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26 janvier 2019

Matinée aux étangs

de Saint-Hubert 

Au bord de l’eau…

 

Humidité omniprésente dès le lever du jour. Des nuages tous plus gris les uns que les autres roulent à tombeau ouvert dans le ciel, emportés au loin par un norois un peu frisquet. Une petite pluie fine nous accueille au départ de la balade.

 

Qu’importe !

 

C’est l’hiver. Le groupe ne craint pas l’ondée. Est équipé pour le froid. Chaussé d’épais croquenots tous-terrains. Et rassuré par les prévisions météorologiques qui annoncent des éclaircies dès le milieu de la matinée.

 

Parvenus sur la première digue et à l’approche de l’étang, une flopée de Grandes Aigrettes s’envolent. De la taille d’un Héron cendré, ces grands oiseaux blancs au plumage immaculé décollent en nombre des premiers roseaux. Difficile de les compter à travers les branches de la haie d’aubépines. Dix, quinze, vingt… Nous retenons un effectif compris entre vingt-cinq et trente. Les aigrettes tournent et posent un peu plus loin. Quand une seconde salve est tirée. D’autres Grandes Aigrettes décollent à leur tour. De l’étroit chenal au pied de la digue. De la roselière sur notre gauche. Encore une quinzaine d’oiseaux. Soit une bonne quarantaine en tout. Effectifs particulièrement important et record en région Ile-de-France.

 

Contrairement aux cigognes, les aigrettes et les hérons ne volent pas le cou tendu mais au contraire replié dans les épaules. Leur silhouette semble alors se doter d’un jabot ou d’un goitre volumineux qui permet d’identifier immédiatement et à très grandes distances un représentant de la famille des ardéidés (hérons en consorts).

 

Le chant explosif de la Bouscarle de Cetti rompt tout à coup la sérénité des lieux. Espèce frileuse, la bouscarle avait disparue de la région et repoussée le long du littoral à la suite des hivers froids des années 1980. De retour depuis une vingtaine d’années, elle bénéficie maintenant de la douceur pour étendre son aire de répartition à l’intérieur des terres. Le réchauffement climatique profite aussi à quelques espèces.

 

La pluie cesse vers 9h30. Dans les haies de la digue, de nombreux oiseaux piaillent. Certains, dopés par la douceur des derniers jours commencent même à chantonner. La Mésange bleue, la Mésange charbonnière, le Bouvreuil pivoine, le Rougegorge familier. Tous vont nicher au printemps dans ce réseau de buissons denses. Et s’occupent de dresser la liste des emplacements potentiels pour y construire leur nid.

 

Des canards barbotent dans l’eau glacée. Des Canards colverts – l’espèce la plus commune et visible toute l’année sur ces étangs. Des Canards chipeaux au plumage gris-plomb magnifié sur le dos de plumes rousses frangées de crème. Des Canards souchets à l’épais bec en spatule. Cette dernière espèce est en effet un filtreur que se nourrit de plancton, de micro-organismes végétaux et animaux en suspension dans l’eau. On les voit fréquemment s’organiser en ronde et tourner comme sur un manège pour enfants. La rotation générant un tourbillon remontant les particules du fond en surface.

 

A l’opposé de ces canards dits de « surface », il existe des canards plongeurs. Se nourrissant de végétation aquatique, de mollusques, de crustacés et capables de plonger à trois ou quatre mètres de profondeur pour les débusquer. Le Fuligule milouin est l’un d’eux. Le mâle est gris avec la tête rousse. La femelle est bien plus terne – comme toutes les femelles d’oiseaux – et possède un plumage discret lui permettant de se fondre dans le décors durant les semaines de grande vulnérabilité durant lesquelles elle devra rester immobile sur son nid à couver ses œufs.

 

En forêt…

 

Sur le sentier en lisière, l’Alouette des champs vocalise. Elle chante en vol. A quelques dizaines de mètres du sol, se maintenant en l’air à la verticale de son domaine par des battements d’ailes très rapides. Un chant mélodieux pouvant se prolonger de longues minutes.

 

Puis le groupe pénètre en forêt. Les arbres trempés de la pluie de la nuit n’en finissent plus de s’égoutter. Le sous-bois de ronces est mitraillé à l’envi, s’égouttant à son tour sur le sol gorgé d’eau. Nos épais croquenots trouvent ici leur utilité. Les Sittelles torchepots se montrent déjà très actives. Patrouillant sur leur territoire, visitant les anfractuosités à la recherche d’une cavité où déposer le nid. Chantant de leur voix forte.

 

La pluie choisit de reprendre. Une nuée plus sombre que les autres s’épanche au-dessus de nos têtes. Quelques gouttes d’abord puis plus forte. Le pavillon de l’empereur Napoléon Ier se dresse devant nous, démembré, sans toit, les murs éventrés. Bâti en 1808, le petit monument n’a servi que quelques années avant la chute du grand homme. Puis est tombé en ruine dès la Restauration.

 

Un abri bien précaire aujourd’hui pour qui aimerait se protéger d’une averse.

 

Une volée de pinsons franchit l’espace découvert du sentier. Des Pinsons des arbres. Mais le cri si caractéristique du Pinson du nord se mêle bientôt aux autres. Un parmi la petite troupe qui malheureusement poursuit son chemin au-dessus de la forêt.

 

Dans les branches nous surplombant, des petites boules de plumes très vives sautillent d’une branche à l’autre, se pendent la tête en bas et décortiquent de leur bec minuscule les graines des arbres – des bouleaux. Une ronde de Mésanges bleues à laquelle se mêlent quelques Mésanges charbonnières et Roitelets huppés.

 

Nous ressortons de la forêt par la rive nord des étangs. La pluie a de nouveau cessé. Mais le vent a forci. Une poignée de Grands Cormorans – noirs de jais – traversent le ciel. Un jeune Goéland leucophée les suit au train. Et c’est le retour aux véhicules. Avec une liste hivernale de trente-quatre espèces d’oiseaux contactés. Un palmarès honnête en cette saison mais qui augmentera dans les semaines à venir avec le retour des migrateurs dans le courant de février.

 

A suivre…

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Canard colvert, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Goéland leucophée, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Pic épeiche, Alouette des champs, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Bouscarle de Cetti, Roitelet huppé, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Pinson du Nord, Moineau domestique, Bruant des roseaux

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