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07 juillet 2019

Un pied en Hurepoix !

Sur le plateau…

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Une matinée splendide débute en ce dimanche matin. Un ciel résolument bleu. Sans même un vague nuage pour décorer et rompre cette uniformité. Une superbe futaie. Des chênes, des charmes, quelques hêtres chargés de verdure flamboyante. Pas un souffle d’air pour déranger cette harmonie luxuriante.

 

Une belle journée d’été quitte les coulisses et s’apprête à monter sur scène sous les feux de la rampe.

 

A nous de profiter de la douceur de ces premières heures. De la volupté de respirer l’air frais à pleins poumons. De la sérénité du lieu avant l’afflux des promeneurs. Du concert des oiseaux dont les voix se mêlent en une symphonie improvisée.

 

En attendant les retardataires – au féminin –, nous nous intéressons à la composition de l’orchestre. Les instruments à vent d’abord pour le fond flûté. Les Fauvettes à tête noire et leurs modulations variées. La Grive musicienne dans le rôle de la soliste virtuose. Les cordes pour l’ambiance feutrée. Les strophes glissantes du Grimpereau des jardins. Les oscillations de la Mésange charbonnière. Et les percutions enfin pour dynamiser l’ensemble. Le martèlement sec et métallique du Pic épeiche. Le piaffé régulier du Pouillot véloce empilant ses écus les uns sur les autres. La justesse de la musique caresse nos oreilles. Lorsque deux outsiders inattendus – muets jusque-là – se lèvent de leur siège et volent la vedette à la soprano offusquée. Un Pic noir survole le sous-bois en poussant des coups de clairons aigus. L’oiseau, excité, occupe le devant de la scène quelques minutes avant que le chef d’orchestre ne le contraigne à se rasseoir. Comme s’il attendait le retour au calme, un autre trouble-fête jette à son tour son pavé dans la mare. Un Bec-croisé des sapins décolle d’un conifère et s’éloigne au vol.

 

Une belle entrée en matière.

 

Le groupe s’engage sur une vaste allée forestière. La lumière crue jette partout des taches violemment éclairées épaississant par contraste les ombres de la futaie. L’œil peine à s’adapter. L’appareil photo, lui, échoue tout à fait. Rien à attendre des quelques photos de paysage que nous tentons, dubitatifs.

 

La chaleur grimpe vite. Les insectes déjà nombreux à cette heure précoce croisent notre route à chaque instant. Un Petit Sylvain et ses ailes noires maculées de blanc sur le chemin caillouteux. Un Tabac d’Espagne butinant une fleur de ronce. Des Tristans – petits papillons chocolat – virevoltent ici et là. Quelques Sylvaines posées sur les feuilles. Le premier Amaryllis de l’année. Le tout saupoudré avec soin de nombreux Myrtils.

 

Les libellules protestent de cette hégémonie papillonesque – et qu’importe si le mot n’existe pas. Des Caloptéryx vierges apparaissent dans notre champ de vision et nous détournent temporairement des lépidoptères multicolores. Le mâle arbore une couleur bleu sombre aux multiples reflets métalliques. La femelle est émeraude avec des ailes de caramel. Depuis leurs postes d’observation sur des feuilles à mi-hauteur, elles surveillent les environs. Une grande Aeschne bleue passe et après quelques hésitations se pose à son tour sur une branche basse d’un chêne. C’est l’une des plus grandes libellules d’Europe, d’une envergure pouvant atteindre onze centimètres.

 

Alors que la chaleur devient forte…

 

… et que nous restons le plus possible à l’ombre, le sous-bois s’ouvre. Une mare apparaît. Une quinzaine de mètres de diamètre. Surface lisse piquée de végétations flottantes – lentilles d’eau, potamots. De grandes libellules que la chaleur rend hyperactives chassent les petits insectes dont elles se nourrissent et se chassent mutuellement de territoires dont les limites nous échappent. Libellules déprimées – à l’abdomen aplati –, Libellules à quatre taches. Les deux espèces se supportent mal et dépensent leur énergie sans compter à s’affronter violemment. A nos pieds, dans les herbes riveraines, des petits bâtons bleu et noir volettent mollement d’une tige à l’autre. Une vingtaine d’Agrions jouvencelles, des libellules frêles et de petite taille – vivent leur vie sur ces quelques mètres carrés. Longs sifflements derrière nous. Qui se répètent. Trois ou quatre notes à chaque fois. Toujours la même strophe provenant des grands chênes de l’autre côté du chemin. Un Loriot d’Europe. Un très bel oiseau jaune et aux ailes noires. De la taille d’un merle. Planqué dans les frondaisons et qu’on ne voit généralement qu’au vol entre deux bosquets – sauf au début du printemps avant que les feuilles ne le masquent.

 

Parvenus à une patte d’oie, le groupe est amené à voter démocratiquement. Le choix ? Un chemin serpentant tranquillement en crête et un second s’aventurant dans les pentes. Courageusement, le dénivelé est plébiscité de façon unanime. Emus d’une telle cohésion, nous nous engageons sur le sentier de droite. Après avoir traversé un grand roncier sur lequel les papillons butinent en nombre – Tabac d’Espagne, Petits Sylvains, Myrtils, Tristans… – le chemin entame une descente douce. Et débouche sur une belle prairie de hautes graminées. Des haies. Des fleurs de toutes les couleurs – Achilées mille-feuilles, Centaurées, Epilobes, Lupins, Ombellifères… Une Bondrée apivore cercle au-dessus de la forêt.

 

La clairière s’achève sur la lisière opposée. Le groupe retrouve avec soulagement l’ombre des arbres. Des bouquets de Pins sylvestres tapissent la pente au-dessus de nous. Sur le sentier, des plumes perdues par leurs propriétaires. Une ici. Une autre plus loin. Glanée avec méthode tout au long de notre parcours : Pic vert, Pic épeiche, Corneille noire, Pigeon ramier, Chouette hulotte… Autant d’indices sur la présence de ces espèces.

 

Mais toute descente à son revers. Il nous faut maintenant regagner le plateau sur lequel nos véhicules sont garés. La côte est abordée avec la résignation de ceux qui se savent condamnés sans échappatoire à espérer. Le sable est peu profond et au final la remontée est avalée sans difficulté malgré la chaleur.  La boucle est bouclée après une dernière ligne droite. Six kilomètres au compteur et beaucoup d’images en tête et – espérons-le – dans l’appareil photo. Le groupe se sépare aux environs de 12h28, heureux de cette première sortie en forêt de Dourdan.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Bondrée apivore, Buse variable, Pigeon ramier, Pic noir, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Loriot d'Europe, Corneille noire, Mésange charbonnière, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Grive musicienne, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Pouillot véloce, Gobemouche gris, Pipit des arbres, Bec-croisé des sapins, Pinson des arbres

 

Papillons de jour :

Hespérie de la houque, Sylvaine, Piéride de la rave, Piéride du chou, Amaryllis, Tristan, Myrtil, Tabac d'Espagne, Petit Sylvain, Vulcain

 

Libellules :

Caloptéryx vierge, Agrion jouvencelle, Aeschne bleue, Libellule déprimée, Libellule à quatre taches, Sympétrum sanguin

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