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12 octobre 2019

Où l'on crée un herbier... 

On commence par le début…

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Un herbier… Un exercice passionnant consistant à conserver des feuilles ou des plantes entières dans un album sous une forme séchée. Avant de débuter la sortie, nous regardons deux modèles différents d’herbier. Un premier sous la forme d’un album illustré qui présente une espèce par double page : informations et dessins sur la page de gauche alors que la droite est réservée à la l’échantillon collecté. Le second sous la forme d’un album canson de grande taille. La première version est didactique et très attrayante pour les enfants. La seconde laisse libre court à la créativité artistique.

 

Après une matinée presque hivernale, le ciel s’est enfin dégagé. Le ciel bleu laisse la part belle à un soleil généreux. La douceur de l’air incite les insectes à sortir de leur retraite. Armés de sacs et de paniers, nous partons arpenter la forêt, glaner notre matière première : les feuilles.

 

Avant de gagner la grande forêt, le chemin longe l’orée et traverse un petit bois étroit. La lumière est omniprésente et favorise les espèces de lisière qu’on trouve souvent dans les haies, en bordure des bois, agencées en buissons. La feuille composée du Sureau noir. Celle de l’Eglantier – ce rosier sauvage est à cette époque de l’année couvert de fruits rouges ovoïdes : les cynorrhodons. Ces baies contiennent des tanins, du sorbitol et sont riches en vitamines B et C. On les utilise en infusion et on les cuisine en gelée, en confiture (confiture de Gratte-cul). Le net fourmille de recettes.

 

Puis la lisière est franchie. La lumière filtre à travers les branches. Les ombres dansent au sol et se déplacent à chaque mouvement des houppiers. Des Charmes communs se mêlent aux Bouleaux verruqueux et à quelques bouquets de Peupliers trembles. Mais les arbres sont jeunes dans ce bois. Les troncs ne dépassent guère les quinze ou vingt centimètres de diamètre. Des Rougegorges familiers sifflent leur mélopée mélancolique. Un Pouillot véloce et une Mésange huppée volent de branche en branche à la recherche d’un encas à se glisser dans le bec. Les Geais des chênes poussent leurs cris rauques et grinçants : en ce mois d’octobre, de nombreux oiseaux arrivent du nord de l’Europe pour passer l’hiver chez nous et bénéficier de notre climat océanique.

 

Une barrière en bois fermant le chemin marque l’entrée en forêt domaniale de Rambouillet. Dès cette limite, la forêt change de physionomie. Les deux premières parcelles correspondent à une vieille futaie de chênes. De hauts arbres au large tronc, aux branches épaisses. De véritables cathédrales âgées de plusieurs siècles. Des Chênes pédonculés et des Chênes sessiles – les deux espèces se côtoient étroitement. Au sol, un tapis de Fougères aigles roussies par l’automne teintent le sous-bois de rouille et d’or. Entre ces deux étages, tout un peuplement de jeunes arbres poussant à l’ombre de la canopée : des Charmes communs, des Hêtres fayards, quelques Noisetiers communs. Des Alisiers torminaux oscillant entre le jaune et le rouge écarlate flamboient et constituent autant de taches de couleurs dans l’océan de verdure.

 

Les paniers se remplissent…

 

Au pied de chacun de ces arbres, le groupe mémorise le dessin de chaque feuille. Les simples, les composées, les petites, les grandes, les rondes, les allongées, les triangulaires, les lobées, les mates, les vernissées, les lisses, les nervurées, les dentelées – finement ou grossièrement. A chaque espèce ses caractéristiques. Le groupe glane, collecte. Cueille une feuille encore verte sur l’arbre, en ramasse une au sol saupoudrée d’automne. Sacs et paniers se garnissent à chaque arrêt.

 

Des cris de Sittelle torchepot. Un petit oiseau forestier qui a la faculté de grimper le long des branches à la recherche de sa pitance du jour, et aussi de descendre le long du tronc la tête en bas.

 

Dans la terre du chemin, des empreintes révèlent le passage d’animaux. Assez récents – les traces sont nettes, déposées après les pluies de la semaine qui les auraient partiellement effacées. Des cervidés. Deux tailles. Une petite empreinte de Chevreuil et un peu plus loin une autre plus grande de cerf. Les parages sont fréquentés par des grands mammifères. Peut-être nous regardent-ils passer en ce moment même. La forêt a des yeux et des oreilles.

 

Et c’est de nouveau au milieu d’un chemin que la surprise suivante nous attend. Un très gros insecte vert est découvert. Dans les huit centimètres de long. Peut-être un peu davantage. Une magnifique Mante religieuse grimpe le long d’une tige nue. Se laisse admirer et abondamment photographier. Dans la chaude lumière de l’après-midi ensoleillée, l’observation se prolonge de longues minutes. L’espèce, sans être rare, ne se rencontre pas tous les jours en forêt de Rambouillet et nous mesurons notre chance à sa juste valeur.

 

La lumière commence à baisser. Se fait plus rasante. Le sous-bois s’assombrit. Un groupe de Pinsons des arbres picore au sol. Au milieu d’un carrefour et dans les herbes rases. Au moment où le groupe s’envole pour rejoindre la sécurité des hautes branches des chênes environnants, nous apercevons trois ou quatre individus avec une large tache blanche sur le dos et le croupion. Des Pinsons du Nord – l’autre espèce de pinson en Europe, présent en France d’octobre à mars en des effectifs très variables d’une année à l’autre. Les premiers oiseaux de l’hiver. Des oiseaux venant d’arriver en forêt pour y demeurer jusqu’au début du printemps prochain. A moins qu’ils ne soient que de passage avant de poursuivre leur migration plus au sud.

 

Peu avant de boucler la boucle et de rejoindre nos véhicules, la mascotte des sorties nature apparaît devant nous : une magnifique licorne de couleur violette s’avance et s’arrête devant nous au milieu du chemin. Observation extraordinaire et qui nous permet de vérifier que contrairement aux nombreuses traces de chevaux qui ont marqué le sol, les sabots de l’animal ne sont pas ferrés (c’est d’ailleurs à cela qu’on reconnait les licornes).

 

La sortie s’achève avec de nombreux trésor dans les paniers. Des feuilles de toute taille et de toute forme. Teintées de couleurs différentes entre le vert, le rouge, le brun ou encore le jaune. Des feuilles qu’il va falloir sécher correctement et aplatir durant plusieurs semaines avant de pouvoir les coller dans un album et ainsi débuter concrètement l’herbier. Mais cette collecte peut se poursuivre des années durant. Avec des récoltes de feuilles à l’occasion de vacances dans d’autres régions, d’autres pays.

 

Et ainsi constituer un bel album.

 

Liste des espèces

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Arbres :

Pin sylvestre, Hêtre fayard, Chêne pédonculé, Chêne sessile, Chêne rouge d’Amérique, Charme commun, Frêne commun, Tilleul commun, Châtaignier commun, Alisier torminal, Peuplier tremble, Noisetier, Cornouiller sanguin, Sorbier des oiseleurs, Bouleau verruqueux, Troène, Bourdaine, Eglantier, Aubépine, Sureau noir

 

Oiseaux :

Pic vert, Pic épeiche, Pic épeichette, Alouette des champs, Geai des chênes, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Grive musicienne, Pouillot véloce, Bergeronnette grise, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Pinson des arbres, Pinson du Nord

 

Papillons de jour :

Piéride de la rave

 

Odonates :

Aeschne bleue, Sympétrum sanguin

 

Mantes :

Mante religieuse

 

Mammifères :

Cerf élaphe (traces), Chevreuil européen (traces), Licorne

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