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15 mars 2020

Un véritable

air de printemps...

Le soleil : enfin !

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Qu’il est agréable d’apercevoir enfin le soleil. Certes, le ciel est encore bien chargé de nuages, mais des flots de lumière coulent du ciel avec abondance. Le contre-jour dessine chaque tronc, chaque branche et les enrobe d’une aura éblouissante. En forêt, les rayons obliques dessinent des rais blanchâtres semblables aux gloires divines peintes par de nombreux artistes. Toute la nature est subitement saturée de couleurs. Une véritable renaissance après les mornes journées grises durant lesquelles l’astre du jour est resté en service minimum.

 

A notre arrivée, les oiseaux chantent partout. Comme si chaque arbre avait son soliste désireux de surpasser ses voisins en virtuosité. Rougegorges familiers, Pinsons des arbres, Accenteurs mouchets, Troglodytes mignons, Grives musiciennes, Mésanges bleues, Mésanges charbonnières, Sittelles torchepots… Tous mêlent leur voix dans une symphonie printanière. Le premier exercice est d’isoler chaque chanteur. De se concentrer sur un seul et de confiner – vocable à la mode – les autres au second plan, parmi l’orchestre. Ceci demande de l’entrainement. Rien en effet ne remplace l’expérience. C’est d’ailleurs la consolation de ceux dont les tempes se nacrent de blanc. Une fois seul sur scène, l’oiseau est écouté attentivement. Son chant analysé. Le plus simple et le plus caractéristique est certainement celui du Pouillot véloce. Une strophe bisyllabique répétée à l’envi. « Tsip-Tsap Tsip-Tsap Tsip-Tsap Tsip-Tsap ». Une ritournelle qui lui a valu le surnom de compteur d’écus (oui, Claire, c’est bien « écus »). On imagine sans peine Arpagon empilant à la lueur d’une bougie ses précieux deniers sur une table de bois. « Tsip-Tsap Tsip-Tsap…»

 

Les autres chanteurs que nous apprenons sont les plus communs. Ceux que l’on rencontre partout, en forêt, dans les parcs ou les jardins et que l’on peut écouter chaque jour où qu’on soit – ou presque. La mélopée flûtée du Rougegorge familier. La strophe vive et enjouée du Pinson des arbres. Celle plus mécanique de la Mésange charbonnière. La voix rauque de la Corneille noire.

 

Le niveau des étangs est haut. De nombreux arbres riverains prennent un bain de pied. Les berges sont recouvertes d’une eau peu profonde et se transforment en zone d’accueil particulièrement attractives pour bon nombre d’échassiers qui vont migrer jusqu’au début de mai. Des Hérons cendrés et une Grande Aigrette pêchent le long d’une ligne de roseaux. Un couple de Canards souchets, effrayés par notre arrivée, s’envolent sans chercher à déterminer si nous représentons ou non un danger pour leur vie. L’être humain est connu pour être un prédateur redoutable et le reste du règne animal garde ses distances.

 

Le chant puissant de la Bouscarle de Cetti explose brutalement dans la haie d’aubépine à quelques mètres de nous. Nous faisant presque sursauter. Malheureusement, l’oiseau – comme à son habitude – reste profondément à couvert de la végétation dense. L’espèce est difficile à voir. Sur l’eau, des Foulques macroules au plumage noir surmonté d’un bec blanc, défendent âprement leur territoire. Les propriétaires poursuivent vivement les intrus et les raccompagnent à la limite de leur domaine. Des Canards colverts se nourrissent près des rives tandis qu’un mâle de Sarcelle d’hiver traverse le chenal de façon un peu nonchalante. Le rire du Grèbe castagneux se fait entendre sur notre gauche. C’est le plus petit des cinq espèces de grèbes que compte l’Europe. La plus grande – le Grèbe huppé – hérisse sa collerette rousse et blanche pour attirer madame. Au moins deux couples nagent sur les eaux éblouissantes de lumière. Sur des piquets de bois plantés au milieu de l’eau, des Grands Cormorans au plumage noir de jais étalent leurs ailes aux caresses du soleil. Ils sont comme des vêtements sur une corde à linge : ils sèchent. En effet, le cormoran qui se nourrit de poisson passe du temps à plonger sous la surface de l’eau pour capturer ses proies. Pourtant, son plumage n’est pas imperméable… Il se trouve ainsi rapidement trempé jusqu’aux os et doit, une fois son déjeuner englouti, se changer et enfiler un vêtement sec.

 

Plus moyen de nous y tromper. Ce n’est plus simplement les prémisses du printemps dont nous sommes les témoins privilégiés. Mais bien le printemps lui-même. La température monte à la faveur du soleil. Sur le bord du chemin, des fleurs de Coucou jettent des tâches jaunes dans l’herbe. Primevères, Violettes, Ficaires, Anémones des bois sont elles aussi au sommet de leur beauté. Alors que les plus grands arbres restent encore dans leur panoplie hivernale, le sous-bois commence quant à lui à se parer de petites feuilles vert tendre. Les chèvrefeuilles sont bien débourrés depuis déjà trois bonnes semaines. Les aubépines sortent également feuilles et fleurs. Les Troènes, les Fusains d’Europe et les premiers petits charmes se colorent à leur tour de chlorophylle.

