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13 octobre 2018

Entre landes, lac et

falaises de craie… 

L’intérieur…

 

Il était une fois une presqu’île. La Seine nous encerclant. A l’est, au nord et à l’ouest. Un arc de falaises jalonnant le fleuve dans la partie convexe. Une plaine sableuse dans la partie concave. Au centre de la boucle, une belle réserve naturelle mêlant forêts de feuillus, forêts de conifères, landes de callunes et pelouses sèches.

 

Au départ du village de Moisson, un sentier s’enfonce en sous-bois. Des arbres jeunes. Robiniers, Chênes pédonculés, Noisetiers… Quelques pins. Les Rougegorges – comme partout depuis une quinzaine de jours – occupent chaque buisson. Emettent un « tic » métallique dans cet arbuste. Chantent depuis le haut de cet arbre… Tout notre périple est jalonné de proche en proche par ce petit oiseau à la gorge orangée. Parfois si familier.

 

Les rayons du soleil percent à travers la végétation et pictent le sol de taches de lumières vives. Le ciel est bleu et la chaleur monte déjà. Forte et anachronique en ce milieu d’octobre. Depuis les houppiers, des « psitts » tombent à intervalles réguliers. Des Grives musiciennes en halte migratoire. En quête de repos et de nourriture avant de poursuivre leur fuite vers le sud dès la nuit prochaine. Octobre est un mois d’importance pour la migration de nombreuses espèces à plumes. Et un « psiiiii » long et puissant ponctue l’ambiance d’une touche nordique. Une Grive mauvis, récemment arrivée de Scandinavie, mêle sa voix à celles de ses cousines. Elle aussi migre en octobre et en novembre. Certaines vont demeurer en Ile-de-France tout l’hiver alors que d’autres vont descendre davantage, sur la façade atlantique, en Languedoc. En Espagne…

 

Puis le « tac » très sec du Pic épeiche. Le rire du Pic vert. Les criaillements grinçants des Geais des chênes. Les rondes de mésanges virevoltants dans les branches – silhouettes rondes se découpant sur le bleu du ciel au hasard de leurs déplacements : Mésanges charbonnières, Mésanges bleues, Mésanges huppées, Mésanges nonnettes, Mésanges à longue queue. A l’automne et en hiver, les différentes espèces sont parfois mêlées dans une frénésie de mouvements vifs et incessants.

 

La forêt est pleine de vie.

 

Dans les parties ouvertes, de landes ponctuées de bouquets de pins ou de feuillus, l’avifaune se modifie : intérêt de l’entrelacement de différents biotopes. Effet « lisière » associant une diversité faunistique et floristique à la diversité des milieux.

 

Des Alouettes des champs et des Pipits farlouses sont posés dans les parties ouvertes. D’autres migrent, trahis par leurs cris – roulés pour les alouettes, flûtés pour les pipits. A un moment, il nous a semblé entendre un vol d’Oies cendrées. Probablement au vol très haut en raison des excellentes conditions climatiques. Mais aucune certitude. Une simple impression qu’aucun nouveau cri n’est venu confirmer.

 

Dans la partie orientale de la balade, aubépines et églantiers abondent. Comme beaucoup d’essences cet automne, leurs branches ploient sous le poids des fruits. Des baies rouges pour ces deux espèces. Autant de touches de couleurs habillant un paysage sec. Grillé par le manque d’eau. Baies que vont attendrir les premières gelées – si toutefois les températures consentent à baisser. Baies dont vont se repaître bon nombre d’espèces – merles et grives en tête. Une manne bienvenue pour les migrateurs de novembre. Ainsi que pour les oiseaux hivernants.

 

A la faveur de la chaleur, de nombreux insectes jouent les prolongations. Papillons et libellules voleront encore le restant d’octobre et déborderont même sur novembre si la douceur persiste.

 

De nombreuses piérides sillonnent la réserve. Le long du chemin. En plaine tout comme en forêt. Des Piéride du chou avec leur tâche apicale noire en forme de croissant. Des Piérides de la rave dont la tâche est rectiligne, et ne descend pas autant le long du bord externe de l’aile. Un Souci – papillon orange et noir – dessine un sillage coloré dans le sous-bois. Un magnifique Cuivré commun, posé sur le chemin, décolle à notre passage. Avec un peu de patience, l’insecte se tranquillise et pose à nouveau un peu plus loin. Avec précaution cette fois, nous nous approchons et réussissons une bien belle observation.

 

Au bord de l’eau…

 

L’heure de déjeuner a sonné. Assez largement !

