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29 décembre 2019

Autour des étangs de

Saint-Hubert...

Gelée matinale…

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Ciel pur – bleu – à peine voilé de traces d’avion le zébrant en tous sens. Le soleil trône sans partage et inonde de ses rayons obliques la campagne enrobée de givre. Une belle journée hivernale s’annonce. Ce qui nous change de la grisaille humide qui nous colle au train depuis plusieurs semaines.

 

Les oiseaux se montrent actifs, eux aussi dopés par la lumière qui coule à flot. Malgré le froid piquant, le Rougegorge familier chante sa mélopée flûtée, l’Accenteur mouchet sa strophe aiguë et des Grosbecs casse-noyaux sifflent depuis le sommet d’un arbre. Des Tourterelles turques se poursuivent au vol. Pas encore de parades, mais l’excitation monte. Ce qui n’a rien de rare en hiver lorsque le soleil se montre généreux ou qu’une période de grande douceur mime le retour du printemps.

 

Les blés d’hiver blanchis de gel étincellent dans le contre-jour. Silhouettes noires des arbres dessinés de lumière blanche. Au sol, les larges flaques – vestiges des pluies de la semaine – sont couvertes d’une fine pellicule de glace.

 

Le groupe avance en lisière de forêt. Un petit nuage de vapeur s’échappe de nos lèvres à chaque expiration. Des rondes de mésanges se forment dans le froid sec. Des oiseaux piaillent. Volent de branche en branche. Descendent à terre. Remontent en sécurité dans les arbres. Nous observons des Mésanges bleues, Mésanges charbonnières, Mésanges nonnettes, Mésanges huppées. Des trilles rauques révèlent aussi la présence de Mésanges à longue queue.

 

Parvenus au bord de l’eau, nous observons les deux pièces d’eau les plus orientales de la chaîne des étangs de Saint-Hubert qui en compte six. Creusés à la fin du XVIIe siècle pour alimenter les fontaines du Roi Soleil, ces plans d’eau sont toujours reliés à Versailles par un impressionnant réseau de rigoles. Le premier étang est à contre-jour. Contrastes violents variant du noir absolu au blanc aveuglant de l’image du disque solaire se reflétant dans l’eau. Deux ou trois barques de pêche gisent au milieu de l’eau. Des lignes étendues en éventail dans l’espoir d’attraper un poisson. Très peu d’oiseaux de ce côté-ci – réduit à l’état de silhouettes.

 

Le second étang est baigné d’une lumière crue. Des Cygnes tuberculés au plumage blanc – pour les adultes – ou maculé de gris et de brun – pour les jeunes – se trouvent violemment éclairés. Point besoin de jumelles pour les observer : leurs plumes nous renvoient les rayons du soleil et brillent de mille feux. A l’autre extrémité de la chaîne des couleurs, la Foulque macroule et son plumage noir de jais pousse des cris de trompette. Elles aussi semblent excitées par le beau temps. Cavalcades sur l’eau, les oiseaux se montrent belliqueux, supportent moins bien la proximité des voisins. Mais pas encore de vraie défense d’un territoire de nidification comme ce sera le cas à partir du mois de février. Une Grive draine – la plus grosse des quatre grives européennes – chante à tue-tête. Cette espèce est coutumière du fait. Chaque année, les chants débutent au cours de la seconde quinzaine de décembre.

 

Après-midi radieux…

 

Une petite troupe de Fuligules milouins – des canards plongeurs – s’alimentent au centre de l’étang. Disparaissant à tour de rôle sous l’eau et remontant un peu plus loin au bout de quinze à vingt secondes, les milouins recherchent à deux ou trois mètres de profondeur des racines, des algues, ou des petits crustacés. Les fuligules ont une silhouette fuselée qui leur permet une meilleure pénétration dans l’eau et des déplacements plus aisés, plus rapides. Les canards de surface, eux, sont généralement plus ronds et se nourrissent plus près des berges. Plongent la tête sous l’eau pour attraper algues et herbes. Les Canards colverts sont comme souvent les plus communs. Une vingtaine de Canards souchets sont là également – avec leur bec aplati en forme de spatule, ils filtrent les micro-organismes en suspension dans l’eau. Deux ou trois Canards chipeaux et un mâle de Canard pilet complètent la liste. Des Sarcelles d’hiver crient depuis les roselières et resteront malheureusement invisibles.

 

Le soleil a presque achevé de fondre le givre. Des plaques blanchies perdurent à l’ombre, au pied d’un buisson, d’une haie, et parfois en sous-bois. La glace a également disparu des eaux de surface, mares et flaques. La température monte progressivement. A 13h00, une pause est réalisée le temps de mordre dans nos sandwiches. Les thermos de thé sortent également des sacs. La boisson brûlante réconforte les corps engourdis.

 

Le début d’après-midi est forestier. Des chemins boueux d’hiver serpentent entre les grands chênes défeuillés. Des écorces blanches et noires trahissent les bouleaux tandis que les écorces grises et lisses révèlent les hêtres. Comme au cours de la matinée, des bandes de mésanges mêlant plusieurs espèces, passent au-dessus de nous, traversent le chemin à tire d’ailes et passent d’un arbre à l’autre. Un Pic mar fait également entendre son cri mais reste lui aussi invisible, masqué par l’écheveau inextricable de branches qui nous surplombe. Grimpereaux des jardins et Sittelles torchepots arpentent les troncs et les houppiers, leurs ongles plantés dans l’écorce, et visitent du bout du bec chaque rainure, chaque crevasse à la recherche d’une araignée, d’un petit insecte chauffé au sol, d’une graine…

 

La sortie s’achève au pied d’un arbre. Un géant de près de cinq mètres de circonférence. Un fut épais, rectiligne, s’élançant vers le ciel et achevé par une forêt de branches épaisses. Le Chêne de la Voûte dénudé patiente et attend son heure. Avec le printemps, il se couvrira de feuilles et reprendra son rôle d’arbre monde, offrant le gîte et le couvert à une cohorte d’espèces qui dépendront de lui.

 

Le groupe se sépare. Le soleil nous a accompagné tout au long de notre parcours, a retiré à la forêt son voile d’austérité hivernale et a permis de belles observations. Merci à tous d’avoir bravé la fraîcheur de l’air et d’être venu arpenter ce petit coin du massif de Rambouillet.

 

Et bonnes fêtes de fin d’année.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard pilet, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Buse variable, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Accenteur mouchet, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive draine, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Tarin des aulnes, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres

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