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11 juillet 2019

Omniprésence de vert...

Au bord de l’eau…

Ambiance « forêt équatoriale » ce soir autour de l’étang d’Or. Chaleur lourde malgré les 20h30 affichées à l’horloge. Nuées anthracite qui obscurcissent le ciel. Avec des nuages blancs tout de même. Et même quelques taches de bleu. Orage or not orage ? C’est la question. Que nous écartons bien vite : nous ne sommes après tout pas du genre à reculer devant de si légères craintes.

 

La forêt croule sous le vert. Paysage émeraude, luxuriant. Ramures parfois épaisses disparaissant sous des feuillages abondants. La pièce d’eau joue les caméléons. Abandonnant sa teinte ocre habituelle, elle reflète aujourd’hui la végétation riveraine. Les fortes températures ont de plus favorisé la formation d’algues filamenteuses – révélant une certaine eutrophisation du milieu.

 

Un couple de Bergeronnettes des ruisseaux déambulent au bord de l’eau. Tête grise et noire. Poitrine jaune et très longue queue. Un cri puissant et très métallique à chaque envol. Des Canards colverts barbotent. Des femelles. Des mâles en plumage d’éclipse – plumage féminin qu’arbore le mâle au moment de sa mue estivale. Le bec jaune et la tête plus contrastée permet toutefois d’identifier monsieur en toute saison. Et une ribambelle de rejetons, probablement nés après la dernière pluie vu leur très jeune âge – deux ou trois semaines tout au plus. Des Foulques macroules – sorte de grosses poules-d’eau noires avec le bec blanc – plongent sous la surface pour atteindre les herbes aquatiques dont elles se nourrissent. Elles s’enfoncent sous l’eau après une impulsions initiale leur permettant de descendre jusqu’à deux mètres de profondeur environ. Puis remontent tels des bouées pour crever le miroir d’eau de façon un peu gauche. Une vraie poule-d’eau – Gallinule poule-d’eau de son nom complet – marche sur une berge boueuse. Plus petite et plus fine que la foulque, elle est aisément identifiable à son bec rouge à pointe jaune.

 

Un Héron cendré, emmanché d’un long cou et agacé, s’offusque de notre présence et s’envole. L’oiseau se trouvait les pieds dans l’eau, le regard rivé sur la surface à guetter – immobile – sa proie. Qu’un poisson s’approche et l’échassier détend brutalement son cou replié et harponne l’imprudent avant que celui-ci ne comprenne l’enchaînement des événements. Le héron n’a pas protesté. Pas un cri. Ni même un grognement. Il s’éloigne drapé de mépris, les ailes fortement arquées vers le bas et disparaît derrière un bouquet d’arbres. Une belle observation.

 

Mais ce « petit patapon » n’est pas le seul à nous avoir repérés. Des insectes hématophages nous ont également vus. Des moustiques. Nous nous en doutions. Aucune illusion quant à leur présence ce soir parmi nous. La forêt – même séchée par la canicule de la fin juin – reste attractive pour cet insecte piqueur. Ballet de mains. De tapes. C’est de la légitime défense. Chacun a veillé à se couvrir malgré la chaleur. Pantalon, manches longues. Et même foulard pour les plus sensibles. Huiles essentielles à fortes doses. Notre groupe embaume la citronnelle concentrée.

 

Sur la rive, Chênes sessiles et Chênes pédonculés se partagent l’espace. Un jeu est organisé à intervalles réguliers : déterminer le nom de l’arbre à l’aide d’un rameau. Après quelques balbutiements, le groupe ne commet plus d’erreur. Charmes, Alisiers torminaux, Noisetiers occupent le sous-bois à l’ombre de de leurs aînés.

 

La nuit se referme peu à peu…

 

Poursuivant notre chemin – forêt à gauche, étang à droite – nous retrouvons notre héron qui n’était finalement pas parti bien loin. L’oiseau paraît jaunâtre dans la lumière du couchant. Pourtant il s’agit bien d’un Héron cendré. Les conditions de lumière doivent toujours nous inciter à la prudence. Des oiseaux à contre-jour semblent toujours très sombres même si leur plumage est blanc comme neige. Un petit canard raye l’onde devant nous. Plumage grisâtre. Tête légèrement aplatie sur le sommet du crâne. Cercle orbital blanc avec une virgule de la même teinte en arrière de l’œil donnant à celui-ci une allure bridée : une femelle de Canard mandarin. Une espèce originaire d’extrême orient introduite et qui s’est bien acclimatée en forêt de Rambouillet.

 

Un muret en guise de banc et de table et le pique-nique s’organise. Le Troglodyte chante tout proche. Des Corneilles noires survolent les Pins sylvestres à l’écorce orangée. La Fauvette à tête noire entame une dernière mélodie avant de tirer le rideau et d’aller trouver où dormir avant de rempiler à l’aube demain. Rire éclatant du Pic vert en guise de dessert.

 

Laissant le petit plan d’eau derrière nous, le groupe pénètre dans le sous-bois. Le soleil a maintenant disparu sous l’horizon, les chaudes couleurs du couchant peu à peu avalées par l’obscurité. La luminosité chute drastiquement. Sur le ciel encore clair, des chauves-souris de relative petite taille chassent. A la hauteur des houppiers, une quinzaine de mètres au-dessus du sol. La mélopée du Rougegorge familier sonne dans ce début de nuit. Comme les stridulations aiguës, parfois assourdissantes, des Grandes Sauterelles vertes.

 

Le chemin de couleur claire nous permet de marcher sans l’aide des lampes de poche. Du moins jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que bon nombre de batraciens en goguettes empruntent comme nous le sentier. Nous n’osons plus faire un pas. Un faisceau troue aussitôt la pénombre, balaie le chemin. Puis un second vient l’imiter. Et un troisième. Plusieurs crapauds communs, prostrés, espèrent être invisibles et attendent que nous nous éloignions. Une belle Grenouille agile ne compte pas trop sur sa couleur brune pour passer inaperçue. De trois ou quatre bonds démesurés, elle gagne la végétation et y disparaît.

 

Un grand quartier de lune brille dans la trouée d’arbres au-dessus de nos têtes. Des pas bruissent en sous-bois. Braquant une lampe en direction des sons, nous découvrons deux yeux brillants. Etincelants. Assez rapprochés. Parfaitement immobiles. Fixés sur nous. Deux yeux appartenant à un quadrupède de belle taille, une bonne trentaine de centimètres au-dessus du niveau du sol. Un Renard roux en maraude. Nous l’observons près de trois minutes. Puis l’animal tourne la tête. La nuit l’absorbe à nouveau. L’apparition s’est évaporée. 

 

Une dizaine de minutes plus tard, nous retrouvons la rive de l’étang d’Or. Notre balade s’achève sur une vision empreinte de magie. Une Chouette hulotte pousse des cris déchirant l’obscurité et nous nous séparons. Merci à tous.

 

Liste des espèces

Oiseaux :

Héron cendré, Canard colvert, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Pigeon ramier, Chouette hulotte, Pic vert, Pic mar, Corneille noire, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Fauvette à tête noire, Bergeronnette des ruisseaux, Chardonneret élégant, Pinson des arbres

 

Mammifères :

Renard roux

 

Amphibiens :

Crapaud commun, Grenouille agile

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