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2 septembre 2018

Entre marais et forêt… 

Au bord de l’eau…

 

A quelques encablures de Rambouillet au sortir de la forêt, le promeneur ignorant la région peut être surpris de déboucher dans un village alors qu’il croyait s’enfoncer au plus profond des bois. Brutalement, les arbres s’écartent pourtant et les premières maisons surgissent devant le nouvel arrivant. Occupant la clairière et se mêlant intimement aux parcelles boisées, le village offre de nombreux itinéraires de balade naturaliste.

 

Comme la matinée nous le laissait espérer, l’après-midi est chaude. Le soleil généreux est propice aux libellules qui volent nombreuses au-dessus de l’étang. La végétation riveraine incite certaines espèces à se poser. Sympétrums sanguins et Orthétrums réticulés en premier lieu occupent fréquemment des tours de guet afin de mieux surveiller leur territoire. Une herbe s’élevant au-dessus des autres. Une brindille. La branche basse d’un arbre… Qu’un intrus pénètre sur son domaine et son occupant s’envole furieusement pour protester vigoureusement. La réprimande est physique. Les heurts violents dans un bruissement d’ailes. Les poursuites fulgurantes.

 

On ne badine pas avec le « chez-soi » dans le monde des odonates.

 

D’autres espèces, moins belliqueuses, tolèrent la proximité. Des Naïades au corps vert (ce n’est pas une description de la bête, mais bien son nom) posent sur les feuilles flottantes de nénuphars. Elles appartiennent aux zygoptères – aussi appelées « demoiselles » dont il existe de nombreuses espèces. N’excédant pas 4 centimètres et d’apparence excessivement frêles, elles possèdent quatre ailes identiques qu’elles replient dorsalement une fois posées.

 

La seconde moitié des libellules sont de plus grande taille. De 4 à 8 centimètres de long, leurs ailes antérieures et postérieures diffèrent. Posées, elles les étalent à l’horizontal telles des panneaux solaires captant et emmagasinant l’énergie du soleil. Deux superbes espèces chassent inlassablement au-dessus de l’eau.

 

L’Aeschne mixte, qui ne pose que rarement durant la journée, est d’une belle livrée bleue ponctuée de noir et de jaune. Elle défend âprement son territoire qu’elle sillonne en tous sens et de façon continuelle.

 

L’Aeschne grande est l’une des plus grandes en Europe. Et l’une des plus belles : livrée tabac zébrée de jaune, elle est l’une des seules espèces à posséder des ailes colorées d’ambre faisant d’elle un insecte impossible à confondre. Mais la reine du plan d’eau tourmente les naturalistes épris d’images. Sauf en de très rares occasions, cette espèce ne pose qu’en fin d’après-midi lorsqu’elle gagne le haut des arbres pour s’y dissimuler durant la nuit. Les photographes les plus patients s’y cassent régulièrement les dents, jetant l’éponge les membres ankylosés d’attendre que la libellule ait esquissé le moindre mouvement en direction d’un support solide quelconque.

 

C’est du vécu !

 

Du marais à la forêt…

 

Laissant derrière nous la pièce d’eau, nous nous enfonçons dans la partie marécageuse. Même après dix semaines de sécheresse le sol tourbeux conserve une élasticité certaine. L’eau, proche de la surface, donne au sol un moelleux des plus agréables. Quelques papillons volettent de-ci de-là. Mais peu en raison du vent qui s’est levé un peu plus tôt. Et de la saison qui – bien avancée maintenant – réduit la diversité spécifique depuis le début du mois d’août jusqu’aux derniers tressautements d’octobre. Une Carte géographique – oui, c’est le nom d’un papillon – est rapidement observée. Les Citrons, omniprésents zigzaguent en tous sens sans paraître malmenés par la brise.

 

Un Paon du jour, ailes étalées à l’horizontal, butine. Mais l’insecte se montre farouche et se laisse emporter par le vent en un instant avant que nous ayons eu le temps de l’admirer. Il repose plus loin, au cœur du marais et hors d’atteinte sur des feuilles de roseaux. Ailes repliées, il se transforme en tâche noire de jais difficilement identifiable. Et génère quelques frustrations…

 

En forêt, l’ombre salvatrice nous soulage. Même s’il ne darde plus comme en juillet, le soleil reste fort et l’heure passée dans le marais a affolé nos glandes sudoripares...Quelques Tircis et Myrtil croisent notre chemin. Mais comme dans le marais, les papillons se font curieusement rares. Avec l’avancée de l’après-midi, des oiseaux sortent de leur léthargie post-digestive. Un Troglodyte mignon – à la voix de stentor – hurle depuis un tas de bois mort laissé au sol. Des « tacs » de Rougegorges familiers ponctuent les bois le long de notre cheminement. Un ou deux poussent même quelques notes mélancoliques semblant regretter la belle saison qui s’étiole.

 

Dans un jeune taillis, le cri flûté du Bouvreuil pivoine se fait soudain entendre. L’espèce est magnifique. Le mâle arbore un rouge vermillon lui couvrant la poitrine et le ventre. La femelle, plus terne, se contente de tons violacés, lie de vin des plus beaux. Malheureusement, malgré nos recherches, l’oiseau reste introuvable, à demeure dans une végétation particulièrement dense.

 

L’une des dernières espèces à venir enrichir notre liste est un Gobemouche gris. Une espèce relativement peu commune en forêt de Rambouillet et qui figure parmi les nicheurs les plus tardifs. Il n’arrive en Ile-de-France qu’au cours de la première décade du mois de mai. Parfois, les ornithologues attendent la seconde pour contacter le premier individu annuel. Le temps d’arriver, de s’installer, de séduire madame et de mener la nichée à bien explique que les Gobemouches puissent encore avoir des jeunes dépendants à la fin du mois d’août. Ils s’émanciperont en septembre, juste à temps pour reprendre la direction de l’Afrique.

 

Achevant de boucler la boucle, le groupe retrouve vers 18h00 les véhicules après un parcours de 7,5 kilomètres. Et avec des belles images dans les yeux.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Canard colvert, Buse variable, Pigeon ramier, Pic vert, Corneille noire, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Grosbec casse-noyaux, Chardonneret élégant, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres

 

Papillon de jour :

Citron, Tircis, Myrtil, Paon du jour, Carte géographique

 

Libellules :

Leste vert, Pennipatte bleuâtre, Naïade au corps vert, Ischnure élégante, Aeschne grande, Aeschne mixte, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin

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