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14 octobre 2018

Un automne estival 

Couleurs d’automne…

 

Ce matin le ciel uniformément bleu tranche violemment avec les prévisions météo qui – la veille encore – nous promettaient une journée complète de pluie.

 

Point besoin de parapluie. La journée s’annonce magnifique. A Grosrouvre, au départ de la balade du jour, de nombreux oiseaux s’activent. Les Rougegorges semblent chanter depuis chaque buisson. L’Accenteur mouchet piaille. La sittelle torchepot, dans les grands chênes, appelle de sa voix forte.

 

Le long du chemin, des oiseaux virevoltent. Passent d’un buisson à l’autre. Des petites bandes de mésanges, des Pinsons des arbres. Et les Rougegorges qui nous accompagneront durant toute notre sortie.

 

Les couleurs sont splendides. Les arbres se parent d’automne. Les charmes revêtus de jaune pâle. Les Alisiers torminaux rouges brique à l’instar des Chênes d’Amérique dont quelques spécimens poussent dans le coin.

 

Mais les plus beaux arbres sont les hêtres – comme toujours.

 

Des mosaïques de couleurs. Des ors, des bruns. Des ocres mêlés aux verts persistants. Dans le sous-bois, les hêtres – repérables de loin - semblent éclairés par un projecteur. Comme des toiles de maître mises en valeur par un éclairage parfait au milieu de la lumière tamisée d’une galerie d’art.

 

De quoi ravir nos yeux.

 

Le cri aigu et saccadé du Pic épeichette retentit soudain. Il est le plus petit pic d’Europe. A peine plus grand qu’un moineau. L’espèce a fortement régressé durant la décennie venant de s’écouler. Et il est de plus en plus rare de l’entendre ou de le voir au cours d’une balade…

 

Ce matin de nombreux passereaux migrent. Des cris tombent sans cesse du ciel d’azur. Des Alouettes des champs. Ou des Pipits farlouses. Deux espèces d’espaces ouverts, de plaines, de prés qui dénotent singulièrement dans cet environnement forestier. Les Grives arrivent également du nord. Bon nombre de musiciennes « psittent » du haut des grands chênes. En halte migratoire, bon nombre de ces oiseaux repartiront la nuit prochaine pour poursuivre leur fuite vers le sud.

 

Les premiers Pinsons du nord passent depuis quelques jours. Leurs cris grinçant les trahissent immanquablement. Un cri sonore. Détectable de loin. Et aisément reconnaissable. Le nombre de Pinsons du nord hivernants est très variable d’une année à l’autre. Observés à l’unité de loin en loin au cours de l’hiver 2016-2017, ils ont débarqué en nombre l’année suivante. Des dortoirs gigantesques de plusieurs centaines de milliers d’individus se forment parfois. Ce fut le cas par exemple dans le sud de l’Allemagne en janvier 2015 où un à deux millions d’oiseaux se sont rassemblés au même endroit. En forêt de Rambouillet, le record est toutefois nettement inférieur : le plus grand groupe jamais observé rassemblait environ quatre mille individus (février1987).

 

Puis le groupe s’engage dans les pentes. Le sol s’allège et devient sableux. Les Pins sylvestres remplacent les essences feuillues. Les Mésanges huppées et leurs trilles inimitables se font entendre.

 

Là encore, les jeux de lumière sont splendides. Les verts sombres des pins. Les bleus du ciel. Et les roux intenses des fougères sèches. Des rayons de soleil fusent à travers les branches. Dessinent des gloires diaphanes jetant au sol des taches de lumières vives.

 

Au bas de la pente, coule un ruisseau. Niveau très bas. Débit très faible. Manque cruel de pluies dont nous sommes toutefois heureux de voir reportées celles initialement prévues ce jour.

 

Dans une trouée d’arbres au-dessus du chemin, le ciel s’ouvre tout à coup sur nous. La lumière afflue, inondant le sous-bois. Mais nous n’avons pas le temps de nous extasier. Car un bien curieux rapace apparaît au même moment. Des ailes longues. Fines. Une grosse tête. Un cou épais. Et surtout un vol capricieux. Battement d’ailes amples. Saccadés. Aux jumelles, le plumage très pâle se découpe sur le ciel. Tons beiges. Dessous des ailes blanc, avec une nette et longue virgule noire partant du poignet. Un oiseau qu’il est presque incongru de rencontrer ici. Car il s’agit bien d’un Hibou des marais. Un oiseau en migration filant en direction du sud. Peut-être l’un de ceux hivernant en Beauce. Passant la mauvaise saison à chasser les rongeurs dans les jachères, en bordure des grandes parcelles agricoles. Il est 10h10 et le groupe a la chance d’observer l’oiseau une dizaine de secondes avant que celui-ci disparaisse au-dessus de la forêt.

