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Janvier 2019

Pays-Bas

Samedi 19…

 

Après un voyage sans histoire et sans trafic routier, l’arrivée aux Pays-Bas se fait sous un soleil radieux. Légère brise venant comme nous du sud, mais glaciale. Pas un nuage visible. Du bleu et rien que du bleu. L’office du tourisme hollandais a bien travaillé.

 

Le polder s’étend sur des centaines d’hectares. Des pâtures humides. Avec des touffes de joncs ici, un bouquet de roseaux là. Des canaux larges de quelques mètres cloisonnent l’espace.

 

L’air bruisse d’une rumeur, sourde mais omniprésente. Des oies. Des centaines peut-être. Des milliers sûrement. Des cris d’oiseaux au vol. Du bavardage au sol. A droite. Mais aussi à gauche. Les Bernaches nonnettes sont magnifiques. Leur plumage blanc et noir luit au soleil. Et contraste avec l’environnement dominé par mille nuances de vert. Quelques oiseaux la tête levée inspectent les environs, à l’affût d’un danger éventuel. Cette veille – essentielle – permet aux autres de brouter la végétation basse en toute quiétude. Puis les guetteuses s’alimentent à leur tour, relayées par d’autres. Le grand nombre d’oies permet un roulement aisé et naturel – et une surveillance efficace.

 

Tout à coup, l’ensemble des oies s’envolent – paniquées. Malgré notre vigilance, aucun danger n’est repéré. Le Pygargue à queue blanche auquel nous avons tous pensé reste invisible. Grand rapace de plus de deux mètres d’envergure, il est l’un des super prédateurs de ces contrées septentrionales. Tous les oiseaux le craignent – à l’exception des cygnes protégés par leur grande taille. Après un vol de quelques minutes, deux ou trois tours pour se tranquilliser, les oies se posent à nouveau et poursuivent leur déjeuner. Une fausse alerte sans doute.

 

Avec leurs larges stries noires qui leur barrent le ventre et leur front blanc, des Oies rieuses sont identifiées. Leurs cris enjoués et toniques leurs ont valu leur nom. Rechercher la très rare Oie naine parmi elles tient du défi. Très semblable, la petite oie ne s’en distingue que par sa silhouette rondouillarde, le peu de stries noires sur le ventre, un cercle orbital jaune autour de l’œil et une zone blanche plus étendue sur le front. Et naturellement par sa petite taille qui la dissimule souvent lorsqu’elle est au centre d’une troupe d’oiseaux plus grands qu’elle.

 

Notre quête reste malheureusement vaine. Mais la découverte d’une splendide Bernache à cou roux nous console amplement !

 

La seconde partie de l’après-midi est consacrée à une très belle zone marécageuse à l’ouest de Bergen-op-Zoom. Un polder protégé des eaux de l’estuaire par une formidable digue. Un polder troué de mares, d’étangs de faible profondeur. Zébré de canaux, de fossés herbus ou plein d’eau. Quelques moutons paissent, protégés du froid par une épaisse toison de laine. Au fond, plusieurs moulins étirent leurs ailes aux quatre points cardinaux.

 

Une carte postale hollandaise…

 

Dès notre descente de voiture, un rapace est repéré. Posé sur un gros buisson. Un premier coup de jumelles nous intrigue. Nous emplit d’espoir. Une buse, avec la tête et la poitrine très blanches, semblant contraster avec le ventre… Les longues-vues sortent rapidement des coffres. Les trépieds sont dépliés sans geste brusque. Sans bruit métallique importun. De la vitesse mais pas de précipitation. Ne pas effrayer ce magnifique oiseau dont nous devons confirmer l’identification.

 

Le ventre est effectivement très sombre. Un oiseau de toute beauté mais se révélant farouche. La buse ne tarde pas à s’envoler, nous révélant ses poignets noirs et sa queue blanche terminée d’une large barre noire. Bien que régulière, la Buse pattue est une espèce rare aux Pays-Bas. Et plus encore en France. Son observation est chaque fois un grand moment d’ornithologie. Nous perdons l’oiseau de vue. Disparu en direction de l’est. Partant chasser ou se poser tranquillement sur un des innombrables piquets jalonnant le paysage. Un début en fanfare. Sourire sur toutes les lèvres.

 

Les plans d’eau sont couverts de canards. Canards siffleurs, Canards souchets, Canards chipeaux, Canards pilets, Canards colverts, Sarcelles d’hiver, Fuligules milouins et morillons, Tadornes de Belon. Et naturellement des centaines d’oies. La liste s’allonge à chaque nouvelle minute. En quête de nourriture, des Courlis cendrés, oiseaux au bec arqué et particulièrement long, picorent le sol herbeux aux grés de leurs errances zigzagantes.