 

Le pique-nique s’organise au bord de l’eau. Sur la berge de la Seine à Lavacourt. Face au très beau village de Vétheuil où Claude Monet a peint cent-cinquante de ses toiles. L’eau court – rapide – à la rencontre des coteaux crayeux. Filant vers la mer, loin vers l’ouest. Des Cygnes tuberculés jouent dans le courant. Descendent à la nage. Remontent de leur vol lourd et bruyant. Des piérides longent les berges. Zigzaguent entre la végétation riveraine.

 

Sur le lac de la base de loisirs auquel nous consacrons l’après-midi, de nombreux pêcheurs attendent cane en main que les poissons daignent mordre. Mais l’immobilité des premiers laisse penser que l’heure est à la sieste pour les seconds. A moins que ce ne soit les hommes qui dorment. Quelques véliplanchistes agacent le vent, emprisonnant ses rafales dans leur voile translucide.

 

Les oiseaux ont fui cette activité humaine – débordante en raison du soleil. Pour se réfugier dans le tiers méridional du plan d’eau. Séparation des deux mondes. Les hommes au nord. Les oiseaux au sud. Avec quelques incursions des premiers dans l’univers des seconds. Provoquant quelques envols massifs, notamment des Grands Cormorans un peu chatouilleux.

 

Plusieurs centaines d’oiseaux aquatiques sont rassemblés là. Des grappes noires sur le miroir d’eau éblouissant de soleil. Marchant le long de la rive afin d’observer les oiseaux et non pas seulement leur silhouette, nous contactons de nouvelles espèces. Un Serin cini et une Grive draine au vol. Une Fauvette à tête noire dans le haut d’un buisson – identifiable à son cri métallique, très sec. Un Corbeau freux qui se distingue de la Corneille noire par son bec pâle. Un Rougequeue noir chassant les insectes au sol.

 

De nombreuses Bernaches du Canada nagent ou dorment la tête sous l’aile. Parmi elles, une Oie cendrée. Qui peut être sauvage ou semi-domestique. Rien ne nous permettant de déterminer son origine. De nombreux grèbes plongent. Un premier disparaît sous la surface tandis qu’un autre remonte un poisson dans le bec. Le plus petit – le Grèbe castagneux – côtoie le plus grand – le Grèbe huppé.

 

Alors que les Grands Cormorans, nerveux, surveillent les plaisanciers, de nombreux canards paraissent indifférents à ces humains flottants. Les Canards colverts sont majoritaires. Avec une franche longueur d’avance. Parmi eux, un Canard souchet et son curieux bec en forme de spatule.

 

Et une belle petite bande de Canards chipeaux. Les mâles semblent ternes avec leur plumage à dominante grise. Mais avec cette franche lumière, ils arborent en réalité une superbe livrée argentée finement vermiculée de noir. Les longues scapulaires brun-roux centrées de noir leur apportent de plus une subtile touche de couleur. Des anatidés d’une grande beauté.

 

Sur le chemin du retour, le groupe tombe par hasard sur un bouquet de Chênes tauzins. Qu’on appelle également Chêne des Pyrénées. Son nom indique clairement une répartition méridionale dans notre pays. Le tauzin pousse de la moitié nord du Portugal à l’Espagne (Castille, Galice, Aragon) et au quart sud-ouest de la France. Il remonte le long de la façade atlantique (Aquitaine) jusqu’au Val de Loire. Les peuplements présents en boucle de Moisson sont naturels et figurent parmi les plus septentrionaux de France. Une bien belle surprise !

 

La sortie s’achève là. Aux pieds des Pyrénées. La journée fut magnifique. Et même si chacun est conscient que la météo n’est pas de saison, vous ne trouverez personne ce soir pour s’en plaindre !

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Cygne tuberculé, Oie cendrée, Bernache du Canada, Canard colvert, Canard chipeau, Canard souchet, Épervier d'Europe, Buse variable, Perdrix rouge, Perdrix grise, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Goéland argenté, Goéland leucophée, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic vert, Pic épeiche, Alouette des champs, Corneille noire, Corbeau freux, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Roitelet huppé, Roitelet à triple bandeau, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Étourneau sansonnet, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Serin cini, Pinson des arbres

 

Papillons de jour :

Piéride de la rave, Piéride du chou, Souci, Cuivré commun, Collier de corail, Procris (Fadet commun)

 

Libellules :

Portecoupe holarctique, Sympétrum strié

 

Orthoptères :

Grillon d’Italie, Grillon des bois, Oedipode turquoise

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