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24 mai 2020

Gazeran :

entre plaine et forêt...

La plaine...

 

Ce matin, Le soleil est bleu et le ciel rayonne. Une belle journée s'annonce pour cette sortie dans le sud du massif forestier de Rambouillet. La matinée est consacrée à la plaine, aux boqueteaux et petits bois satellites de la forêt – la « banlieue ». Dans ce milieu très ouvert, le vent frais vient nous caresser les joues. Il n'est pas très chaud, mais les températures devraient rapidement grimper.

 

A la sortie de Gazeran – notre point de départ – les oiseaux se montrent très actifs. Tous chantent à tue-tête pour célébrer cette nouvelle journée qui débute. Le Pouillot véloce et son désormais célèbre « Psip-Psap, Psip-Psap... ». La voix mélodieuse de la Fauvette à tête noire, celle plus rauque de la Fauvette des jardins. Le concert de la Grive musicienne, l'un des répertoires les plus riches qu'on puisse entendre dans nos contrées. Le chant fluet du Roitelet à triple bandeau. Les cris grinçants du Geai des chênes. Le staccato du Bruant zizi qui lui a valu son nom (vous pensiez que cela avait un rapport avec... Non, non !) Alors que nous admirons un couple de Bondrées apivores paradant sur fond d'azur, une dame chevreuil sort des hautes herbes devant nous. En quelques bonds gracieux, elle atteint l'orée des buissons mais n'y pénètre pas immédiatement. L'animal s'arrête et se retourne dans notre direction. L'observation est mutuelle, tous surpris de trouver l'autre là : « Si près des maisons ? » « Et vous ? Vous ressortez déjà ? » Après une minute de regards muets, l'animal entre à couvert et nous passons notre chemin.

 

Parvenus aux parcelles agricoles, nous constatons une baisse drastique de la biodiversité. Plus de fleur. A peine quelques coquelicots résiduels dans le coin d'un champ oublié par le pulvérisateur. Que la culture elle-même. Ici du colza, là du blé. Vastes surfaces ne contenant plus qu'une seule espèce... Les déserts ne sont pas ceux que l'on croit. Côté « oiseaux », l'Alouette des champs s'adapte bien à ces espaces où l'herbe n'est qu'un vague souvenir. Plusieurs chantent à une trentaine de mètres au-dessus du sol, en vol stationnaire. Pluie de notes ne devant jamais cesser.

 

Mais nous ne sommes pas en Beauce ! Ici, ces parcelles agricoles aseptisées forment une mosaïque avec haies, bois et prairies. La biodiversité trouve de nombreux refuges (pour le moment, du moins). Au niveau des haies, des bas côtés herbus non traités, des zones boisées, la flore et la faune s'épanouissent encore. Comme si nous évoluions sur un damier : noir puis blanc en alternance – tout ou rien. Puis à nouveau noir. L'effet du clignotant.

 

Au niveau de l'un des bois, accompagné d'une belle haie d'arbres et de prés non fauchés, notre groupe reste près d'une heure tant les découvertes s’enchaînent. Une Sylvaine tout d'abord, un très beau papillon orangé que nous observons pour le première fois cette année (c'est une espèce qu'on observe principalement entre juin et août). La première libellule de la journée passe au vol et se pose sur la tige d'une orge : A contre-jour, ses ailes transparentes miroitent. Les deux taches noires visibles à la base de ses ailes postérieures nous indiquent une Libellule fauve. Les Papillons de nuit – qui ne sont pas tous nocturnes – entrent dans l'arène eux-aussi. Un Hibou (c'est aussi le nom d'un papillon) se laisse admirer – mais ne sera identifié qu'à notre retour après consultation de la littérature spécialisée. Quelques Brocatelles d'or volettent mollement d'une feuille à l'autre. Plusieurs Pipits des arbres chantent tout autour de nous. Ces oiseaux s'envolent de leur perchoir, montent en chandelle et redescendent en vol plané, comme munis d'un parachute. Tout cela en chantant. Mais c'est un coléoptère qui remporte nos suffrages : un Petit Capricorne aux antennes démesurés est découvert dans les hautes herbes.

 

La forêt...

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Le déjeuner s'organise à la mi-journée non loin d'une mare de lisière. Les estomacs creusés par la marche du matin réclament pitance et breuvage. Nous ne pouvons les faire attendre plus longtemps sans risquer un piquet de grève affectant à leur tour nos jambes et notre concentration. Déballer sandwiches, salades, charcuteries. Les naturalistes rompus à la randonnées prennent aussi plaisir à manger. Une Bergeronnette des ruisseaux déambule sur le bord vaseux, tout près de l'eau. Entre deux bouchées, les photographes reprennent en main le matériel pour immortaliser un Tircis complaisant, un Silphe à quatre points avant que ce dernier ne mette les voiles ou un autre Pipit des arbres décidément commun dans ce secteur.

