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26 septembre 2020

Entre brame et tempête...

Eole se déchaîne…

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Comme il l'a fait durant toute cette journée, Eole continue de souffler sur la région. Les houppiers malmenés bruissent. Les branches craquent mais en ont vu d'autres. L'air est saturé de vent. Les sons de la forêt sont en partie couverts et la soirée s'annonce agitée.

 

Le ciel bleu qui a résisté toute la journée cède du terrain et se charge de nuages pas vraiment engageants. Conformément aux prévisions météo, le temps change. Il nous en faut davantage pour renoncer. Bien malin est celui qui peut prédire l'avenir et savoir ce que cette soirée de brame nous réserve.

 

Depuis les branches basses, des Rougegorges chantent. Une longue mélopée empreinte de la nostalgie des beaux jours auxquels nous tournons résolument le dos. Une Sittelle torchepot, elle, arpente les grosses branches des grands chênes. Ses ongles puissants lui permettent d'en faire le tour la tête en bas comme s'il lui était permis de s'affranchir de la pesanteur.

 

Rire éclatant du Pic vert sur notre gauche alors que nous débutons notre marche à la rencontre des cervidés de ce petit coin de forêt. A plusieurs reprises, lors de notre progression, il nous parvient des bruits rauques, fortement assourdis par le vent. Des cerfs brament-ils ou est ce notre subconscient qui perçoit ce qu'il souhaite entendre ? Diificile à dire...

 

Parvenus au bord d'une clairière, nous apercevons plusieurs animaux sortis à découvert. Au moins trois ou quatre biches et le cerf : le maître des lieux plastronne au milieu de ses dames. Mais nous sommes samedi soir et d'autres passionnés sont déjà là pour observer les animaux. Le dérangement semble tout à fait relatif car nous ne notons aucune alerte dans le comportement des cervidés. Mais une voiture arrive rapidement tout phares allumés. Si nous faisons l'effort de venir à pieds (pour nous imprégner de l'atmosphère de la forêt à la tombée de la nuit autant que pour limiter notre impact sur les animaux), d'autres viennent au plus près avec leurs véhicules. Lumières, bruits de portes... Les animaux regagnent lentement la lisière et entrent dans le couvert du sous-bois. Sans crainte particulière, mais non sans une pointe de lassitude. Car les animaux sont habitués et dans leur grande intelligence ont bien compris que ces humains venus simplement les écouter ne présentent aucun danger.

 

La voix de son maître…

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Nous patientons un peu et choisissons de pique-niquer en attendant que les cervidés ressortent. Entre les hors-d'oeuvre et le plat de résistance, un autre cerf brame sur notre droite. Fort : sans doute à faible distance mais bien à l'abri de la forêt. Nous ne le verrons pas. Mais nous prenons plaisir à l'écouter quelques minutes.

 

Nous reprenons notre périple, les cerfs ayant choisi de rester dans l'ombre. Le chemin monte en pente douce entre deux talus de bruyère. Le sol est encore humide des pluies de la veille. Avec un « tsip » aigu, une Grive musicienne s'envole sur notre passage. Trois ou quatre Corneilles noires coassent. Le vent a un peu faibli mais poursuit son boulot de sape à nos oreilles assourdies. Des raires isolés et lointains nous parviennent à plusieurs reprises. Mais est-ce à cause du vent, nous n'entendons pour le moment aucun brame soutenu. Nous patientons.

 

Parvenu au sommet de la pente, un cerf troue subitement le silence tempétueux. Il est sans doute à moins de deux cents mètres et le vent apporte son chant droit sur nous. Le cerf s'excite et brame à plusieurs reprises. Proche. Sa voix rauque, puissante couvre le ballet des branches qui ondulent et s'entrechoquent. Le manège dure une dizaine de minutes puis s'interrompt. Monsieur a terminé sa parade et rend à la forêt sa quiétude.

 

La fraîcheur gagne du terrain. Immobiles, nous nous refroidissons même si les températures chutent moins que ce que l'après-midi nous laissait craindre. La couche nuageuse qui s'épaissit joue son rôle d'effet de serre (sans jeu de mot) et maintient une relative douceur. Nous ne tardons pas à faire demi-tour. Quelques gouttes de pluie s'invitent à la fête et viennent malheureusement confirmer le pessimisme de Météo France au sujet de la nuit.

 

Le retour se fait dans l'obscurité. La lune – qui est entre le premier quartier et la pleine lune – reste invisible, happée par les nébulosités qui masquent tout à fait le ciel. Une petite bruine tombe, irrégulière. Le brame s'est tu mais nous percevons à deux ou trois reprises des mouvements en sous-bois. Et avant de retrouver nos véhicules, une dizaines de biches sont aperçues. Observation mutuelle l'espace de trois ou quatre minutes. Des Vers-luisants – sur le dos – ponctuent la nuit de petites lumières verdâtres.

 

Vers 22h00, la boucle est bouclée. Une soirée au cour de laquelle nous avons aperçu pas mal d'animaux, entendu plusieurs cerfs bramer alors que le temps ne s'y prêtait pourtant pas. Nous nous réjouissons d'avoir tenté notre chance contre vents et marées et d'avoir eu autant de chance. Merci à toutes et à tous d'être venus.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Pic vert, Corneille noire, Mésange bleue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Grive musicienne, Pinson des arbres

 

Mammifères :

Cerf élaphe

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