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21 mai 2020

Autour des étangs 

de Saint-Hubert...

On nous promet de la chaleur...

 

Le ciel est légèrement voilé ce matin. Il est toutefois évident que la chaleur – tapie en embuscade – ne va pas tarder à nous tomber dessus de tout son poids. Non : laissez les vestes, elles ne nous manqueront pas aujourd'hui. La météo est formelle, nous n'en aurons pas besoin.

 

La température est douce pour le moment et nous savourons cette matinée qui n'a rien à envier à celle d'une journée de juillet. Pas un souffle d'air pour troubler l'air ni agiter les branches des arbres. Les oiseaux profitent eux aussi des premières heures pour vaquer à leurs occupations. Les mâles chantent à la cantonade pour bien marquer les limites de leurs territoires. Pour certaines espèces, les femelles sont encore au nid à couver leurs œufs, tandis que pour d'autres, les oisillons réclament à manger avec insistance, les obligeant à voler en tous sens à la recherche de nourriture.

 

Dans les buissons, les fauvettes nous offrent un concert presque cacophonique. Pas facile d'isoler un chanteur et rejeter les autres oiseaux au second plan. Au contraire, toutes les voix semblent se mélanger et les reconnaître demande un peu d’entraînement. La Fauvette des jardins d'abord avec son long chant monocorde. La Fauvette grisette ensuite avec son chant court et grinçant. Puis la Fauvette à tête noire et sa voix pleine qui achève sa strophe par une envolée lyrique haute en couleur. Le Rossignol philomèle enfin : lui n'éprouve aucune difficulté à se faire entendre. Sa voix puissante et merveilleuse s'impose dès les premières notes. Surclasse celle des autres. Pas surprenant que son nom soit passé dans le langage courant et désigne un virtuose.

 

Les buissons cache un autre trésor. Un passereau de belle taille, plus gros qu'un moineau : poitrine et ventre rosés, dos roux, calotte grise avec un masque noir sur l'oeil : un mâle de Pie-grièche écorcheur. L'oiseau est assez farouche et ne se laisse pas approcher. L'observation est belle bien que lointaine : une grande première pour beaucoup !

 

La température monte rapidement. Dès 10h, papillons et libellules gorgées de soleil débutent leur vol. Un Azuré commun pour le clan des lépidoptères et une Libellule déprimée pour les odonates. Déprimée ne signifie évidemment pas que cette libellule consomme des antidépresseurs plus que de raison. Un autre sens existe, synonyme d'affaissement, d'affaiblissement. Car notre insecte déprimé à l'abdomen nettement aplati, plus large qu'épais. Comme affaissé sur lui-même.

 

Notre chemin suit la lisière. Le bois à main gauche, la plaine agricole à main droite. A leur jonction, le chemin herbeux longe un rideau d'arbres qui le recouvre en divers endroits tel un plafond végétal. Avides de lumière, les arbres envoient en effet leurs branches collecter les photons côté plaine. Côté forêt – côté ombre –, les branches sont petites et peu nombreuses, voire inexistantes donnant aux arbres une silhouette asymétrique typique des arbres de lisière.

 

En sous-bois, notre groupe atteint un monument en pierre construit pour Napoléon. Un pavillon cubique aux dimensions réduites que les deux derniers siècles ont malmené. Joséphine aurait aimé y voir un bon appart', mais ce n'était là qu'une halte de chasse utilisée par l'empereur lorsqu'il venait taquiner la Galinette cendrée (dont le Bouchonnois est aujourd'hui le bastion). Un bâtiment délaissé dès la Restauration et déjà en ruine à la moitié du XIXe siècle.

 

Emportés par la foule...

 

