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18 juin 2019

Au festival

de l'engoulevent… 

Orage ou pas orage ?​

 

Météo France nous a prévenu : des orages viendront achever cette journée étouffante et lourde. Durant la soirée et au cours de la nuit. D’ailleurs, l’après-midi voit de lourds cumulonimbus se former, s’étoffer et envahir le ciel.

 

Soupirs…

 

Mais point de résignation. Balade maintenue une nouvelle fois.

 

A l’heure du rendez-vous, dans un hameau de Grosrouvre, le ciel est bleu. Les nuées grisâtres ont disparu. Evaporées on ne sait où. Le vent, tombé lui aussi, laisse en paix les houppiers immobiles. Le Pinson des arbres chante à tue-tête – heureux de ne pas avoir pris l’orage sur le coin du bec. Quelques Hirondelles rustiques continuent de chasser les insectes au-dessus des toits. Fauvettes à tête noire, Pigeons ramiers et Chardonnerets élégants se montrent eux aussi actifs en ce début de soirée.

 

Une sortie qui débute sous les meilleurs auspices.

 

Encore 28°c au thermomètre. Quelques moustiques tournent autour d’un festin que nous défendons. Ils sont étonnamment peu nombreux au regard de l’humidité de l’après-midi. La moiteur des heures chaudes – encore palpable – risque d’apporter davantage d’insectes hématophages. Le chemin pénètre en forêt. Des chênes épais et poussant droits comme des « i » encadrent le sentier empierré. Ici comme dans toutes les forêts de France depuis maintenant deux ans, les coupes de bois empilent les grumes centenaires sur notre parcours. Rambouillet comme beaucoup d’autres a clairement une vocation productive. Le promeneur admire une riche forêt mais le financier, lui, voit une manne financière. Deux points de vue irréconciliables.

 

Les pics, très actifs, nourrissent leurs jeunes hurlant du fond de leur nid qu’on les laisse scandaleusement mourir de faim. Les parents éreintés multiplient les allers-retours et tentent vainement de rassasier tout le monde en gardant un œil circonspect sur les promeneurs du soir – un petit groupe assez inhabituel à cette heure tardive. Des Pics épeiches en majorité. Mais aussi quelques Pics mars, plus petits et un peu plus rares. Et même un Pic épeichette – bien plus petit et devenu bien plus rare depuis une décennie environ.

 

Des chênes aux feuilles lobées. Des hêtres aux feuilles duveteuses. Des charmes aux feuilles finement dentelées. De grands arbres étalent leurs branches là où leurs voisins laissent un espace disponible. L’objectif est de capter la lumière. L’énergie indispensable au processus de photosynthèse. Pour transformer le minéral en organique – la pierre en sucre. Fabriquer de l’énergie et croître. Pour un arbre au milieu d’une parcelle, cette quête le pousse vers le haut. Pour tenter de se hisser au-dessus des voisins. Pour un accès au ciel. Compétition, mais aussi communication et entraide au niveau de l’écheveau racinaire où existent des échanges entre individus.

 

Un monde d’une grande complexité et d’une incroyable richesse.

 

Au bord du plateau, à l’endroit précis où le sentier plonge droit dans une pente sableuse, le paysage se dégage. Malgré la hauteur des Pins sylvestres, le regard porte. Le soleil, proche de l’horizon, illumine le sous-bois. Traverse les feuilles encore tendres des hêtres. Les transforme en bronze et en or. Une recette que tous les alchimistes du monde ont vainement cherchée.

 

Contre-jours éblouissants.

 

Une Mésange noire chante au loin au cœur d’une pinède face au couchant. Notes aiguës et rythmées. L’espèce est peu commune en forêt de Rambouillet. Et circonscrites aux zones bien exposées peuplées de résineux. La célèbre strophe du Coucou gris retentit peu après. Une espèce que tout le monde connait et qui apparaît souvent dans la forêt lointaine comme une bouée au milieu d’un océan de voix mêlées – « Cou-Cou… Cou-Cou… »

 

Au concert…

 

Avec le soir qui tombe, les odeurs montent. Montent du sol. Le sable chauffé par une journée estivale. La terre et l’humus aux pieds des chênes. Les bruyères en début de floraison. L’écorce des pins. Le chèvrefeuille… Autant de parfums qui s’harmonisent et viennent titiller nos narines. Le vent, toujours au plus bas, agite à peine les feuilles. Ciel sans nuage.

 

Point d’orage à l’horizon.

