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13 octobre 2019

Fontainebleau au loing... 

Dans la vallée…

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La plaine. Une forêt d’un côté. Un bocage de l’autre. Et au milieu coule une rivière. Avec quelques étangs – vestiges de carrières d’extraction de graviers. Au bord de l’étang principal est planté un bel observatoire de bois. Creusé de meurtrières permettant de voir sans être vus.

 

A cette heure, le soleil qui se lève à l’est (bouée verte) se trouve au-dessus de l’étang. Les observateurs que nous sommes admirent les lieux dans un violent contre-jour. Mais personne ne se plaint du ciel bleu. La journée s’annonce radieuse.

 

L’air bruisse des cris des Vanneaux huppés. Des dizaines d’oiseaux sont posés sur les îlots de graviers ou au bord de l’eau. Des groupes s’envolent régulièrement et des écharpes tournoient une minute ou deux avant de poser à nouveau. Dans le soleil, leurs ailes noires lustrées miroitent. Deux Chevaliers culblancs et un Chevalier guignette se nourrissent les pieds dans l’eau, picorant la surface de leur long bec. Une vingtaine de Grandes Aigrettes se reposent au sommet d’un grand pin. Tâches de blanc sur le fond vert de la végétation ou sur l’azur du ciel.

 

Poursuivant notre balade sur le chemin caillouteux, nous logeons bientôt une magnifique rivière qui ne coulait plus près que nous le pensions. Pourtant, la carte nous prévenait que ce n’était pas à côté : le géographe a en effet pris la peine de marquer « Loing » tout du long du trait bleu… Nous sommes heureux de l’avoir tout de même atteinte. Le magnifique cours d’eau cavale en direction de Moret. Avec autant de courant qu’une belle rivière de région vallonnée dans ses portions les plus resserrées. Ou de façon plus indolente lorsque son lit s’élargit. Des Cygnes tuberculés nagent sur ses eaux. Deux adultes et deux jeunes de l’année dont le plumage est encore maculé du gris du vilain petit canard.

 

Des cris très sonores et métalliques retentissent au niveau d’un coude de la rivière. Le flot – rapide dans ce secteur – luit dans le contre-jour matinal.  Les arbres de la ripisylve, traversés par les rayons du soleil, sont tâchés d’une multitude de verts différents. Le vert intense des feuilles d’érable. Le vert clair des Frênes communs. Alors que les Robiniers et les Charmes communs tirent sur le jaune d’or. Deux oiseaux très élancés apparaissent. Traversent au vol la lit de la rivière et se posent sur la berge opposée. La très longue queue frappe immédiatement. Ainsi que le plumage contrasté : gris pour le dos et la tête. Jaune vif pour la gorge et le ventre. Des Bergeronnettes des ruisseaux. 

 

Des Geais des chênes, omniprésents, piaillent dans les plus hauts arbres. Souvent, nous les apercevons au vol, papillonnant d’une cime à l’autre. La large tache blanche de leur croupion est alors bien visible : une aide supplémentaire pour les identifier.

 

La douceur se mue progressivement en chaleur. Température peu habituelle au milieu d’octobre. Les vestes tombent les unes après les autres. Le chemin est bordé de champignons. Des Amanites tue-mouche dont le rouge avertit de sa toxicité : un champignon pourtant très nourrissant dont une poignée suffirait à nourrir un homme jusqu’à la fin de ses jours. Des Coulemelles et des Coprins sortent eux aussi de terre.

 

Peu après midi, la boucle tournant autour des étangs est achevée.  Le soleil approche de son plus haut et nos estomacs nous font savoir que l’heure du déjeuner approche à grands pas. Il est l’heure de changer de terrain de jeu et d’aller arpenter un très beau secteur du massif des Trois Pignons.

 

En forêt…

 

L’automne s’invite progressivement. Pas encore d’entrée fracassante, mais une conquête lente et progressive. Par petite touche. Tandis que les Fougères aigles roussissent, les feuillages restent verts pour la plupart. 

 

Le vent s’est levé. Sur la platière dominant le reste de la forêt, le souffle d’Eole agite les arbres. Dérange les herbes légères au sol. La brise – agréable – rafraîchit délicieusement la température presque estivale.

