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26 septembre 2020

Migration d'automne aux

étangs de Saint-Hubert...

La sécheresse laisse des traces…

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Lumière violente à l'est. Le soleil s'est hissé au-dessus des arbres et inonde l'étang de ses rayons aveuglants. Une main devant les yeux, nous tentons d'apercevoir les oiseaux dans le blanc étincelant de l'eau. Deux Cygnes tuberculés au fond à droite, une Aigrette garzette au centre et une Grande Aigrette le long de la roselière en rive nord – sur notre gauche.

 

Le blanc est à l'honneur !

 

Le groupe est emmitouflé comme en hiver. Le changement de température – pour le moins brutal – a fait succéder en l'espace de trois jours un automne froid à la torpeur estivale. Il neige déjà en montagne à une altitude pas si élevée que ça. La forêt de Rambouillet est balayée par un vent glacé déboulant avec force du nord-ouest. Chargé d'humidité. La nature qui a cruellement besoin d'eau se montre soulagée de voir l'été bouté hors de France.

 

Le niveau d'eau des étangs, très bas, laisse de nombreuses vasières à sec le long des rives. Un Râle d'eau en profite pour venir picorer le sol exondé. Un coup de bec ici. Un autre là. A la recherche d'un ver, d'un mollusque ou de graines et de racines. Un Martin-pêcheur passe au vol : éclair bleu électrique rasant la surface de l'eau. A peine le temps de l'apercevoir qu'il a déjà disparu derrière la courbure d'une berge.

 

En plein soleil, il fait presque chaud ! Mais sur l'étang en face, de l'autre côté de la haie qui nous abrite de la colère d'Eole, la donne change radicalement. A l'ombre et cheveux au vent, la température chute. Et pas qu'un peu. Les cols se relèvent jusque sous le nez. Des bonnets s'enfoncent jusqu'à recouvrir les oreilles. Les yeux pleurent et le froid pénètre les couches textiles.

 

Ce deuxième étang présente des vasières encore plus larges. L'anse sur notre droite est presque à sec. Quelques centimètres d'eau subsistent encore. Des canards barbotent : un petit groupe de Sarcelles d'hiver se nourrissent à la surface de l'eau. Une dizaine de Hérons cendrés attendent qu'un poisson imprudent s'aventure dans ce secteur pour le capturer sans peine. Trois ou quatre Grandes Aigrettes et deux Aigrettes garzettes sont là également et pour la même raison. Sur la berge, des limicoles – échassiers qui se nourrissent en picorant la vase – fouillent le limon à la recherche d'un crustacé ou d'un ver. Un Chevalier aboyeur est aperçu d'abord, reconnaissable à sa silhouette très élancée, son long bec légèrement retroussé et à ses longues pattes verdâtres.

 

Mais c'est autre oiseau qui attire tout à coup notre attention. Un autre limicole, beaucoup plus robuste. Bec court et fort. Au plumage blanc maculé d'argent. Un très rare Pluvier argenté. Espèce migrant en nombre sur le littoral mais ne pénétrant que rarement aussi loin à l'intérieur des terres. Le Pluvier argenté est vu une à deux fois par décennie sur les étangs de Saint-Hubert. Et les trois quart des données sont faites lors de la migration de printemps. Cet oiseau constitue donc un événement. Il est bien évident que malgré la vigilance des ornithologues locaux, beaucoup d'oiseaux passent sans être aperçus et que cette moyenne est sans doute sous évaluée. Cette année est toutefois particulière. Car en raison de l'extrême sécheresse, les niveaux d'eau très bas permettent à ces limicoles de se poser et de stationner quelques jours. Ce qui augmente la probabilité de les voir. Lors d'une année normale, un Pluvier argenté qui viendrait à s'égarer jusqu'ici ne trouverait que de l'eau trop profonde pour lui et poursuivrait son chemin vers des sites plus favorables.

 

Nous savourons notre chance d'aujourd'hui.

 

Il nous faut bouger…

 

Mais le froid nous glace rapidement et nous nous arrachons à ce spectacle pour reprendre notre marche et dégeler le sang figé dans nos artères. Nous longeons la forêt par sa lisière sud. A l'abri du vent et au soleil (M'exposer un peu plus ; Au soleil...)

 

Les feuilles jaunissent déjà. Chênes, charmes, ormes... entrent dans l'automne. Tout là-haut, les houppiers sont malmenés par le vent qui ne faiblit pas. Le murmure est permanent et couvre en partie les cris des oiseaux qui volettent de branches en branches. Nous observons des Pouillots véloces, des Sittelles torchepots, des Mésanges bleues. Ici le cri grinçant d'un Geai des chênes. Plus loin le rire sonore du Pic vert.

 

Après être passés saluer le premier empereur des français dans son pavillon de chasse, notre groupe atteint une nouvelle digue et retrouve la brise qui tempête. L'étang oriental est toujours inondé de contre-jour et peu propice aux observations. Un Grand Cormoran, une Grande Aigrette, un Chevalier guignette au vol au ras de l'eau... Les observations nous font plisser les yeux et nous nous retournons côté ouest pour permettre à notre bonne étoile de nous réchauffer le dos.

 

Dans la lumière, de nombreux points blancs sont allumés sur ou au bord de l'eau. Une Grande Aigrette, une Aigrette garzette, deux Cygnes tuberculés puis huit nouvelles Grandes Aigrettes et une dernière garzette. Un beau rassemblement qui marque le début de l'hivernage. Les aigrettes viennent en effet passer la mauvaise saison « chez nous » et s'observent parfois en nombre d'août à avril principalement.

 

Nous rentrons en longeant l'étang par sa face nord. Point de névé ni de congère en cette saison. Notre progression est aisée en suivant l'étroit sentier en sous-bois. Un Pic épeiche lâche un « Pit » métallique du haut d'un arbre. Troglodytes mignons et Pouillots véloces crient à nos oreilles : les premiers depuis le sol et les seconds en vadrouille dans les branches hautes. Un Bouvreuil pivoine navigue dans la végétation dense et basse d'une parcelle couverte de très jeunes arbres. Le bouvreuil aime en effet le fouillis végétal, la végétation serrée et arbustive. Bois jeunes – privilégiant les essences feuillues –, les haies, le bocage... Une très belle espèce qui n'est pas toujours aisée à apercevoir et dont on note le plus souvent à l'oreille les petits cris flûtés.

 

De retour à notre point de départ, une quinzaine d'hirondelles volent au ras de l'eau. Elles doivent avoir bien de mal à capturer des insectes par cette houle. En halte pour quelques heures, elles font le plein d'énergie avant de poursuivre leur longue route vers l'Afrique. Il y a là des Hirondelles de fenêtre – majoritaires – reconnaissables à leur croupion blanc et des Hirondelles rustiques et leur gorge acajou.

 

Mais il est temps d'aller nous mettre à l'abri et de recouvrer un peu de chaleur. Les sorties nature d'automne sont lancées. Nous allons ranger nos tenues d'été pour ressortir grosses vestes, écharpes, gants et bonnets. La nouvelle saison ne fait que commencer... Merci à toutes et à tous d'être venus !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard souchet, Épervier d'Europe, Buse variable, Busard Saint-Martin, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Pluvier argenté, Chevalier aboyeur, Chevalier guignette, Bécassine des marais, Mouette rieuse, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Pouillot véloce, Pipit farlouse, Pipit spioncelle, Bergeronnette grise, Étourneau sansonnet, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune

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