Certains d'entre eux resteront dans la région jusqu'à la fin de l'hiver tandis que d'autres poursuivront leur périple sur quelques centaines de kilomètres encore. Puis le soleil apparaît. Oh, pas un soleil franc s'installant en maître dans un azur limpide. Non ! Plutôt un rayon discret parvenant on ne sait comment à se frayer un chemin à travers l'épaisse couche de crasse. Une lueur improbable qui disparaît avant qu'on ait eu le temps de seulement l'admirer.

 

Champignons ?

 

Les champignons poussent par dizaines. L'humidité de ces dernières semaines a favorisé leurs pousses. Beaucoup de chercheurs arpentent le sous-bois un bâton à la main, un panier d'osier au creux du coude. Notre petit groupe n'échappe pas à l'appel du ventre. L'entrain gagne et nous nous baissons sur des cèpes magnifiques qui jalonnent le chemin. Les Amanites tue-mouche foisonnent. Elles sont très toxiques et nous nous contentons de nous remplir les yeux et de les photographier.

 

Peu avant le déjeuner, nous croisons la route d'un Titan. Un chêne immense – un colosse qui n'a pas le pied d'argile : solidement ancré dans le sol forestier, l'arbre se hisse haut au-dessus des gringalets qui l'entourent. Un roi vénéré par une cour à genoux. C'est aussi le royaume des couleurs et des contrastes. Le grand chêne demeure vert alors que la forêt environnante multiplie les teintes chaudes : de l'ocre, de l'or, du brun, du rouge... Chênes rouges d'Amérique, Hêtres fayards et Fougères aigles flamboient.

 

Un plaisir des yeux.

 

Le pique-nique se déroule sous l'averse. Les nuages happent la lumière. N'en font qu'une bouchée. Peu de rayons parviennent au sol tandis que les gouttes pleuvent. Nous nous abritons sous un arbre encore bien touffu. La pluie ne nous atteint pas. Mais le fond de l'air est frais et notre immobilité a un petit quelque-chose de glaçant...

 

L'après-midi ressemble beaucoup à la matinée. Le vent qui souffle toujours agite les branches et asperge le promeneur de la pluie sur les feuilles. Les champignons abondent. Partout. Des amanites, des coprins, des coulemelles... Et bien d'autres que nous n'identifions pas. La récolte de cèpes de poursuit. Les beaux arbres se succèdent. Des Chênes pédonculés et des Chênes sessiles aux écorces profondément veinées. Des Hêtres parfaitement lisses et plus grisâtres. Des Charmes aux troncs noueux, musculeux. Mais aussi des Alisiers tominaux, des Bouleaux... Les touches de couleurs se multiplient.

 

Les pics abondent dans de si belles futaies. Et s'il n'est pas toujours aisé de les apercevoir grimpant le long d'un tronc ou tambourinant sur une branche, nos oreilles les détectent fréquemment. Le cri sec et métallique du Pic épeiche. Le cri un peu plus humide du Pic mar ou encore le rire éclatant du Pic vert. Les diversités animale et végétale sont ici encore importantes.

 

Sifflement du Grosbec casse-noyaux. Un très bel oiseau qu'il est rare de contempler car celui-ci passe le plus clair de son temps au sommet des plus grands arbres. A l'automne, des oiseaux nordiques viennent de rejoindre les oiseaux locaux et vont se mêler à eux durant tout l'hiver. Leurs cris flûtés se répandent alors partout au-dessus de la forêt. L'hiver est une période propice à son observation : les arbres dénudés ne les masquent plus.

 

Le doyen de la forêt – le Chêne Baudet qui aurait dépassé les 500 ans selon les estimations – se cache derrière un grillage posé par l'ONF. L'arbre, en fin de vie, est jugé fragile et potentiellement dangereux pour le badaud déambulant sous ses frondaisons. Le port du masque n'est pas obligatoire, mais le promeneur est maintenu à distance.

 

La sortie s'achève après les berges multicolores d'un bel étang forestier. Un Geai des chênes nous salue de sa voix rauque. A bientôt. Nous reviendrons prochainement pour suivre l'avancée de l'automne et la progression des couleurs. Merci à tous d'avoir bravé la météo maussade. Et bonne poêlée de champignons !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Buse variable, Pigeon ramier, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Roitelet huppé, Pipit farlouse, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Pinson des arbres

 

Papillons de jour :

Vulcain

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