 

En ces heures chaudes, les oiseaux se taisent. Quelques rares notes se mêlent parfois au bruit du vent. Le « Tsip » d’une Grive musicienne. Le « Uit » d’un Pouillot véloce. Le « Tic » d’un Rougegorge familier. C’est l’heure des insectes. Des libellules volent au-dessus de la lande de bruyères. Un petit Sympétrum strié tourne autour de nous et pose sur la pointe d’une branche. Une Aeschne bleue zigzague entre les arbres. Chasse une minute entre les bouquets de bouleaux et s’éloigne, poursuivant sa quête.

 

De nombreux blocs de grès piquent la forêt. Concrétions dues à la très forte teneur en sable du sol bellifontain. Des Lézards des murailles se chauffent au soleil. Lézardent sur la roche sans bouger un muscle mais s’enfuient à toutes pattes lorsque nous nous approchons.

 

A 14h00 exactement, et compte tenu de l’heure d’été toujours en vigueur, notre étoile atteint son point haut – midi au soleil. Celui-ci doit donc se trouver exactement au sud, ce que nous nous empressons de vérifier une boussole en main. Mais la réelle vérification n’est pas celle-ci : l’expérience nous renseigne en réalité de la fiabilité des applications installées sur nos smartphones. Lorsque nous nous tenons face au nord, dans le prolongement de l’aiguille qui indique le nord magnétique, l’astre du jour est derrière nous. Bien qu’imparfaitement aligné. Non pas à cause d’un mauvais étalonnage des appareils, mais plutôt en raison du décalage entre les nord géographique et magnétique. Ce décalage varie car le nord magnétique se déplace constamment à la surface du globe – jusqu’à l’inversion lorsque celui-ci se retrouve brutalement propulsé dans l’hémisphère sud. Mais en ce midi solaire, nous négligeons cette imprécision. Nous faisons face au nord. Le soleil nous chauffe le dos, l’est est à notre droite (bouée verte) et le ponant à gauche (bouée rouge).

 

Redescendu au pied de la platière, le groupe parvient à la plaine.  Sableuse, à végétation rase bien que les pins et les bouleaux poussent rapidement et risquent de refermer un jour le paysage. Des moutons sont amenés pour lutter contre ce reboisement inexorable. Renouant avec cette tradition agropastorale qui au XIXe siècle assurait le maintien des milieux ouverts.

 

Des papillons volettent ici et là. Des Soucis aux ailes orangées à bout noir. Des Piérides du chou et des Piérides de la rave – des insectes aux ailes blanches tachées de noir. Un Vulcain habillé de noir, de rouge et de blanc. Et même encore un Azuré commun.

 

La seconde partie de l’après-midi jette des lumières splendides sur la forêt. Lumières douces. Plus rasantes à chaque nouvelle minute. Le ciel se charge progressivement de cumulus. La chaleur anachronique va certainement s’épancher en averses orageuses avant que le soleil ne plonge sous l’horizon. Les fougères s’allument d’or et de roux. A contre-jour, la lumière les rend translucides. Diaphanes.

 

Extraordinairement photogéniques.

 

Sur le dernier plateau, une petite mare en grande partie asséchée nous réserve une dernière surprise. Outre le fait qu’elle ne soit pas tout à fait tarie, la zone humide est survolée par une espèce que nous n’attendions pas. La libellule – il s’agit en effet d’une libellule – pose sur un rocher au bord de l’eau. Un petit anisoptère très sombre : un mâle de Sympétrum noir. Une espèce très rare en Ile-de-France qui n’est guère régulière que sur les platières de Fontainebleau.

 

L’après-midi s’achève ainsi. Les nuages grossissent encore. La chaleur devient moite. L’averse s’approche mais nous parvenons néanmoins à regagner les véhicules avant les premières gouttes. Une superbe journée d’arrière-saison. Des paysages variés et 13 ou 14 km au compteur.

 

Nous reviendrons au printemps !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Buse variable, Buse variable, Faucon crécerelle, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Chevalier culblanc, Chevalier guignette, Mouette rieuse, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Étourneau sansonnet, Grosbec casse-noyaux, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Pinson des arbres

 

Odonates :

Leste vert, Aeschne bleue, Sympétrum noir, Sympétrum sanguin, Sympétrum strié

 

Papillons de jours :

Piéride de la rave, Piéride du chou, Souci, Azuré commun, Vulcain

 

Mammifères :

Cerf élaphe (traces), Chevreuil européen (traces)

 

Amphibiens :

Grenouille verte

 

Lézards :

Lézard des murailles

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