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20 juin 2020

L'été est là !

Le printemps a vécu...

 

L'été est là. A cause d'un 29 février qui s'est intercalé cette année entre le 28 et le premier jour de mars, le solstice pointe le bout de son nez le 20 au lieu du traditionnel 21 (mais le 14 juillet ne sera pas avancé au 13 et Noël tombera bien le 25 décembre...) Et le ciel est bleu. La saison débute sous un soleil radieux, prometteur pour cette sortie en forêt au départ du très beau village de Montfort-l'Amaury.

 

L'allée qui rejoint le sous-bois est bordées de chênes, de frênes, de trembles au encore d'aubépines. Une belle allée arborée comme nos anciens avaient le bon sens de les aménager. Car cette verdure que l'homme moderne coupe à tour de bras pour empêcher les platanes de traverser la route de façon imprévisible et de causer de graves accidents fournit de l'ombre au voyageur. Agréable lorsque le soleil darde ses rayons au plus fort de la canicule. La lisière est franchie pour une journée complète en sous-bois.

 

Dès les premiers mètres, des papillons viennent virevolter autour de nous. Au moins deux dizaines, réchauffés par le soleil généreux et déjà chaud. Des Tristans – petits papillons de couleur chocolat –, des Myrtils, deux Nacrés de la ronce et quantité de Mélitées des mélampyres. Une des mélitée a d'ailleurs un phénotype aberrant : le papillon ne ressemble que vaguement à ses congénères et pourrait aisément être pris pour une autre espèce – inconnue. Mais sur le plan « probabilité » et même si nous n'avons aucune certitude quand à son identification, nous rangeons ce magnifique spécimen dans la case « Mélitée des mélampyres ».

 

Le premier arbre classé à croiser notre route est le Chêne Géneau. Un vénérable ancêtre de 5,50 mètres de circonférence (1,75 mètres de diamètre en divisant par Pi) à l'ombre duquel poussent de frêles gringalets. L'arbre est au milieu d'une parcelle et est peu visible du chemin. En hiver, lorsque les arbres sont réduit à l'état de squelette dénudé, sa masse impressionnante sort du lot et attire le regard. Mais à cette saison... Une marée verte, luxuriante le masque complètement et il nous faut tourner autour, trouver une trouée pour pleinement appréhender son volume et admirer son port majestueux.

 

Photo !

 

Mais le ciel se charge déjà. Des nuages piquent le bleu azur qui régnait jusque là sans partage. La lumière disparaît peu à peu. Puis revient par intervalles irréguliers au gré des trouées nuageuses. Des taches de lumière en mouvement ponctuent le sol. Les papillons très sensibles à la lumière volent et posent tour à tour. Beaucoup se laissent longuement admirer : de très nombreuses Mélitées des mélampyres (pourtant une espèce rare au niveau francilien), des Piérides de la rave, de la moutarde et du chou, des Petits sylvains, des Paons du jour et même deux ou trois Demi-deuil dans les graminées que cette espèces affectionne. « Demi-deuil » car ses ailes sont couvertes d'un damier noir et blanc. Il aurait pu se nommer Demi-noce mais son découvreur ne devait pas avoir la tête à la fête lorsqu'il lui a choisi son nom.

 

Le plus bel arbre de notre parcours est atteint peu avant la pause déjeuner. Le Chêne de l'Ascension trône au centre d'un parterre de courtisans qui se tiennent respectueusement en arc de cercle autour de lui. Au centre, le monarque – l'Arbre monde – en impose. Comme un palais juché sur une butte, toisant les mortels respectueux installés à son pied. Un fût de 5,55 mètres de diamètre qui explose en une frénésie de branches toutes plus épaisses les unes que les autres. Une véritable cathédrale végétale sur laquelle vivent et se nourrissent quantités d'animaux – qu'ils soient oiseaux ou insectes.

 

Des papillons en abondance...

 

Mais il est l'heure de déballer sandwiches, salades et casse-croûte en tout genre. Nous nous installons au bord d'un très bel étang forestier. Retour du soleil qui nous inonde de ses rayons et fait de ce pique-nique le premier de la saison estivale. Au-dessus de l'eau, des libellules gorgées de photons zigzaguent à vive allure et rayent parfois la surface. Cordulies bronzées, Cordulies métalliques, Anax napolitain...

