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06 juillet 2019

Du soleil, de la chaleur

et de l’eau !

La chaleur monte progressivement…

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L’été est là. Ce matin, notre groupe s’apprête à vivre une chaude journée de juillet. Tous les signes tendent à nous avertir : profitez de la douceur de cette magnifique matinée. Le ciel bleu règne sans partage. Le soleil déjà haut jette ses rayons sur les environs. Les ombres se réduisent et une légère brise souffle du nord-est. Manches courtes et quelques shorts habillent le groupe. D’autres optent pour des pantalons. L’avenir départagera les deux écoles.

 

Le Serin cini chante à tue-tête. Avec le Verdier d’Europe, il s’élance dans des vols nuptiaux et chante tous azimuts criant haut et fort qu’il occupe avec sa famille ce petit bout de campagne. Les Hirondelles de fenêtre, elles, tolèrent les voisins. Plusieurs couples nichent sous un pan de toit du haras national des Bréviaires. Ballet incessant d’adultes apportant à manger à des oisillons déjà grands.

 

Dans les prés en lisière de forêt du bétail pâture. Les hautes herbes grillées au soleil des deux dernières semaines. Les vaches déjeunent copieusement avant d’aller à l’ombre piquer un roupillon lorsque la température augmentera. Un splendide mâle de pie-grièche écorcheur surveille les environs depuis une branche d’aubépine au sommet d’une haie. Le Pipit farlouse rappelle lui aussi que ce coin de prairie est occupé. Une Buse variable glisse en silence en direction de la forêt. De nombreux papillons – dopés par la chaleur – virevoltent d’une fleur à l’autre. D’un bouquet de graminée au chemin empierré. Des Piérides du chou, des Piérides de la rave – blancs comme neige. Des Paons du jour, lie de vin. Un Vulcain aux ailes noires barrées de blanc et de feu.

 

En forêt, les Petits Sylvains – des papillons noirs zébrés de blanc – vaquent à leur occupation. Butiner ici. Butiner là. Et conter fleurette, car le rôle de l’imago – l’insecte adulte – est de se reproduire et d’assurer la pérennité de l’espèce en engendrant la génération suivante. Les oiseaux se montrent encore actifs en ce milieu de matinée. Beaucoup chantent encore, mêlant leurs voix en un concert polyphonique que tous les ornithologues non aguerris écoutent dans leur ensemble sans toujours distinguer les différentes espèces. Autour du pavillon de l’empereur – modeste bâtiment construit en 1808 à l’usage Napoléon qui aimait chasser en forêt de Rambouillet – on écoute la cascade du Pinson des arbres, les notes rythmées du Pouillot véloce, la mélopée du Rougegorge, la riche mélodie de la Fauvette à tête noire ou encore l’alarme du Pic épeiche qui surestime la menace que notre groupe représente pour sa famille.

 

Vers 11h00, des croissants et des pains au chocolat sortent comme par magie d’un sac à dos dans lequel ils étaient dissimulés. Un encas savoureux. Et un antidote pour les petites faims qui surgissent une heure avant le pique-nique…

 

Sur l’étang au bord duquel nous débouchons, des Cygnes tuberculés élèvent leurs « vilains petits canards ». Des petits pas si vilains destinés à devenir de grands oiseaux majestueux. Deux Grandes Aigrettes toutes blanches pêchent en bordure de la roselière. Statues de marbre parfaitement immobile, bec au-dessus de la surface, prêtes à harponner tout poisson imprudent. Dans les roseaux, Rousserolles effarvattes, Bruants des roseaux et un Phragmites des joncs chantent, profitant des dernières minutes de relative fraicheur. Car la température monte graduellement. Et en cette fin de matinée, la forêt est déjà écrasée sous une lumière crue.

 

Après-midi tropical…

 

C’est une demi-heure avant la pause déjeuner, aux environs de midi, que nous croisons notre premier Grand Mars changeant. Un grand papillon – parmi les plus beaux – aux ailes noir irisée de bleu roi. Selon l’inclinaison de l’aile, les écailles réfléchissent différemment la lumière et se teintent de bleu chatoyant ou de noir. Et donne à l’insecte son nom de « changeant ». Un papillon qui se rencontre en forêt au mois de juillet et que nous cherchions depuis notre entrée en sous-bois.

 

Les milieux ouverts – s’ils cuisent sous le feu du ciel – présentent toutefois l’avantage d’être au vent. Ce nordé qui continue de souffler nous aère de façon délicieuse. Mais tout à coup, traversant une parcelle de foin fauché, un tourbillon d’air s’organise. Une trompe – « tornade » est un terme un peu fort – s’élève en quelques secondes. Une dizaine de mètres de haut, quatre ou cinq de large. Les écheveaux de foin soulevés et emportés dans la spirale volent devant nous, passent lentement et s’éloignent vers l’orée du bois.

