Après la pluie…

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Après une nuit pluvieuse, de lourds nuages roulent dans le ciel. Du gris à gauche. Du gris à droite. Du gris devant. Et derrière aussi. Plafond bas. Végétation encore ruisselante. De larges flaques barrent les chemins. Le lointain disparaît en partie derrière un rideau d’humidité qui manque de l’avaler pour de bon. Notre petit groupe s’élance en rase campagne. Indifférent aux menaces qui pèsent au-dessus de nos têtes. Si le ciel souhaite nous tomber dessus, qu’il tombe. Bien équipés, nous sommes prêts. 

 

Le chemin que nous suivons longe tout d’abord un beau parc arboré. Planté de très beaux arbres. Vieux, aux troncs épais. Un parc protégé de longue date dans lequel les végétaux s’épanouissent. Un Pic vert chante. Tambour : il frappe violemment un tronc d’une rafale saccadée. Il choisit pour cela un arbre sonore – en général du bois mort qui augmente la résonance. Le pic parade. L’espèce niche tôt en saison et la communauté se regarde déjà de biais. On surveille le voisin. On surveille aussi la voisine… D’autres chanteurs poussent la chansonnette. La Sittelle torchepot inonde les environs de sa voix puissante. Mésanges bleues et charbonnières s’activent. Et la sérénade de la Grive musicienne – tout là-haut, perchée sur la plus haute branche du plus haut chêne…

 

Premier jour de février mais déjà un air de printemps. La douceur (+12°c au thermomètre au lever du jour) est digne d’un début d’avril. Les jours s’allongent de façon notable. Presque tous les noisetiers étalent de magnifiques chatons colorés d’ocre et de vert. Dans les prés, aux pieds des haies, les premières Jonquilles et Grandes Pervenches rivalisent de beauté.

 

Sur le petit plan d’eau qui occupe le fond du vallon, des canards barbotent. Lustrent leur plumage à grand renfort d’éclaboussures. Déjeunent comme tout un chacun au point du jour. Des Canards colverts pour la majorité. Le mâle au plumage très coloré pour faire le beau avec arrogance lorsque l’envie lui prend. La femelle au plumage terne lui assurant la discrétion dont elle a besoin lorsqu’elle couve ses œufs des jours durant. Un couple de Canards souchets et un autre de Canards chipeaux se mêlent à eux. Un mâle de Fuligule morillon nage parmi les Foulques macroules. Une famille de Cygnes tuberculés glisse doucement sur le miroir que pas un souffle de vent ne ride. Papa, maman et leurs trois adolescents nés au printemps dernier. Ces trois-là ont encore un plumage tâché de brun et de gris – vestiges du vilain petit canard.

 

… le beau temps.

 

En plaine, les Alouettes des champs sont en effervescence. Vol nuptial – stationnaire à une quinzaine de mètres de haut à déverser une cascade de notes sur nos têtes encore humides de l’averse de 9h30. Mais le ciel se dégage. Le vent se lève et disloque les nuées d’anthracite. Des pans de ciel bleu s’élargissent et la lumière coule à flot. A contre-jour, le paysage scintille des milliards de gouttelettes qui diffractent les rayons. Les couleurs, ternes en début de matinée, sont maintenant saturées. Les verts tranchent avec les bruns. Parmi lesquels s’invitent les rouges de feuilles de ronce. Et le blanc de quelques pâquerettes déjà sorties. L’Accenteur mouchet chante du fond de son buisson préféré et une écharpe de Vanneaux huppés nous survole en papillonnant.

 

Le froid devient plus vif maintenant qu’Eole entrouvre ses lèvres. Là-haut sur leur butte, les tours d’Anne de Bretagne surveillent le monde.

 

Le long d’une friche arbustive, notre petit groupe détaille les nombreux passereaux qui piaillent à couvert. Le sifflet du Bruant des roseaux. La note rauque du Bruant jaune. Celle du Pinson des arbres. Des oiseaux descendent parfois à terre se nourrir, glaner une graine ou deux sur le sol. Puis se posent en évidence sur une branche isolée lorsqu’ils regagnent de la hauteur. Les belles boules de plumes colorées se laissent admirer dans nos jumelles.

 

Alors que nous prenons le chemin du retour, une forme pâle attire notre attention. Un rapace de couleur grise chasse au-dessus du vert d’une parcelle de blé. Gracieux, l’oiseau joue avec le vent et file sur notre droite, à deux ou trois mètres du sol. Un mâle de Busard Saint-Martin. La cerise sur le gâteau qui vient couronner une belle sortie. Les voitures sont bientôt rejointes après six kilomètres de marche. La nature s’éveille et sort déjà de l’hiver. Espérons que les frimas ne nous trouveront plus et ne grilleront pas cette végétation toute neuve qui pointe son nez toujours plus tôt.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Canard colvert, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule morillon, Buse variable, Busard Saint-Martin, Faucon crécerelle, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Mouette rieuse, Goéland indéterminé, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic vert, Pic épeiche, Alouette des champs, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Rougegorge familier, Merle noir, Grive musicienne, Grive draine, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette des ruisseaux, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux