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11 novembre 2019

Petit tour de Seine... 

Nuances de plomb…

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Le lac de la base de loisirs s’étire sous nos yeux. Eaux grises en harmonie avec la couleur des nuées en provenance du sud-ouest. Des trains de nuages déboulent au-dessus de nos têtes, filent vers le nord à toute allure emportés par un vent modéré, cinglant. Et pas chaud du tout. Météo de onze novembre – et donc de saison. Comme le redoutaient Astérix et ses acolytes gaulois, le ciel nous tombe sur la tête. Sous la forme de lourdes gouttes qui se détachent du plafond pour tomber en averse. Mais les naturalistes que nous sommes sont équipés. Lourdes vestes imperméables. Chaussures de marche et bottes en caoutchouc. Pantalons de pluie. 

 

Même pas peur !

 

Le groupe entame son tour de piste – marche lente en mode contemplatif comme à notre habitude. Tournant autour du plan d’eau dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Pour prendre notre temps et le temps à rebrousse-poil. Sur les berges, les chênes roussissent. Chênes pédonculés. Quelques Chênes tauzins dont la boucle de Moisson est l’une des implantations les plus septentrionales de l’espèce. Des Erables champêtres et des tilleuls virent jaune d’or. Des Noyers encore verts.

 

Sur l’eau, des écharpes de Foulques macroules vaquent à leurs occupations, indifférentes à l’ondée. Sorte de grosse poule-d’eau au plumage uniformément noir, la foulque est reconnaissable à son bec blanc surmonté d’une plaque frontale de la même teinte. L’espèce se nourrit d’algues et autres végétaux qu’elle dégote au fond de l’eau. Elle plonge maladroitement, descend jusqu’à deux ou trois mètres de profondeur et remonte à la surface tel un bouchon. Des Grands Cormorans au plumage noir de jais pêchent. En petits groupes ou isolément. Quelques Canards colverts jettent de la couleur sur ces eaux livides – plumage brun-clair de la femelle, tête verte et bec jaune du mâle.

 

Au bord du sentier, sur les branches basses des buissons d’aubépines, des Rougegorges familiers saluent notre passage d’un « tic » métallique. L’un d’eux pousse même quelques notes sifflées, mélodieuses et un brin mélancoliques. Voix puissante du Troglodyte mignon – curieusement forte pour un oiseau d’une si petite taille. Notes flûtées du Bouvreuil pivoine qui malheureusement demeure invisible. Bandes de Grives mauvis et musiciennes en halte migratoire sur leur route vers leurs quartiers d’hiver. La pluie a cessé durant un instant. Le temps d’ouvrir le guide ornithologique et d’admirer ces oiseaux sur les très belles planches du livre et la douche reprend de plus belle.

 

La Seine coule en contre-bas sur notre droite – tribord, bouée verte. Un flot indolent au fond du méandre. Au-delà, les falaises crayeuses se nimbent de brume. Les couleurs d’automne assombries par la faible lumière filtrant à travers la crasse.

 

Parvenu à la moitié de notre boucle, nous découvrons un petit groupe d’anatidés. Une trentaine de Canards chipeaux au plumage anthracite et trois femelles de Canards siffleurs habillées de roux. Des Canards colverts les accompagnent pour former une petite bande de quelques dizaines d’oiseaux. Fort peu pour une mi-novembre. Le temps relativement doux durant ces dernières semaines et les barques des pêcheurs qui stationnent au milieu du plan d’eau expliquent probablement une grande part de cette faible fréquentation.

 

Le centre de la boucle…

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Persévérant, le soleil finit par percer à la mi-journée. A disloquer cette couche nuageuse qui nous a tant arrosé au cours de la matinée. Les couleurs en sont avivées. Les jaunes deviennent réellement jaune. Les roux, roux. Et les verts n’ont plus ce ton blafard qu’ils arboraient une heure auparavant. On se précipite. On sort de l’ombre, de sous les arbres. Pour vivre pleinement ce renouveau, cette apparition tant espérée. L’humain devient lézard, écarte les bras dans un abandon total, laisse le soleil réchauffer les corps refroidis.

 

Instants voluptueux.

 

De l’autre côté de la Seine – que l’administration française a placé dans le département du Val-d’Oise – le beau village de Vétheuil se dresse fièrement au-dessus du fleuve. Nous contemplons un panorama que Claude Monet a peint à la fin du XIXe siècle. Sur une petite île, les arbres vêtus d’automne se reflètent dans l’eau qui s’écoule. A sa pointe, trois Grands Cormorans posés sur un piquet regardent l’eau couler. Un Serin cini passe au vol sans s’arrêter. Une Corneille noire croasse.

 

A l’intérieur des terres, là où les effets de la marée ne se font plus sentir, une réserve naturelle protège un site naturel riche. Riche sur le plan botanique. Riche sur le plan ornithologique… Une seconde balade est initiée. Une nouvelle boucle. Nous tournons cette fois dans le sens horaire pour varier les plaisirs. La première partie est plantée d’une myriades d’arbustes : aubépines, églantiers, prunelliers… et piquée de trembles, de saules et de quelques chênes. Végétation basse entretenue par un troupeau de moutons qui rasent gratis. Un paradis pour les passereaux, autochtones, hivernants ou simplement de passage. Merles noirs, Grives mauvis, Geais des chênes, Accenteurs mouchets, Verdiers d’Europe… La liste des espèces contactées durant la journée s’allonge sensiblement.

 

Tout au long de notre parcours, les champignons poussent en sous-bois ou simplement le long du chemin. Les Amanites tue-mouche sont les plus reconnaissables avec leur chapeau rouge écarlate ponctué de blanc. Une espèce indigeste qu’il convient d’éviter lorsqu’une envie d’omelette aux champignons nous prend. Nous repérons aussi des Coprins chevelus, des russules de couleur violacée, de vieux cèpes pas vraiment appétissants. Photos – avec l’appui d’un éclair de flash pour compenser une lumière souvent morne sous les passages nuageux qui se succèdent.

 

Paysages diversifiés. Après la prairie sèche arbustive, nous traversons un bois de conifère, longeons une lande mêlant graminées et touffes de callune. Le dernier kilomètre se fait en sous-bois. Des charmes, des châtaigniers, des robiniers. Le sentier ressemble à un vaste tunnel couvert d’or magnifiquement éclairé par la lumière rasante du début de soirée. Les feuilles déjà tombées dessinent au sol un patchwork multicolore.

 

Avant de regagner les véhicules, un détour est fait par le bord de Seine. Le soleil est descendu derrière une colonne de nuages. Le crépuscule se rue sur nous. Des Choucas des tours arrivent par dizaines pour dormir dans les grands arbres de l’îlot au milieu du fleuve. Des Pigeons ramiers arrivent à leur tour et se joignent à eux. Cris incessants des volatiles à l’heure du coucher. On se souhaite bonne nuit, on fait la queue devant la salle de bain et on se trouve une belle branche pour y prendre du repos.

 

Nous prenons également congé de cette nouvelle journée de plein air. Les falaises toisent notre petit groupe, indifférentes à la pluie qui menace à nouveau. Il est temps de partir – la nuit nous enveloppe déjà…

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grand Cormoran, Héron cendré, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Canard siffleur, Canard chipeau, Faucon crécerelle, Perdrix rouge, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Goéland leucophée, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic vert, Pic épeiche, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Pipit spioncelle, Bergeronnette des ruisseaux, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Serin cini, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant des roseaux

 

Mammifères :

Renard roux, Ecureuil roux

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