Nous ne sommes pas seuls en forêt. Le grand beau temps et la limite des cent kilomètres autorisés autour de nos domiciles ont amené beaucoup de monde en forêt de Rambouillet. De nombreux chemins sont déjà fréquentés par des promeneurs – tout aussi légitimes que nous, mais cette foule très inhabituelle (surtout après deux mois de confinement) ôte à la forêt sa quiétude. Les oiseaux bien moins confiants s'envolent rapidement. Les mammifères sont sans doute couchés au cœur du sous-bois, hors d'atteinte. C'est dans cette ambiance foisonnante que nous arrivons à notre lieu de pique-nique. Nous parvenons à trouver un coin d'ombre qui n'est pas encore recouvert d'une nappe à carreaux, qui n'a pas encore son petit panier en osier à proximité. Les pique-niqueurs sont nombreux. Les oiseaux ont déserté, hormis un Grèbe huppé et un Cygne tuberculé qui nagent sur l'eau de l'étang. Les libellules sont par contre très nombreuses. La chaleur maintenant forte et le soleil très franc a conduit tous les insectes dehors. Des Cordulies bronzées patrouillent inlassablement à nos pieds. Ne posant presque jamais, elles surveillent leur territoire quelques dizaines de centimètres au-dessus de l'eau. Des Libellules fauves surveillent elles aussi leur domaine, mais depuis un poste d'observation fixe, juchées en général au sommet d'une branche basse. Un bel Anax empereur – une des plus grandes libellules de France – croise également notre chemin. Et une foule de demoiselles – de petites libellules de 6 à 8 cm de long : Naïades aux yeux rouges, Agrions jouvencelles, Ischnures élégantes... La liste s'allonge tandis que nous dents mordent sandwiches et autres salades.

 

Durant l'après-midi, il est décidé d'adapter l'itinéraire aux conditions du jour. Nous éloigner un peu des étangs victimes du tourisme de masse et pénétrer plus profondément en forêt. Beaucoup de promeneurs ne s'éloignent guère des parkings et de leurs abords immédiats. Nous éloigner d'un ou deux kilomètres suffit à laisser derrière nous la majorité d'entre eux. Non pas que nous soyons marginaux, mais une sortie nature est bien plus agréable dans le calme : pour nous immerger dans une solitude relative et apaisante.

 

Le parcours s'en trouve allongé de quatre ou cinq kilomètres. Une paille pour des randonneurs de notre niveau. Nos jambes sont solides et notre groupe reste soudé : personne n'est à la peine. La température devient difficile. Première grosse chaleur du printemps arrivée sans coup férir. Nos organismes n'y sont plus habitués. Trente degrés à l'ombre, cinq ou six de mieux au soleil : les parties ombragées nous manquent lorsque nous traversons des parcelles de forêt jeune sans couvert végétal pour protéger le sentier. Une aubaine pour les papillons et les libellules dont le métabolisme dépend de la température. Un Sphinx gazé butine une fleur l'espace d'une seconde et s'éloigne rapidement. Une frustration que de n'avoir pu admirer plus longuement ce magnifique papillon. Un Flambé passe au vol, tandis que des Citrons, des Piérides et des Tircis plus coopératifs posent fréquemment sur les fleurs et dans les graminées.

 

La fin de la balade arrive dans les effluves de chèvrefeuille. De nombreuses fleurs s'épanouissent le long de notre parcours. La chaleur fait suinter leur parfum capiteux qui embaume. Les véhicules sont finalement rejoints à 17h00 après une marche de 17 km. Les jambes sont un peu lourdes, en partie coupées par la chaleur des trois dernières heures. Et par la longue inactivité qui a quelque peu rogné dans nos masses musculaires. Une journée riche en observations, en découvertes et pour plusieurs d'entre nous, un retour bien venu à la nature.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Faucon hobereau, Faucon crécerelle, Faisan de Colchide, Foulque macroule, Mouette rieuse, Sterne pierregarin, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Coucou gris, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Loriot d'Europe, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rossignol philomèle, Rougequeue noir, Tarier pâtre, Merle noir, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Rousserolle effarvatte, Hypolaïs polyglotte, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot fitis, Pouillot véloce, Pouillot siffleur, Roitelet huppé, Gobemouche gris, Accenteur mouchet, Pipit des arbres, Bergeronnette grise, Pie-grièche écorcheur, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Pinson des arbres, Bruant jaune

 

Amphibiens et reptiles :

Grenouille verte, Triton palmé, Lézard des murailles, Couleuvre à collier

 

Papillons de jour :

Flambé, Piéride de la moutarde, Piéride de la rave, Citron, Azuré commun, Tircis, Procris (Fadet commun)

 

Papillons de nuit :

Sphinx gazé, Panthère

 

Odonates :

Pennipatte bleuâtre, Agrion jouvencelle, Naïade aux yeux rouges, Ischnure élégante, Anax empereur, Cordulie bronzée, Libellule déprimée, Libellule fauve, Orthétrum réticulé

 

Orthoptères :

Grillon champêtre

 

Coléoptères :

Silphe à quatre points

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