 

Lorsqu’un nouveau nom parvient à nos oreilles. Un nom que nous espérions tous entendre avant la fin de notre séjour : Harelde boréale !

 

Un très beau mâle adulte vient en effet d’être découvert sur un autre plan d’eau. Cessant ses observations, chacun se déplace pour l’admirer nageant en compagnie de quatre Garrots à œil d’or. Un canard de petite taille. A la livrée blanche et noire absolument somptueuse. Ses très longues rectrices dansent au vent. Bien que sans femelle de son espèce à proximité, l’oiseau parade – probablement excité par l’activité des garrots tout proches. Si l’observation est magnifique dans la lumière de cette fin d’après-midi, l’oiseau reste malheureusement à distance – trop loin pour espérer rapporter une photo, même de qualité médiocre.

 

Un grand rapace est alors repéré en vol stationnaire. Amples battements d’ailes. Serres pendantes. Yeux rivés au sol à rechercher une proie inconsciente du danger qui la guette. La Buse pattue reparaît et se joue du vent qui souffle plus fort maintenant que nous sommes près de l’eau. Le froid est vif. Les joues piquent. Les yeux pleurent. Certains ne sentent plus leurs pieds. D’autres ont les mains rougies d’avoir renoncé aux gants afin de prendre des photos : difficile de manipuler le déclencheur d’un appareil ou d’utiliser l’écran tactile des téléphones portables les doigts emmitouflés dans une gangue protectrice.

 

Finalement frigorifiés, nous quittons le site dans les lueurs du soir. La Buse pattue perchée sur un nouveau piquet nous surveille d’un œil, s’interrogeant sur ces zouaves passionnés si empressés à lui coller au train.

 

A l’auberge, fenêtres des chambres grandes ouvertes. Stop.

Pièces bien aérées, mais aussi froides que l’extérieur. Stop.

Chauffage poussé au maximum. Stop.

Puis un bon dîner revigorant. Stop.

Et une bonne bière pour faire descendre. Stop.

Soixante-cinq espèces au compteur de cette première journée. Stop.

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Dimanche 20…

 

Les Chouettes hulottes ont chanté une bonne partie de la nuit. Notre auberge, située en pleine forêt, tranche avec les habitats ouverts visités la veille. Des Roitelets huppés piaillent dans les grands pins au-dessus de l’entrée. Une petite bande de Pinsons du Nord posés dans un groupe de bouleaux nous laissent entrevoir leur dos blanc. La Sittelle torchepot chante et le cri d’un Sizerin cabaret tombe du ciel en provenance d’une volée de Chardonnerets. Le soleil se lève paresseusement. Pas un souffle d’air n’agite les branches. Le thermomètre indique -6°c et la journée risque d’être difficile si le vent se lève…

 

Le premier site visité – sur le Grevelingendam – nous offre les joies de la marée basse : de larges vasières s’étirent le long de la digue plantée d’éoliennes hors normes. Le contre-jour est violent. De nombreux limicoles sillonnent le miroir émergé. Petites boules de plumes lancées à la recherche de leur nourriture. Comme des électrons libres aux mouvements anarchiques et incessants. Huîtriers pies – surnommés Pies de mer –, Pluviers argentés, Courlis cendrés, Chevaliers gambettes. Un Bécasseau maubèche est découvert au beau milieu des Bécasseaux variables.

 

La vasière fourmille de vie.

 

Des Bernaches cravants – sur l’eau – poussent leurs grognements si caractéristiques. Cette petite oie noire nage sur les rides fluviales. Ici Meuse et Rhin mêlent leurs eaux et achèvent de concert leur course jusqu’à la Mer du Nord. Un vent faible et chargé d’humidité lacère les parties non couvertes de nos visages. Les joues rosissent.

 

Partout les eaux douces des marais intérieurs sont gelées. Peu profondes, ces pièces d’eau se couvrent rapidement de glace lorsque la température descend sous zéro. Les oiseaux ont déserté. Pas un limicole. Pas un canard. Tout ce qui a des ailes est parti tenter sa chance plus loin. Dans les eaux saumâtres ou en mouvement. Celles qui gèlent plus tard et offrent encore nourriture et sécurité.

 

Sur le littoral, le vent moribond tente en vain d’agiter la mer. Pas davantage de vague qu’une chaude journée estivale. Un vendeur ambulant s’y est trompé. Après avoir garé son camion et sorti ses pancartes aux couleurs Miko, l’homme attend le chaland comme lors d’une après-midi de juillet. Et le calcul n’est sans doute pas mauvais car les promeneurs profitent en nombre de cette magnifique météo dominicale.