 

L'après-midi est lourde. Même si la chaleur n'a rien de torride, l'atmosphère est moite. Les papillons volent tout au long de notre périple. Des libellules sont également observées, en pleine forêt, loin de l'eau – ce qui est très fréquent. Des Orthétrums réticulés et notre premier Sympétrum sanguin de l'année 2020. Ces insectes sont très difficiles à observer au vol. Capables d'accélérations foudroyantes et de changements de direction tout à fait acrobatiques, les suivre des yeux n'est pas toujours aisé. Quant à les cadrer dans l'oculaire d'un appareil photo... Aussi, nous préférons attendre de les voir se poser pour ensuite les approcher avec précaution et les admirer immobiles sur une branche basse, une herbe ou la tige d'un buisson.

 

Une collation est prise au centre d'un vaste carrefour sur une table de pierre. La table du roi est là depuis plus de deux cents ans et est l'un des nombreux vestiges de l'Ancien Régime que compte la région. Bâtie pour Louis XVI qui venait chasser en ces lieux, elle est aujourd'hui la troisième du nom après avoir été saccagée à deux reprises au cours de l'histoire. Des Lézards vivipares se dorent au soleil. Confiants, ils se laissent observer sans peur. Beaucoup de papillons encore butinent les nombreuses fleurs de cette petite clairière très ensoleillée. Un Pic mar fait entendre son cri, une Fauvette des jardins chante abondamment depuis un roncier dans lequel elle demeure dissimulée et le Pouillot véloce égraine son célèbre « Psip-psap » si caractéristique.

 

C'est alors que de la pâte d'amande sort d'un sac sans crier gare. Réalisation artisanale et parfumée à la fleur d'orangée, elle recharge de la plus belle manière les batteries de quelques-uns d'entre nous. Une pure merveille ! (Non, ce n'est pas de la gourmandise... C'est juste pour goûter).

 

La sortie se poursuit en sous-bois à l'ombre d'un soleil très présent. Un grand hêtre se présente. Royal avec un tronc droit et large. Nous tentons d'en mesurer la hauteur à l'aide des quelques souvenirs que nous possédons du théorème de Thalès. Deux morceaux de bois de longueurs équivalentes. Un triangle et deux droites parallèles pour aboutir à une relation de proportionnalité. Facile sur le papier. Mais avec un recul pas toujours suffisant en forêt pour bien voir la cime de l'arbre, la réalité du terrain se révèle plus ardue à mettre en œuvre. De façon très approximative, nous l'estimons haut de 32 à 34 mètres. Ce qui est vraisemblable car cet arbre avait été mesuré à 30 mètres environ durant la première décennie de ce siècle.

 

Le Chêne Baudet, lui, est en danger de disparaître dans un avenir proche. Certes, le temps des arbres n'est pas celui des hommes et « proche » ne signifie sans doute pas qu'il périra dans l'année. L'ONF en a toutefois interdit l'accès en 2008 en l'isolant du public par un engrillagement. Sorti de terre à la fin du quinzième siècle, il a vu défiler une partie de l'Histoire de France depuis le retour de François Ier de sa campagne d'Italie en passant par les Lumières du dix-huitième. En espérant le voir encore longtemps debout.

 

La sortie s'achève après les nénuphars rouges d'un étang forestier. Des fleurs de toute beauté qu'on dirait tout droit sorties d'une estampe japonaise. Dernières photos avant de retrouver les véhicules après un peu plus de seize kilomètres de marche. La belle balade s'achève sur cette note colorée. Une belle journée avec de nombreux papillons, de belles images en tête et nous l'espérons dans la boite photographique. Nous reviendrons à l'automne lorsque le sous-bois s'illuminera de mille teintes.

 

Liste des espèces

 

Oiseaux :

Faisan de Colchide, Pigeon ramier, Martinet noir, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Grive musicienne, Hypolaïs polyglotte, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot fitis, Pouillot véloce, Pouillot siffleur, Roitelet huppé, Roitelet à triple bandeau, Gobemouche gris, Accenteur mouchet, Étourneau sansonnet, Pinson des arbres

 

Papillons de jour :

Hespérie de la houque, Sylvaine, Piéride de la moutarde, Piéride de la rave, Piéride du chou, Azuré des nerpruns, Tircis, Procris (Fadet commun), Tristan, Myrtil, Demi-deuil, Tabac d'Espagne, Nacré de la ronce, Petit Sylvain, Paon du jour, Petite Tortue, Robert-le-diable (C-blanc), Mélitée des mélampyres

 

Papillons de nuit :

Moro-Sphinx

 

Libellules :

Pennipatte bleuâtre, Portecoupe holarctique, Ischnure élégante, Nymphe au corps de feu, Anax empereur, Anax napolitain, Cordulie bronzée, Chlorocordulie métallique, Libellule déprimée, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin

 

Reptiles et Amphibiens :

Lézard vivipare, Crapaud commun, Grenouille verte

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