top of page

78

25 septembre 2018

Pleine lune à Saint-Léger 

Fraîcheur automnale…

 

Il était une fois huit passionnés de nature. Le souffle court d’avoir mis les bouchées doubles pour être à l’heure au point de ralliement. Il faut dire que, les jours raccourcissant de façon drastique, les rendez-vous sont de plus en plus tôt…

 

S’il a fait bon dans la journée, on sent que la chaude soirée de jeudi dernier ne se renouvellera pas ce soir. La chaleur qui avait anesthésié le brame ne nous gênera pas aujourd’hui. Doudounes dans le sac à dos, nous sommes prêts à affronter la fraîcheur d’automne.

 

Le ciel est très clair. Le vent qui a soufflé durant une partie de la journée est tombé. La pleine lune doit se lever aux environs de 21h00… Tous les facteurs favorables à une excellente soirée de brame sont réunis. Et c’est confiants dans les heures à venir que le groupe s’élance sur les sentiers forestiers.

 

Le coucher du soleil illumine le sous-bois. Et teinte d’ocre la végétation. Les fougères roussissent. Les feuilles jaunissent. Et les Pins sylvestres semblent peints par la palette colorée d’un Matisse ou d’un Gauguin. Des rondes de mésanges volent d’arbre en arbre. Petites boules de plumes – rondouillardes – dont les silhouettes se découpent furtivement sur le ciel et entre les branches. Difficile de les pointer dans les jumelles. Heureusement que ces espèces se montrent braillardes lorsqu’elles sont en groupe. Oreilles aux aguets, nous écoutons les pépiements et les utilisons pour les nommer. Mésanges bleues, Mésanges huppées, Mésanges à longue queue… Et une Mésange nonnette au cri saccadé si caractéristique.

 

Dans un bouquet de bouleaux, les cris flûtés de deux Bouvreuils pivoines trouent tout à coup le silence de la tombée de la nuit. Mais les feuilles encore très nombreuses masquent efficacement les oiseaux qui resteront malheureusement invisibles. L’hiver a au moins cet avantage – même s’il ne doit y en avoir qu’un – les oiseaux sont plus visibles dans les arbres dénudés.

 

A 19h30, le brame n’est toujours pas lancé. Les cerfs restent en coulisse. Ecartant discrètement le rideau de la scène, il scrute le public, commentant notre impatience. S’en amusant probablement. Attentifs au moindre raire, nous poursuivons notre promenade, goûtant avec appétit aux en-cas placés sur notre chemin : un Pouillot véloce, de nombreux Rougegorges familiers arrivant du nord de l’Europe pour passer l’hiver chez nous, un Sorbier des oiseleurs chargé de baies, un Ecureuil roux sautant de branche de branche avec dextérité… Huit petits Poucets remontant une piste devant nous conduire au bord d’une magnifique lande de bruyère.

 

Un endroit idéal pour recharger les accus. A la suite des vestes chaudes, les sandwichs sortent des sacs pour disparaître aussitôt dans les estomacs (là, je ne parle que des sandwichs).

​

La fraîcheur s’accentue. Depuis que le soleil a plongé sous l’horizon pour aller éclairer l’Orient, la température a chuté. Une légère brume monte du sol. Dans le ciel, Mars est l’objet céleste le plus lumineux – la lune est encore invisible. Rouge, on distingue nettement le diamètre de son disque avec une simple paire de jumelles.

 

A 19h50, le premier coup de gueule retentit. Puissant. Grave. Un cerf probablement âgé. Relativement près, mais enfoncé dans le sous-bois d’une vaste propriété privée toute proche. Un autre cerf lui répond bientôt. En stéréo – le premier à gauche, le second à droite – le duel s’engage. Un duel purement vocal. Au moins cinq-cents mètres séparent les belligérants. Une distance suffisante pour le maintien d’un statu quo non violent. Ceux qui attendaient le combat en seront pour leurs frais.

 

Juste avant que la Lune ne se lève…

 

Les deux cerfs sont très proches. Et nous en mettent plein les oreilles. Mais ne sortiront pas à découvert. Ne pas nous leurrer… Et comme il commence à ne faire pas chaud, un peu d’exercice nous serait salutaire.

 

Nous laissons là les deux briscards et, contournant la propriété privée, nous tentons d’approcher d’autres animaux qui brament plus à l’ouest. Au moins deux différents. Le premier toujours en privé – les cerfs y trouvent le calme –, le second en forêt domaniale sur notre gauche. Pendant quelques minutes nous alternons les périodes de guets et la marche pour tenter d’apercevoir ce dernier.

 

Ce dernier qui reste prudemment à couvert. Se contentant de quelques brames somme toute assez timides. C’est à ce moment, qu’un petit groupe de Rainettes vertes choisit pour lancer une opération séduction. Un chant collectif aussi bref qu’inattendu. Quelques secondes puis plus rien.

 

Au zénith, Véga rayonne. Mars est toujours visible mais descend dangereusement vers l’horizon. Deux ou trois photos pour garder un souvenir d’elle avant qu’elle ne disparaisse. La Grande Ourse au nord-ouest. Cassiopée au nord-est. L’Aigle et le Cygne déploient leurs ailes. Celles de Pégase restent repliées derrière les arbres.

 

Et la lumière fut ! La Lune se lève…

 

Note personnelle : ne pas organiser de sortie à thème « astronomie » un soir de pleine Lune !

 

Un phare puissant sort bientôt de la végétation. Nos corps retrouvent une ombre. Les lampes de poches deviennent inutiles. Chaque arbre revêt un costume de lumière diaphane. Fantomatique. Regarder dans la direction du disque lunaire vous aveugle pour une vingtaine de secondes. Le temps que les pupilles rétractées par sa lumière ne s’ouvrent à nouveau.

 

Le brame dont le régime baissait repart. Sur le chemin du retour, deux ou trois nouveaux cerfs sont entendus. Au moins un en forêt domaniale. Le froid est maintenant vif. Le thermomètre à 22h30 ne dépasse pas les +5°c. Ce qui tranche avec la douceur de l’après-midi. Les premières gelées blanches ne sont plus loin. Peut-être même pour la fin de cette nuit à la faveur du ciel dégagé.

 

Au loin un Canard colvert cancane. Une Chouette hulotte hulule. Une partie du groupe a eu la chance d’en apercevoir une glisser en silence au-dessus du sentier. Les retardataires l’ont manquée, occupés à réviser l’alignement d’étoiles pour trouver la polaire.

 

A la suite d’une nouvelle période de calme – elles reviennent de façon récurrente dans une soirée brame – le groupe se sépare, heureux d’avoir partagé une belle expérience avec plusieurs animaux très actifs entendus tout au long du parcours.

 

Merci à toutes et à tous.

 

Liste des espèces

​

Oiseaux

Bernache du Canada, Canard colvert, Pigeon ramier, Chouette hulotte, Pic épeiche, Geai des chênes, Mésange bleue, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Pouillot véloce, Bergeronnette des ruisseaux, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres

 

Mammifères :

Cerf élaphe, Chevreuil européen, Ecureuil roux… Et Sangliers de façon indirecte, détectés aux boutis un peu partout le long des chemins.

 

Amphibiens :

Crapaud commun, Rainette verte

P1180235.JPG
P1180241.JPG
P1180265.JPG
P1180284.JPG
P1180258.JPG
bottom of page