 

Plusieurs d’entre eux nous abordent, intrigués par notre matériel. Yves répond à toutes les questions dans un néerlandais qui se fluidifie au fil des heures. Une centaine de Plongeons catmarins pèchent dans les eaux poissonneuses de la côte. Quelques Garrots à œil d’or plongent eux aussi à la recherche de leur repas. Des Harles huppés – l’espèce la plus commune sur le site aujourd’hui – s’approchent fort près de la digue. A portée de téléobjectifs.

 

Aux pieds de l’enrochement, là où les flots de la marée haute viennent mourir, des petits échassiers slaloment entre les pierres. Fouillent parmi les bouquets de moules sauvages et autres coquillages. Des Tournepierres à collier croisent des Bécasseaux violets. Avec un peu de patience, nous approchons les oiseaux à quelques mètres. Et parvenons temps bien que mal à les capturer dans le viseur de l’appareil photo.

 

Mais les stars de cette journée apparaissent bientôt. Venant chasser les poissons dans le goulet d’étranglement de la grande vanne qui perce la digue, deux corps gris-anthracite de près de deux mètres de long. Un museau pointu et de longues moustaches blanches. Des Phoques gris à moins de trente mètres du bord. Disparaissant fréquemment sous la surface. Puis remontant. Têtes hors de l’eau à contempler les alentours avec curiosité. Avec les photographes, l’observation est mutuelle. Les deux phoques s’offrent durant de longues minutes. Très proches l’un de l’autre. Echangeant de nombreux contacts, notamment de la tête.

 

Tout au nord de la digue, le long d’une belle plage de sable fin, de timides vaguelettes viennent mourir à nos pieds. La marée est maintenant étale. Au niveau des plus hautes laisses de mer. Là encore de nombreux Plongeons catmarins, Harles huppés et Grèbes esclavons. Et quelques très beaux mâles adultes d’Eiders à duvet. Notre attention est bientôt captée par un oiseau au plumage très blanc. Ne restant que quelques secondes en surface avant de plonger à la recherche de petits poissons, de crustacés ou de mollusques qu’il capture en se propulsant sous l’eau à l’aide de ses ailes. Le Guillemot à miroir – ou « Guillemot noir » en anglais et en néerlandais – est comme le yin et le yang. Presque entièrement noir en été. Presque entièrement blanc en hiver. Manichéen ! Les observations sont splendides dans la magnifique lumière de ce milieu de journée.

 

L’une des observations marquantes de notre séjour intervient quelques heures plus tard. A l’heure où les gastronomes en culottes courtes (ou longues par ce froid) croquent à pleines dents dans leurs tartines beurrées. Notre groupe aperçoit sur la pelouse d’un polder une forme au sol. Comme agitée de soubresauts. A l’agonie.

 

Une aile se dresse. Rémiges frangées de lumière dans le contre-jour. Nous nous interrogions sur le nom du rapace au sol lorsqu’une oreille – poilue – dépasse à son tour de la végétation. La masse informe est donc double – de plumes et de poils. Le mammifère est rapidement identifié : un beau lièvre. En mauvaise posture visiblement. Mais contre toute attente, l’animal parvient à s’échapper, fonçant à toutes pattes, droit devant de lui. Le rapace décolle, bien décidé à ne pas laisser échapper sa proie. Une belle femelle d’Autour des palombes rattrape bientôt son déjeuner. Virage à gauche pour le lièvre. Demi-tour sur l’aile, rectrices étalées pour le rapace. Capture. Lutte au sol. L’oiseau ailes ouvertes pour se stabiliser. Le lièvre se débat. S’échappe de nouveau. Est repris l’instant suivant.

 

Du poil commence à voler. Par touffes blanches. L’épilogue approche lorsqu’une Corneille noire opportuniste pointe le bout de son bec. A distance, le corvidé observe la scène. Patiente. Avec quelques espoirs de grappiller les miettes. L’autour ne lui jette pas un regard et continue de dépecer sa victime. Quand un troisième larron s’invite à la fête. Une Buse variable, sûre de sa suprématie, chasse le chasseur et lui ravit sa proie. L’autour s’envole pour se poser dix mètres plus loin. Les deux rapaces s’observent. Semblent bien se connaître. Opposés l’un à l’autre par un contentieux sans doute déjà lourd. La buse ne touche pas à la proie. L’autour n’avance pas d’un centimètre pour tenter de la reprendre. Attente. Qui aurait pu se prolonger. Mais la buse s’envole et s’approche de l’autour. La différence de taille est faible. La buse est toutefois plus massive, plus robuste. L’autour ne peut lutter et recule de quelques mètres.