 

L'après-midi est forestière. La température grimpant, l'ombre des grands chênes est la bienvenue. Dans une parcelle un tintamarre se fait entendre. Cris d'une syllabe répétés inlassablement. Aigus, métalliques, comment si un graveur sur pierre cognait sur un burin à un rythme de deux coups à la seconde. Les cris se rapprochent. A moins que ce soit notre groupe qui nous déplaçons dans leur direction. Devant, devant, toujours devant. De plus en plus fort. Puis tout à coup sur notre gauche. Les cris proviennent de l'arbre qui s'élève à côté de nous, au bord du chemin. Pas des branches. Du tronc. De l'intérieur même de l'arbre – un chêne. Nous remarquons alors un orifice circulaire à trois mètres de hauteur et d'environ 4 ou 5 centimètres de diamètre. Les cris proviennent de ce trou. Un bec apparaît à la « porte » alors que le son augmente brutalement. Il s'agit d'un jeune Pic épeiche appelant ses parents partis chercher son déjeuner. Comme pour tous les mômes, l'heure du goûter est sacrée et la patience n'est pas sa première qualité. Nous repartons rapidement pour ne pas déranger le nourrissage de ces jeunes affamés – les parents nous surveillent probablement, attendant qu'on s'éloigne pour venir au nid (un nid bâti durant le confinement et qui se retrouve maintenant très près du chemin et susceptible d'être fréquemment dérangé).

 

Le chemin du retour longe une belle mare aux formes complexes. Vaguement circulaire avec une presqu'île en son milieu qui la coupe en deux parties. La chaleur de l'après-midi motive les grenouilles à pousser la chansonnette. Des « crôa » par-ci. Des « crôa » par-là. Deux magnifiques Cordulies bronzées se poursuivent en un ballet aérien. Deux matadors en concurrence ou monsieur et madame jouant à un autre jeu ? Ils disparaissent rapidement dans la végétation et emportent leur histoire avec eux. Alors que nous reprenons notre périple, une Foulque macroule traverse à la nage une zone dépourvue de végétation avec au moins trois de ses poussins. Visiblement nerveux, l'adulte – mâle et femelle ne sont pas discernables –, éloigne ses chères têtes blondes et tous disparaissent dans un bouquet de saules.

 

La sortie s'achève avec la forêt. Nous quittons le sous-bois non sans avoir très régulièrement entendu des « crôa » – poussés par des batraciens d'une espèce très particulière supportant l'absence d'eau. Dix-huit kilomètres au compteur à travers des milieux variés, peuplés d'une faune et d'une flore tout aussi riche. Encore une belle balade !

 

« Crôa »...

 

Liste des espèces

 

Oiseaux :

Canard colvert, Bondrée apivore, Épervier d'Europe, Buse variable, Faucon crécerelle, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Pigeon ramier, Tourterelle des bois, Coucou gris, Martinet noir, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Corneille noire, Choucas des tours, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Rougequeue à front blanc, Merle noir, Grive musicienne, Grive draine, Hypolaïs polyglotte, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot véloce, Pouillot siffleur, Roitelet huppé, Roitelet à triple bandeau, Gobemouche gris, Pipit des arbres, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Serin cini, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant zizi

 

Mammifères :

Chevreuil européen

 

Amphibiens et reptiles :

Grenouille verte

 

Papillons de jour :

Hespérie échiquier, Sylvaine, Piéride de la rave, Piéride du navet, Piéride du chou, Citron, Tircis, Mégère (Satyre), Procris (Fadet commun), Petit Sylvain, Vulcain

 

Papillons de nuit :

Brocatelle d'or, Divisée, Lunaire, Hibou, Zygène turquoise (Adscita sp.), Tordeuse verte du chêne

 

Odonates :

Caloptéryx éclatant, Caloptéryx vierge, Agrion jouvencelle, Ischnure élégante, Nymphe au corps de feu, Anax empereur, Cordulie bronzée, Libellule déprimée, Libellule fauve, Orthétrum réticulé

 

Orthoptères :

Grillon champêtre

 

Coléoptères :

Petit Capricorne, Coccinelle à sept points, Silphe à quatre points

 

Hyménoptères :

Frelon européen, Xylocope sp.

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