 

Au bord d’une nouvelle pièce d’eau – la chaîne des étangs de Saint-Hubert en compte six – notre groupe posent les sacs et s’installe pour le pique-nique. A l’ombre, car le soleil approche de son zénith. L’omniprésence de l’eau rend l’atmosphère lourde, moite. Les porteurs de shorts apprécient la légèreté de l’habit.

 

Short 1 – Pantalon 0 !

 

Le repas est pris dans une ambiance franchement amicale. Voire un peu déjantée. Des tartes amoureusement cuisinées par maman réapparaissent – au chèvre et aux épinards. Salade de quinoa à gauche, aux légumes à droite. Fruits secs ou frais. Et de l’eau. Beaucoup d’eau. Devant nous, au-dessus de l’étang, des libellules volent par dizaines. Des Orthétrums réticulés. Des Agrions jouvencelles, des Ichnures élégantes, des Pennipattes bleuâtre. Et même un magnifique Anax napolitain. Nous remarquons les grandes différences opposant les anisoptères (les grandes) et les zygoptères (les petites). Outre leur taille, les premières ont les ailes antérieures et postérieures de forme différente ; posées, elles les étalent à l’horizontale – à plat. Les secondes ont quatre ailes identiques et posent en les joignant au-dessus de leur abdomen.

 

La torpeur incite à la sieste. Une langueur évidente s’abat sur le groupe étendu dans l’herbe de la digue. C'est l’instant critique. Il nous faut reprendre notre marche sous peine de passer le reste de l’après-midi au sol les bras en croix avant de nous blottir dans les bras de Morphée.

 

L’esprit embrumé, les jambes un peu molles, le groupe repart. En évitant autant que possible les plages vivement mitraillées par les rayons du soleil. De l’ombre ! La forêt toute proche constitue pour nous un refuge. Et une caverne d’Ali Baba pour les insectes. Papillons pour notre plus grande joie. Et moustiques pour le côté obscur de la force. Yin et Yang intimement associés.

 

Short 1 – Pantalon 1 !

 

Le long d’un étroit sentier envahi de ronces, des nuées de papillons volettent ou butinent des tombereaux de fleurs. Myrtils et Petits Sylvains par dizaines. Sylvaines, Tristans, Citrons, Paons du jour et Tabacs d’Espagne se mélangent dans une chorégraphie de couleurs. Il est devenu rare de voir autant de papillons sur une aussi courte distance. En Ile-de-France du moins.

 

L’une des dernières espèces ajoutées à notre liste de la sortie est un autre Mars changeant. Le petit cette fois. A peine moins grand que son « cousin », le Petit Mars possèdent des écailles irisées dont les teintes varient du parme à l’ocre. Au vol, alors que le papillon passe devant nous à plusieurs reprises, les couleurs semblent danser sur la surface de ses ailes.

 

Après un dernier kilomètre sous un cagnard nous faisant transpirer à grosses gouttes, nous regagnons les véhicules. Une balade magnifique avec des espèces intéressantes et de toute beauté. Sous un soleil de plomb dardant ses rayons avec générosité. Et en compagnie d’un groupe au sein duquel a régné une bonne humeur joyeuse. Merci à tous.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Bondrée apivore, Buse variable, Foulque macroule, Mouette rieuse, Sterne pierregarin, Pigeon ramier, Tourterelle des bois, Tourterelle turque, Martinet noir, Pic vert, Pic épeiche, Pic épeichette, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Loriot d'Europe, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Grive musicienne, Rousserolle effarvatte, Phragmite des joncs, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Fauvette grisette, Pouillot véloce, Roitelet à triple bandeau, Gobemouche gris, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Pie-grièche écorcheur, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Verdier d'Europe, Linotte mélodieuse, Serin cini, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux

 

Mammifères :

Lièvre d’Europe, Sanglier (traces)

 

Libellules :

Caloptéryx vierge, Pennipatte bleuâtre, Agrion jouvencelle, Naïade aux yeux rouges, Ischnure élégante, Aeschne affine, Anax napolitain, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin

 

Papillons de jour :

Hespérie de la houque, Sylvaine, Piéride de la rave, Piéride du chou, Citron, Azuré des nerpruns, Tristan, Myrtil, Demi-deuil, Tabac d'Espagne, Grand Mars changeant, Petit Mars changeant, Petit Sylvain, Paon du jour, Vulcain, Robert-le-diable (C-blanc), Mélitée des mélampyres

 

Amphibiens et reptiles :

Couleuvre à collier, Lézard des murailles, Grenouille verte

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