 

La buse avance. L’autour recule…

 

Et la proie ? Elle n’est pas perdue pour tout le monde. La corneille qui observait la dispute s’approche en catimini. Profitant de l’aubaine, elle commence à manger goulûment. Le plus vite possible, attentive aux moindres mouvements des deux dindons de la farce. La corneille doit bien rire de la scène qui n’est pas sans rappeler certaines lignes savoureuses du Roman de Renart.

 

Retour à l’auberge dans les lueurs du couchant. Stop.

Silhouettes noires des immenses éoliennes sur le ciel orangé. Stop.

Peau du visage qui tire. Stop.

Légers coups de soleil fort inattendus. Stop.

Cent-trois espèces au compteur à l’issue de cette deuxième journée. Stop.

Qui se lève à 5h20 pour observer l’éclipse ? Stop.

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L’éclipse totale de lune…

 

Pas bien réveillés. Séance d’habillage. En silence et dans la pénombre pour laisser dormir ceux qui souhaitent rester au chaud sous l’épaisseur réconfortante de la couette. Une couche. Deux couches… On empile les vêtements dans l’espoir utopique de résister au froid. Jumelles, lunettes d’observation, appareils photo.

 

La porte s’ouvre. Le froid nous tombe dessus. Sans crier gare. L’air est parfaitement immobile. Pas un souffle d’air. Pas un nuage. Pas un bruit. Pas un mouvement. La nature est endormie. Figée par le gel. Le thermomètre affiche -8°c. Brève pensée nostalgique pour la douce chaleur du lit restée derrière nous. Mais lorsque nous levons le nez en direction de l’ouest, tous les regrets s’évanouissent.

 

Au-dessus des pins, une lune couleur de sang – très assombrie – trône dans un ciel d’encre. Quelques étoiles trouent les ténèbres autour d’elle. Castor et Pollux un peu au-dessus de l’horizon. La Grande Ourse au zénith. La constellation du lion au sud. Cassiopée au nord.

 

La beauté du spectacle est saisissante. Il est 5h45, la phase de totalité vient tout juste de débuter et plus personne ne pense au froid qui nous a giflé une seconde plus tôt. Les trépieds sont dépliés. Les lunettes braquées sur l’astre rougi. Les premiers appareils photos crépitent. Différents temps de pause sont testés. Un peu au hasard. Avec un retardateur fixé à deux secondes pour ne pas risquer de faire vibrer l’appareil en déclenchant manuellement.

 

Grossi vingt ou trente fois dans la lunette, le disque lunaire crève l’écran. Les mers sombres teintées de bordeaux. Les plaines plus claires tirant sur le magenta. Et la couronne supérieure apparaissant plus claire.

 

Régulièrement, au gré de la rotation terrestre, le matériel est réaligné. Avec des gestes que le froid rend à chaque minute plus maladroits. On piétine sur place pour se réchauffer. Les gants ne sont plus ôtés qu’à l’instant d’une prise de vue. A 6h45, le pôle nord de la lune commence à s’éclairer. La tâche de lumière progressant vers le centre. La totalité est achevée. L’éclipse n’est plus désormais que partielle.

 

Après une heure et demie d’observation, une thermos de thé brûlant apparaît comme par magie. Les tasses réchauffent efficacement les mains. La chaleur du liquide irradie dans l’estomac. Se répand dans l’organisme. Breuvage salvateur et providentiel.

 

La sortie du cône d’ombre se poursuit. Stop.

La couleur rouge s’étiole comme peau de chagrin. Stop.

Au levant, Jupiter sort de derrière les arbres. Stop.

Vénus est là aussi, brillant de mille feux. Stop.

Rangement du matériel couvert de givre. Stop.

Et en avant pour un copieux petit-déjeuner bien mérité. Stop.

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Lundi 21…

 

La campagne saupoudrée de blanc étincelle dans la lumière rasante du soleil. Pas un souffle de vent. Même au cœur de l’estuaire où rien ne l’arrête pourtant. Les roseaux alourdis de givre baissent la tête. La Buse pattue, perchée sur le bois d’une barrière semble nous attendre. L’observation est magnifique mais de courte durée. Toujours aussi farouche, le rapace s’envole et s’éloigne au-dessus du marais.

 

Comme l’avant-veille, nous reprenons le chemin menant jusqu’à la digue protégeant le polder des eaux de l’estuaire. Juchés sur ce barrage, nous dominons les environs de quatre bons mètres – le sommet d’une colline au plat pays. Dans l’eau saumâtre, un phoque veau-marin sort la tête. Quelques dizaines de secondes d’observation et l’animal se retire, plongeant dans le courant.

