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01 février 2020

Aux étangs de

Saint-Hubert...

Un bel après-midi d’hiver…

Soleil généreux se dissimulant parfois derrière ce qu’on appelle des nuages de beau temps – ces amas cotonneux qui ponctuent de blanc le ciel bleu mais qui ne présentent aucun danger pour les activités en extérieur. La lumière est partout. Une lumière oblique d’hiver lorsque l’astre du jour reste bas sur l’horizon toute la journée. Une lumière jaune qui sature la campagne de tons chauds. Une lumière qu’on devrait pouvoir mettre en boite en prévision des mornes journées grises durant lesquelles un brouillard poisseux lèche le sol du matin jusqu’au soir.

 

Notre petit groupe, bien décidé à profiter de l’aubaine, s’avance sur la digue séparant deux étangs. L’eau est agitée par ce vent qui a délayé la couche de crasse matinale. Qui nous a rapporté le soleil. Le Grèbe castagneux chante : un rire enjoué qui égaie les lieux de février à mai. Deux magnifiques Grandes Aigrettes passent au vol au-dessus du chemin. Plumage blanc immaculé. Bec orange. Pattes noires. Et une grâce inouïe. Les deux oiseaux – de la taille d’un Héron cendré – franchissent l’espace dégagé au-dessus de nos têtes et glissent majestueusement vers l’étang de droite.

 

Chant explosif de la Bouscarle de Cetti. Très sonore. Impossible à confondre.

 

Sur l’eau, une famille de Cygne tuberculés lymphatiques plonge lentement le cou sous l’eau à la recherche des herbes aquatiques dont elle se nourrit. Deux jeunes – dans l’adolescence – dorment la tête sous l’aile. Dans la vive lumière du début d’après-midi, leur plumage semble luire.

 

Les touffes de roseaux bousculées par Eole ne favorisent pas l’observation des passereaux paludicoles. Difficile d’imaginer un Bruant des roseaux se hissant le long d’une tige pour aller se repaître des graines trouvées dans l’épis. Quelques cris sifflés les trahissent pourtant. Les oiseaux sont bien là. Dans la végétation, près du sol. A couvert – invisibles.

 

Tout à coup, une flèche bleue zèbre la surface de l’eau. Des cris aigus accompagnent l’apparition. Un Martin-pêcheur d’Europe passe près de nous en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et s’éloigne à tire-d’aile pour disparaître derrière un bosquet de saules. Nous le reverrons probablement.

 

En lisière de forêt, après nous être écartés des étangs de quelques centaines de mètres, le vent nous débusque. Modéré mais frais, nous obligeant à remonter jusqu’en haut les fermetures de nous blousons. Au ras du nez. Les passereaux se montrent discrets à cette heure de la journée. Un Troglodyte mignon troue le silence du sous-bois. Un « tic » métallique révèle la présence d’un Rougegorge familier. Contrairement à beaucoup d’autres, ces deux espèces sont actives tout au long de la journée.

 

Comme un air de printemps…

 

Notre chemin tourne sur la gauche, pénètre en forêt et s’ouvre sur un curieux bâtiment cubique dont la splendeur s’étiole depuis deux siècles. Le Pavillon de l’Empereur – le premier – bâti en 1808 servait au grand homme d’antre de chasse. Pour se restaurer. Y passer une nuit. Mais dès la Restauration, le bâtiment est délaissé et tombe en ruine dès la moitié du XIXe siècle. 

 

Une seconde digue nous fournit un peu plus loin un nouveau point de vue sur les étangs. Là encore, la lumière est maîtresse des lieux. Souligne les tiges des roseaux. Les branches des grands chênes qui se découpent à contrejour sur le ciel. Quelques Grèbes huppés sillonnent la surface de l’eau et plongent sous le miroir à la recherche d’un poisson. Plusieurs arborent déjà un magnifique plumage nuptial très coloré. Encore un signe que le printemps biologique est en avance sur le printemps officiel que l’administration humaine a choisi de faire débuter le jour du solstice. N’aurait-il pas été plus juste de placer solstices et équinoxes au cœur des saisons et non à leur naissance ? Les oiseaux ne se basent que sur des notions millénaires – la longueur du jour et de la nuit, la température, l’attractivité du milieu, les ressources alimentaires… Quelques grèbes paradent. Chez les Foulques macroules, les conflits territoriaux contribuent déjà à dessiner la carte des futurs territoires.

 

Une nouvelle aigrette décolle d’une bande de roseaux. Plus petite que celles observées jusqu’à maintenant. Vol plus léger, plus rapide. Il s’agit cette fois d’une Aigrette garzette. L’espèce est peu commune autour de Rambouillet et ne s’observe que ponctuellement. Mais de façon annuelle depuis une dizaine d’année. Et très régulièrement depuis trois ou quatre ans. En cohérence avec l’augmentation constatée de la population en Europe occidentale – à l’instar de celle de Grandes Aigrettes. De trop rares exemples au sein d’une biodiversité en déclin catastrophique.

 

Une écharpe de Vanneaux huppés ondule au-dessus de nos têtes. Vol papillonnant des plus gracieux.

 

Quand un « Uit » fluet retentit dans la charmille bordant la digue. Un Pouillot véloce. Une espèce rare en hiver. Un oiseau qui quitte la forêt de Rambouillet entre novembre et mars pour se réfugier dans des régions plus clémentes – façade atlantique, moitié sud de la France notamment. Sa présence est un symptôme de plus d’un hiver peu rigoureux.

 

Lorsque nous regagnons les véhicules, la lumière ocrée se fait rasante en raison de l’heure. De nouveau nuages s’amoncellent. Le soleil se fraie un passage entre eux et dessine de rayons particulièrement esthétiques. C’est sur cette dernière image que le groupe se sépare. Une belle balade hivernale !

 

Liste des espèces

Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Cygne tuberculé, Canard chipeau, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Buse variable, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Bouscarle de Cetti, Pouillot véloce, Tarin des aulnes, Pinson des arbres, Bruant des roseaux

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