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11 novembre 2018

La Seine et nous 

La réserve…

 

La boucle de Moisson est cernée par le fleuve. Un méandre s’écoulant paresseusement en direction de la mer. Creusant au nord dans la craie affleurant au grand air. Et déposant ses alluvions dans la partie centrale. La réserve est magnifique. Mêlée de bois de conifères, de chênes, de châtaigniers, de robiniers, de landes de callunes et de pelouses sèches. Un milieu diversifié et riche.

 

Une balade tournant autour de la partie centrale – interdite d’accès. Une balade que nous effectuons dans le sens horaire afin de garder le soleil dans notre dos durant la plus grande partie du parcours. Pour contempler les meilleures lumières sans risquer le torticolis – jamais très agréable…

 

Dès les dernières maisons et l’entrée en forêt, les couleurs d’automne explosent. Les jaunes se mêlent aux bruns. Les bruns aux verts. Des rondes de mésanges piaillent dans les houppiers. Des Mésanges charbonnières, des huppées, des longues queues. Des Mésanges bleues suspendues à des tiges jaunies. Un Rougegorge posé sur un rameau encore vert. Un Merle noir là. Le cri d’un Bouvreuil pivoine ici. Et un Verdier d’Europe passant au vol.

 

Toute une symphonie de couleurs.

 

Et les premières gouttes s’écrasent au sol. La pluie s’amplifie rapidement. Acquiert un caractère continu. Durable. Jetant sur le paysage un rideau terne. Et dont seul le sol parvient à stopper la course verticale. Les sur-pantalons imperméables sortent des sacs. Les appareils photo au contraire s’y réfugient. Peu d’espoir d’accalmie avant longtemps.

 

Pour le coup, le risque de contre-jour s’amenuise de façon drastique.

 

Les grives abondent dans cette partie de la réserve, couverte de bosquets d’aubépines, d’églantiers, de prunelliers chargés de baies. Un restoroute à ciel ouvert dans lequel les migrateurs tombés du ciel à la fin de nuit dernière prennent forces et repos. Les Grives mauvis sont les plus nombreuses. Leurs cris – des « siiii » puissants – résonnent de toute part. Puis passe une volée de Grives musiciennes – précédées par des « psitt » brefs –, au milieu desquels un staccato de « tchak » annonce deux Grives litornes.

 

Petites bandes de Tarins des aulnes de gauche et de droite.

 

L’ondée matinale perdure. Perle au bout de chaque branche. Ruisselle sur les blousons. Pénètre lentement les épaisseurs de tissu. Vernit le chapeau des champignons. Sature les couleurs de chaque feuille. Contemplatif, le groupe immortalise ces instants sur la pellicule – non, sur le capteur numérique qui l’a remplacée. Alors qu’une Amanite tue-mouche rejoint les autres images déjà dans la boite, un gros sanglier déboule en pleine course et traverse le chemin comme si sa vie en dépendait. Et à entendre les coups de feu au loin, sa vie en dépend probablement. Pas d’armistice pour lui. Le voilà toutefois en lieu sûr. Il survivra à ce dimanche.

 

La plainte du Pic noir retentit alors que nous ne sommes plus qu’à quelques hectomètres de la lisière. La réserve est derrière nous. On imagine les eaux de la Seine s’écoulant en contre bas.

 

La base de loisirs…

 

L’après-midi débute seulement lorsque nous atteignons la base de loisirs. Changement de décors. Nous troquons la forêt et les pelouses calcaires pour le vaste plan d’eau sur lequel nous espérons les canards nombreux.

 

La pluie a cessé. C’est toujours ça de pris. Le plafond est maintenant bien plus haut. La lumière bien meilleure. Les lunettes d’observation braquées sur le lac, nous entamons un balayage méthodique des flots. Des grappes noires d’anatidés s’étirent. Après un examen minutieux, beaucoup se révèlent être en réalité des Foulques macroules. Une espèce de rallidé à l’instar du Râle d’eau et de la Gallinule poule-d’eau. La foulque, c’est ce « canard » noir pourvu d’un bec blanc. Un oiseau commun, visible sur presque tous les plans d’eau, y compris ceux des parcs et jardins publics.

 

Une fois les Foulques macroules mises de côté, un certain nombre de « vrais » canards restent à identifier. Les trois cinquièmes sont des Canards colverts. Le mâle avec sa tête verte et la femelle de couleur sable. Les Canards chipeaux forment les deux derniers tiers. Le mâle semble terne avec sa couleur grisâtre. Mais vu dans de bonnes conditions de lumière, son plumage argenté finement vermiculé de noir apparaît de toute beauté. Pour l’anecdote, ajoutons à la liste une femelle de Sarcelle d’hier, une autre de Canard souchet bien reconnaissable à son gros bec en forme de spatule et trois Fuligules morillons. Une belle diversité en ce début d’hivernage.

 

Sur le chemin tournant autour de la base de loisirs, les arbres arborent les mêmes couleurs chaudes qu’en forêt. Alors que nous complétons notre collection d’images, un grand rapace sort de derrière le bois, nous survole et s’éloigne en direction de l’aval. De longues ailes brunes. Et un anneau blanc barrant le croupion. Une magnifique femelle de Busard Saint-Martin. Qui malheureusement s’éloigne rapidement, ne nous laissant qu’une dizaine de secondes d’observation.

 

Poursuivant notre parcours, de nombreuses grives volettent d’un buisson à l’autre. Leurs cris – fréquents – nous permettent de les identifier à l’oreille : les « siiii » dominent, mais les « psitt » ne sont toutefois pas en reste.

 

La surprise du jour – car l’espèce reste rare en Ile-de-France et que l’automne n’est pas la meilleure période de l’année pour croiser sa route –, apparaît sous la forme d’un petit laridé. Une petite mouette. Aux ailes bigarrées : un « W » noir nettement dessiné sur le gris sale des ailes. Une jeune Mouette pygmée chasse au-dessus de l’eau au milieu d’un petit groupe d’une trentaine de Mouettes rieuses. Plus petite – on s’en doute à son nom – d’environ 20% par rapport à la rieuse, la pygmée vole aussi plus légèrement.

 

Et le retour aux voitures se fait à la fin de la boucle. Pour nous saluer, un mâle de Bruant zizi chante. Un cri saccadé. Rythmé. Et dont l’onomatopée lui a valu son nom. Nous repartons sous un beau ciel. Nuageux mais clair. La sortie fut une réussite malgré l’humidité. Les oiseaux au rendez-vous et – probablement – de belles photos à trier !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule morillon, Épervier d'Europe, Busard Saint-Martin, Faucon crécerelle, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Goéland leucophée, Mouette rieuse, Mouette pygmée, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic noir, Corneille noire, Corbeau freux, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive litorne, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Pouillot véloce, Roitelet huppé, Roitelet à triple bandeau, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Verdier d'Europe, Tarin des aulnes, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant zizi

 

Mammifères :

Sanglier

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