 

Côté terre, la Buse pattue chasse. En vol de Saint-Esprit, l’oiseau traque sa proie. Oies rieuses et Bernaches nonnettes forment de grands vols, se déplacent sur le polder, broutent un instant, s’envolent à nouveau…

 

A midi, nous investissons une nouvelle fois notre pré carré de sable fin. Comme samedi, le Guillemot à miroir déjeune et beaucoup d’entre nous choisissent de l’imiter. Nous goûtons le plaisir d’observer une espèce aussi rare en ces lieux. Plus de deux-cents Plongeons catmarins forment des petits groupes de quelques oiseaux, allant jusqu’à la dizaine. Un effectif très important que nous n’aurons sans doute pas l’occasion de revoir avant longtemps.

 

Avant de regagner nos pénates respectifs, il est décidé d’achever notre week-end par la visite d’un dernier site. Un polder en arrière digue tout proche du littoral. Et situé sur la route du retour. A notre arrivée, des ornithologues hollandais observent déjà un petit groupe d’oies noires. Plusieurs centaines de Bernaches cravants se nourrissent dans un herbu. Une agitation importante  échauffe le groupe. Mouvements à droite. Mouvement à gauche. Mouvement d’ailes. Cris incessants.

 

En arrière-plan une Spatule blanche s’envole.

 

Après un bon quart d’heure de recherche, nos yeux se posent sur une magnifique Bernache du Pacifique. L’oiseau ressemble fort aux Bernaches cravants dont elle n’est que la sous-espèce implantée en Alaska. Plumage plus contrasté. Dos noir. Collier blanc plus large. Et grande zone blanche sur le flanc. Probablement le même oiseau déjà aperçu l’an dernier. Fidèle à son site d’hivernage.

 

La Bernache du Pacifique s’avère mal aisée à suivre dans ses déplacements au sein du groupe. Et lorsque la troupe s’envole pour se poser cents mètres plus loin, plusieurs minutes sont nécessaires pour la retrouver.

 

Sur les eaux de l’estuaire, quatre Macreuses brunes dorment la tête sous l’aile. La zone blanche sur les rémiges secondaires est bien visible malgré l’aile repliée. Critère diagnostique qui nous permet de distinguer cette espèce de la Macreuse noire bien plus commune. Un mâle adulte est repéré à la petite virgule blanche qu’il arbore sous l’œil. Un oiseau somptueux au plumage noir de jais serti d’un bec orangé.

 

On ne pouvait rêver plus beau final.

 

Merci pour ce beau séjour. Stop.

Très bonne ambiance, groupe très sympa. Stop.

Météo idéale, inespérée. Stop.

Mais il est l’heure de nous quitter et de regagner notre pays. Stop.

Cent-dix-sept espèces au compteur à la fin du séjour. Stop.

Cent-douze oiseaux et cinq mammifères. Stop.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Plongeon catmarin, Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grèbe esclavon, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Bihoreau gris, Spatule blanche, Cygne tuberculé, Cygne de Bewick, Oie cendrée, Oie rieuse, Ouette d'Egypte, Bernache nonnette, Bernache du Canada, Bernache cravant, Bernache du Pacifique, Bernache à cou roux, Tadorne de Belon, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard pilet, Canard siffleur, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Garrot à œil d'or, Harelde boréale, Eider à duvet, Macreuse brune, Macreuse noire, Harle huppé, Autour des palombes, Epervier d'Europe, Buse variable, Buse pattue, Busard des roseaux, Faucon pèlerin, Faucon crécerelle, Perdrix grise, Faisan de Colchide, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Huîtrier pie, Vanneau huppé, Pluvier argenté, Pluvier doré, Grand Gravelot, Courlis cendré, Barge à queue noire, Chevalier gambette, Chevalier arlequin, Tournepierre à collier, Bécassine des marais, Bécasseau variable, Bécasseau sanderling, Bécasseau maubèche, Bécasseau violet, Avocette élégante, Goéland cendré, Goéland argenté, Goéland brun, Goéland marin, Mouette rieuse, Guillemot de Troïl, Guillemot à miroir, Pigeon biset domestique, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Chouette hulotte, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Alouette des champs, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Pie bavarde, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange noire, Mésange huppée, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Bouscarle de Cetti, Pouillot véloce, Roitelet à triple-bandeau, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Pipit spioncelle, Etourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Sizerin cabaret, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Pinson du Nord, Bruant des roseaux

 

Mammifères :

Chevreuil européen, Lièvre d'Europe, Lapin de garenne, Phoque veau-marin, Phoque gris

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