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Matinée nuageuse…

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Nuages bas. Gris. Défilant dans le ciel du sud vers le nord. Bruine – rien de bien grave, mais absorbant la lumière qui ne parvient au sol que très atténuée. Les couleurs sont happées par l’hiver normand. Nos yeux contemplent la nature en noir et blanc. L’eau des étangs et le ciel en nuances de gris. Le tronc des arbres noircis par l’humidité. Les falaises de craie blanche surplombant la Seine.

Il est à peine 9h00 et la lumière augmente lentement.

Stimulés par la grande douceur – 10°c au thermomètre au lever du jour – le Rougegorge familier chante ses strophes flûtées. Les Grives mauvis « psittent » bruyamment dans les buissons. Quelques dizaines de Pigeons ramiers passent au vol au-dessus de nos têtes. Parvenus à un premier observatoire, nous nous installons – voyant sans être vus. Un étang à la végétation délavée de brume s’étire devant nous. Au milieu, une ile plantée de grands arbres élagués et une collection de nids de Grands Cormorans. De nombreux oiseaux sont perchés sur les branches dénudées. Silhouettes sombres immobiles en haut des arbres. On pense aux vautours aux aguets croqués par Morris dans les planches de Lucky Luke.

Sur l’eau, des canards barbotent. Des Canards colverts pour la plupart – tête verte et bec jaune pour le mâle. A côté, nagent une espèce bien plus petite : des Sarcelles d’hiver. Les oiseaux, excités malgré la mauvaise saison, paradent comme à l’approche du printemps. Les messieurs se défient, dressent les plumes de leur tête, font les beaux tandis que les dames nagent – totalement indifférentes.

Après les canards dits « de surface », nous observons des canards plongeurs, capables de descendre à deux, trois ou quatre mètres de profondeur pour trouver leur nourriture. Des Fuligules morillons – le mâle s’identifie aisément à son flanc blanc qui contraste violemment avec le reste de son plumage noir métallique. Quelques Fuligules milouins – plumage gris tendre et tête rousse – se mêlent à leurs camarades d’hivernage.

Depuis le second observatoire, au sud de la pièce d’eau, le regard porte loin. L’étendue d’eau est piquée d’oiseaux tels des petites bouées noires qui tanguent au gré des vaguelettes qui agitent la surface. Une grosse centaine de Fuligules milouins sur notre droite. Des Foulques macroules et quelques Fuligules morillons devant nous. Un petit Grèbe castagneux longe la berge à nos pieds. Une Grande Aigrette au-dessus des arbres – d’un vol nonchalant.

La fin de la matinée pointe son nez alors que le plafond s’élève. La lumière devient plus forte. La couche nuageuse se craquelle. Déjà, des pans de ciel bleu apparaissent dans les crevasses nébuleuses. Notre groupe change de terrain de jeu. Quitte le plan d’eau de la réserve pour celui de la base de loisirs. Une vaste étendue liquide quelque peu chahutée par un vent plus fort qu’en matinée. Un vent qui balaie rapidement la crasse. A midi, les nuages achèvent de se désagréger. Les rayons du soleil coulent à flots et réchauffent nos corps engourdis par la fraîche humidité des premières heures.

Un Chardonneret élégant vient cueillir les graines d’une plante à quelques mètres seulement de notre table de pique-nique. Nous admirons entre deux bouchées son masque rouge blanc et noir, ses ailes largement tachées de jaune. Un petit oiseau magnifique qui s’envole sans que nous ayons pu immortaliser l’instant sur une pellicule photo.

Après-midi lumineuse…

Au soleil, sur la rive et dans l’eau peu profonde, une dizaine de Cygnes tuberculés se pomponnent pour un événement dont nous ignorons tout. Sans doute d’importance car les oiseaux s’appliquent. Lustrage de plumes, bain à grande eau dans un nuage d’écume. La lumière dessine leur silhouette majestueuse, traverse et illumine leurs ailes, avive le rouge de leur bec. De belles images dans les yeux et à travers l’oculaire des appareils photo.

Plus loin sur le lac, des Grèbes plongent pour trouver leur déjeuner. Une troupe d’une cinquantaine de Grèbes castagneux mêlée à de nombreux Grèbes huppés. La plus petite espèce des cinq grèbes que compte l’Europe côtoyant la plus grande. Une dizaine de Grèbes à cou noir plongent plus loin. Les lumières sont maintenant superbes – saturées de couleurs, agrémentées de contre-jour flamboyants.

Alors que les horloges de France et de Navarre sonnent treize coups et demi, les nuages ont disparu. Ciel bleu sans taches au-dessus de nos têtes. Et dire que certains se moquent du climat normand ! Médisances et commérages sont aussi vieux que le monde (soupirs…)

Le vent ne faiblit pas. Les vagues rident la surface de l’eau et les canards posés sur l’eau apparaissent et disparaissent tour à tour : sur la crête blanchie, puis au creux. Remontent sur la suivante, franchissent une autre crête et recommencent. Difficulté supplémentaire pour identifier les oiseaux. Dans la lunette, le spectacle ressemble à une conversation en morse. Trait, blanc, trait…

Cinq Canards siffleurs dont le mâle qui se reconnait aisément à sa tête rousse et à son front doré nagent sur notre droite. Un petit groupe de Canards chipeaux se tient non loin. Le spectacle vient surtout d’une autre espèce de canard. Plus rare – hôte de la mauvaise saison et synonyme de doigts gourds et d’oreilles rougies par l’air froid. Une vingtaine de Garrots à œil d’or pèchent à quelques centaines de mètres de la rive. Les femelles à tête brune et les mâles arborant leur splendide plumage noir et blanc agrémenté d’une tête vert sombre et d’un œil jaune vif. Les garrots sont d’infatigables plongeurs. Restant de longues secondes sous la surface et ressortant souvent loin de leur point d’immersion.

Dans la partie sud du lac, plusieurs milliers de Foulques macroules se sont rassemblées. Longues écharpes noires en rangs serrés. Chercher l’oiseau rare dans une telle affluence relève de la fameuse aiguille perdue dans la non moins fameuse botte de foin. Armés de nos jumelles et de la lunette d’observation, nous tentons pourtant l’aventure. Nous découvrons ainsi d’autres Garrots à œil d’or – un total d’au moins 42 oiseaux. Une magnifique Aigrette garzette arpente la berge à la recherche d’un en-cas.

Mais le ciel se couvre à nouveau. De lourds nuages gris. D’autres encore plus sombres s’amoncellent sur l’horizon et se ruent sur nous. Le ciel se teinte d’ocre maintenant que le soleil descend sur l’horizon. Des rais de lumière tombent obliques. Se reflètent dans l’eau. Des Vanneaux huppés passent au vol. Plumage blanc sous les ailes, noir au-dessus. Les oiseaux semblent clignoter dans la lumière de fin d’après-midi.

Le groupe se sépare alors que les premières gouttes d’une nouvelle averse s’écrasent au sol. L’embellie a vécu. La lumière disparaît. Les nuées promettent de dérober les couleurs du couchant. Nous laissons finalement la Normandie et ses magnifiques éclaircies derrière nous et reprenons la route de la Francilie. Heureux de cette sortie.

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe à cou noir, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Cygne tuberculé, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard siffleur, Canard chipeau, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Garrot à oeil d'or, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Huîtrier pie, Vanneau huppé, Goéland cendré, Goéland argenté, Goéland brun, Mouette rieuse, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Pic vert, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant des roseaux

Mammifères :

Ragondin