 

Une telle observation laisse un sentiment d’incrédulité. On peine à y croire. On se repasse le film plusieurs fois dans nos têtes. Très critiques envers nous-même, nous nous interrogeons. L’erreur est-elle possible ? Non ! Et nous le savons. L’ensemble des critères diagnostiques ont été observés. Octobre est de plus connu pour la migration de l’espèce. La semaine passée, un individu a également été observé en plein jour au vol au-dessus de la mer depuis le littoral dunkerquois. A l’instar des alouettes, les migrateurs foncent en ligne droite d’une étape à l’autre. Sans se préoccuper de ne survoler que leurs biotopes de prédilection.

 

Et le soleil chauffe…

 

Profitant de la pause « hibou », les vestes tombent. La température s’élève en effet. Sans rapport avec le calendrier. Un été indien qui se prolonge. Anachronique.

 

Les migrateurs, eux, continuent de traverser le ciel au-dessus de nos têtes. Faisant peu de cas des conditions météorologiques estivales. Alouettes des champs et Pipits farlouses passent. A l’unité ou en tous petits groupes. Mais de façon régulière. Des Mésanges noires chantent dans les pins. Un Bec-croisé des sapins survole la forêt en criant.

 

Et le chemin – véritable piste de montagnes russes – use les jambes. Affermit les cuisses. Non, la forêt de Rambouillet n’est pas plate. Le relief le prouve à cet instant aux derniers récalcitrants. Peu avant la pause déjeuner, une grive de belle taille passe au vol devant nous. Poitrine ocre fortement tachée de noir. Tête gris bleuté. La première litorne de l’automne.

 

Au sommet d’une nouvelle côte de sable, un banc. Placé là fort judicieusement.

 

Et comme les douze coups de midi viennent de sonner, pique-niques et bouteilles d’eau sortent des sacs en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Les pins mugissent, agités par le vent de sud-ouest. Un groupe de pinsons a investi les houppiers. Des Pinsons des arbres. Avec au moins deux Pinsons du nord dans le tas. Silhouettes furtives entre les branches. Cris ici. Cris là. Cris de contact maintenant la cohésion du groupe. Recherche de nourriture.

 

Les premiers Tarins des aulnes traînent également dans le secteur. Leurs notes – douces – retentissent à plusieurs reprises. Dans le mois à venir, de nombreux individus vont encore arriver. Si bien qu’au cours de l’hiver, il sera très fréquent de les entendre et de les voir lors de nos sorties.

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Et au détour d’un chemin, apparaît un étang. Un étang forestier aux rives très boisées. Denses. Presque impénétrables. Seule la digue de pierre est accessible. Des charmes magnifiques poussent là, la tête au soleil et les pieds au bord de l’eau. Aulnes, noisetiers, ormes, hêtres, Erables champêtres complètent la liste. Des libellules profitent des dernières chaleurs pour zébrer la surface. Une Aeschne mixte, grande et belle libellule aux tons bleutés. Des Sympétrums striés. Des Sympétrums sanguins. Trois espèces tardives qui peuvent voler encore tout le restant d’octobre. Et pourquoi pas déborder sur novembre si la douceur persiste.

 

Les trois derniers kilomètres traversent des landes de Bruyères cendrées et de Callune. Des papillons au vol capricieux coupent notre route. S’enfuient au loin emportés par le vent. Ou posent à nos pieds sur le sentier sableux. Des Piérides du chou. Mais aussi quelques magnifiques Vulcains aux ailes noires et blanches vivement marquées de taches de lave en fusion.

 

Le village de Grosrouvre apparaît bientôt. Notre point d’arrivée est proche. Encore deux ou trois centaines de mètres et nous aurons bouclé la boucle. Une balade de près de 18 kilomètres sous un beau soleil. Au cœur d’une forêt aux couleurs d’octobre. Une balade magnifique dans une forêt en plein changement – se transformant peu à peu avant l’hiver. De belles observations. Certaines attendues. D’autres pour le moins imprévues.

 

Nous reviendrons.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Buse variable, Foulque macroule, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Hibou des marais, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Alouette des champs, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange noire, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive litorne, Grive musicienne, Pouillot véloce, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Grosbec casse-noyaux, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Linotte mélodieuse, Bec-croisé des sapins, Pinson des arbres, Pinson du Nord

 

Papillons de jour :

Piéride du chou, Cuivré commun, Vulcain

 

Libellules :

Aeschne mixte, Sympétrum sanguin, Sympétrum strié

 

Orthoptères :

Grillon des bois

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