 

Le soleil parti éclairer le reste du monde, la luminosité baisse progressivement. Turner a joué avec ses pinceaux ce soir. Du jaune, de l’ocre. Du rose. Et sur l’orient du bleu nuit qui s’assombrit à chaque nouvelle minute. A 22h00, un « Psitt » retentit, tombant du ciel. Puis un autre « Psitt » plus près. Et un autre. Au quatrième, un oiseau rondouillard franchit l’espace libre au-dessus du chemin. Silhouette sombre au long bec pointé vers le sol. Battements d’ailes rapides. Et un autre « Psitt ». Une Bécasse des bois entre en scène et ajoute son nom à notre liste d’espèces contactées durant al soirée. L’oiseau s’éloigne rapidement au-dessus de la parcelle. Les « Psitt » décroissent et finissent par s’estomper tout à fait. Nous la reverrons probablement.

 

Une Aeschne-velue printanière nous survole à son tour. La grande libellule verte et bleue vole à environ trois mètres au-dessus du sol. Grande mais relativement petite pour un aeschnidé. L’animal, après deux ou trois allers-retours, s’éloigne chasser plus loin.

 

Nous débouchons enfin dans une parcelle plus basse. Avec de jeunes bouleaux de deux ou trois mètres de haut à peine. Poussant de façon clairsemée, laissant la part belle à une petite lande de bruyère. Un chemin de sable ici avec une bande de bruyère en son centre. Et des pins encerclant le tout. Un coin où notre groupe marque une pause.

 

Maintenant que nous ne marchons plus, les moustiques arrivent par petits groupes. Nous trouvent, nous entourent de toute leur attention intéressée. Un insecte tente une approche et s’enhardit à poser sur un bras nu. Le rappel à l’ordre, immédiat, ne décourage nullement les autres. Les troupes ailées restent toutefois éparses.

 

Un « Couac » bref parvient enfin à nos oreilles. Un Engoulevent d’Europe, encore en coulisse, achève de se préparer. L’oiseau apparaît tout à coup devant nous. Vol chaloupé, papillonnant. Presque une danse. Les taches blanches au bout des ailes et de la queue révèlent un mâle. Un passage, deux passages. L’oiseau nous tourne autour. Curieux ou agacé de nous trouver sur son territoire. Le couple maintenant nous tourne autour. Le mâle pose régulièrement pour chanter. Un long bourdonnement emplit alors la nuit naissante.

 

Un engoulevent descend à terre. Sa silhouette sombre bien visible sur le sable blanc. Nous approchons lentement. Prenant quelques photos malgré la lumière très faible. L’oiseau décolle et pose vingt mètres plus loin. On approche, il recule. Le manège se poursuit ainsi quelques minutes. Mètre après mètre, l’oiseau de nuit nous attire hors de son territoire.

 

Trois ou quatre chanteurs différents se répondent maintenant. Rassurés par notre calme, les oiseaux nous ont accepté. Nous les observons dans de très bonnes conditions. Leurs silhouettes apparaissent fréquemment au-dessus de nous. Le chant du mâle dans les oreilles, parfois très proche.

 

Une chauve-souris de très belle taille chasse les insectes de son vol saccadé et acrobatique. A la hauteur des arbres (trois mètres environ), la Noctule commune enchaîne les changements brusques de direction. Une Chouette hulotte hulule au loin.

 

A 22h45, nous nous arrachons à ce magnifique spectacle de la nature pour reprendre notre route et regagner les véhicules. Jupiter se hisse au-dessus des arbres et brille de mille feux. La pleine lune est encore masquée mais la lueur qu’elle répand autour d’elle éclaire déjà l’est.

 

Trente minutes plus tard la sortie s’achève au son des Rainettes vertes qui s’époumonent dans une mare proche du parking. Au sud-ouest, une colonne de nuages monte progressivement. Mais sa course, lente, ne menacera pas ce bel endroit de forêt avant le milieu de la nuit. Une fois de plus, l’audace a payé. Nous aurions regretté de craindre la pluie et de passer cette magnifique soirée au fond d’un canapé.

 

Liste des espèces

​

Oiseaux :

Bécasse des bois, Pigeon ramier, Coucou gris, Chouette hulotte, Engoulevent d'Europe, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Hirondelle rustique, Corneille noire, Mésange charbonnière, Mésange noire, Mésange nonnette, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive draine, Fauvette à tête noire, Fauvette des jardins, Pouillot véloce, Pouillot siffleur, Roitelet huppé, Moineau domestique, Chardonneret élégant, Pinson des arbres

 

Chiroptères :

Noctule commune

 

Libellules :

Aeschne-velue printanière

 

Amphibiens :

Crapaud commun, Grenouille verte, Rainette verte

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