 

La température monte…

 

Peu avant midi, au soleil et à l’abri du vent froid qui continue de souffler du sud-est, notre premier papillon montre le bout de ses ailes. Un beau papillon jaune citron qui lui a valu son nom : un Citron ! L’insecte vole à tire d’ailes. Un vol nerveux, saccadé. Avec de brusques changements de direction. Le Citron finit par se poser et nous permet ainsi de prendre quelques photos. Egalement posée dans les herbes au bord du chemin, notre première libellule de l’année. Un insecte de six ou sept centimètres de long, à l’abdomen très fin et pratiquement invisible même avec le nez dessus : un Leste brun, aussi appelé Brunette hivernale car l’espèce tolère des températures assez basses lui permettant de voler tôt et tard en saison. Dans l’heure qui suit, et avant notre pique-nique, nous croisons une dizaine d’autres citrons. Un réveil en fanfare  du printemps qui sème généreusement ses atouts colorés.

 

Puis c’est la pause déjeuner.

 

Au centre d’un vaste carrefour où se réunissent huit chemins forestiers, trône une table de pierre ceinturée de quatre bancs. De pierre également. La table du roi, bâtie pour Louis XVI en 1788, servait de lieu de débotté au monarque ainsi qu’à sa cour rapprochée. Descendre du carrosse décoré de fleurs de lys, enfiler ses bottes, suivre la chasse à courre et remettre ses escarpins une fois les dernières agapes avalées avant de rejoindre Marie-Antoinette dans son château doré.

 

Notre groupe s’installe. Les sacs se vident. Sandwiches, salades diverses, fruits secs, quiches… Randonneurs et naturalistes aiment aussi les plaisirs du ventre. Dans les grands chênes environnants, les Sittelles torchepots chantent. Le Pic épeiche s’installe lui aussi dans le quartier. Le mâle a déjà dû creuser plusieurs loges – cavités creusées dans un tronc ou une branche – que madame va visiter consciencieusement. Elle va en choisir une et y pondre ses œufs. Comme dit l’adage, l’homme propose, la femme dispose. Plusieurs citrons tournent autour du carrefour. Un autre papillon apparaît bientôt : un Paon du jour – papillon commun mais sans doute l’un des plus beaux.

 

Si la matinée a été douce – à l’abri du vent du moins –, l’après-midi elle, est chaude. Le mercure frôle sans doute les vingt degrés. Nos parkas d’hiver nous tiennent chaud. Trop chaud. Si les oiseaux sont moins actifs – ce qui est normal l’après-midi – les insectes eux sont dans leur élément. Ils sont en effet (accrochez-vous) poïkilothermes et ectothermes. Le premier terme barbare signifie que leur température corporelle varie avec celle du milieu (avec la température ambiante) et le second que leur chaleur corporelle provient du milieu extérieur. Les insectes sont donc des animaux à sang froid dont l’organisme se réchauffe sous l’effet du soleil. Le matin, leur organisme est froid et les contraint à rester posés à l’abri de la végétation. Au fur et à mesure que la température extérieure grimpe, les papillons se réchauffent. Leur métabolisme s’accélère : ils prennent leur envol. Ainsi, aux nombreux citrons, se mêlent à nouveau des Paons du jour. Mais aussi un Robert-le-Diable (un papillon orange et brun), un Vulcain ainsi qu’une Grande Tortue que nous découvrons posée sur le tronc d’un arbre remarquable. Oui, annoncer une tortue en levant doigt vers le ciel ne manque jamais de faire sensation. C’est pourtant le nom de deux papillons (la grande et naturellement la petite) appelés ainsi en raison de leurs écailles « couleur de tortue »… Oui, il existe des tortues d’à peu près toutes les couleurs et il est possible que les scientifiques ayant nommé les premiers ces insectes n’aient pas été des modèles de sobriété. Passons !

 

Un arbre remarquable donc ? Après une courte progression en hors-piste au cœur d’une parcelle forestière, nous débouchons effectivement au pied d’un arbre imposant. Un chêne d’un peu moins de cinq mètres de circonférence confinant (encore) les autres arbres alentour au rang de gringalets. Un tronc épais et droit comme un « I » portant des branches puissantes.

 

Peu après, le groupe retrouve le village des Bréviaires où les voitures patientent sagement. Une fort belle balade avec une météo exceptionnelle qui incitait à la flânerie au grand air. Une belle liste d’oiseaux et cinq espèces de papillons : ce qui était inespéré ce matin et que nous devons au franc soleil qui a régné en maître tout au long de la journée.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard souchet, Buse variable, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Chevalier culblanc, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Chouette hulotte, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Alouette des champs, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Tarier pâtre, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Roitelet huppé, Roitelet à triple bandeau, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Linotte mélodieuse, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux

 

Papillons de jour :

Citron, Grande Tortue, Paon du jour, Vulcain, Robert-le-diable (C-blanc)

 

Odonates :

Brunette hivernale

 

Lézards et amphibiens :

Lézard vivipare, Grenouille verte, Grenouille agile

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