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1er septembre 2018

La saison est lancée ! 

L’automne n’est plus bien loin…

 

Adainville : petit village accroché aux contreforts occidentaux du massif de Rambouillet. Pas de falaise, pas de bord du monde surplombant l’inconnu, mais la fin des vastes étendues forestières couvrant une large portion du sud du département. Au-delà, des bois, des boqueteaux s’étirant à perte de vue et ponctuant une belle campagne agricole jusqu’au massif de Dreux.

 

C’est d’un hameau de la commune que notre groupe débute cette sortie. L’après-midi – chaude – s’achève dans une douce quiétude laissant présager une soirée plutôt fraîche. L’agréable brise qui a aéré la journée est tombée. Le ciel est pur et tous les espoirs sont permis pour une première soirée « brame ».

 

La marche débute par une pente plutôt raide et nous débouchons sur un vaste plateau barrant la forêt d’ouest en est. Une splendide futaie y est installée : Chênes pédonculés, Chênes sessiles, Hêtres veillant non sans une certaine morgue sur un sous-bois de Charmes et de Noisetiers. Quelques résineux s’y mêlent harmonieusement : Pins sylvestres en majorité, ainsi que quelques Epicéas et Douglas au port si imposant !

 

Les papillons, très actifs dans l’après-midi sont désormais à couvert pour la nuit. Pour les libellules, seule sur magnifique Aeschne bleue est aperçue peu avant le coucher du soleil. De taille imposante – elle est l’une des plus grandes libellules d’Europe, pouvant atteindre 7 ou 8 centimètres de long –, l’insecte passe entre nous sans montrer d’intérêt ni de curiosité pour ces bipèdes ne semblant pas à leur place dans cette immensité verte entre chien et loup, alors que l’immense majorité de nos semblables ont regagné le confort domestique de leur home sweet home. Les lieux sont déserts et nous sommes les seuls êtres humains encore en vadrouille.

 

Dans l’herbe du chemin, un batracien sautille vers une destination que nous ignorons. Son museau arrondi et sa courte jambe arrière signent une Grenouille rousse. Quelques oiseaux élèvent encore la voix. Ici, l’exclamation d’un Pic épeiche. Là, le cri aigu d’un Grimpereau des jardins. Des Mésanges huppées signalent également leur présence dans le couvert végétal mais y restent malheureusement dissimulées.

 

Lors de la pause durant laquelle sont avalés les sandwichs que nous avons emportés, un Epervier d’Europe se faufile entre les troncs des conifères, traverse le carrefour au-dessus de nos têtes en quelques coups d’ailes pour disparaître dans la pente que nous dominons. Ce petit rapace a depuis longtemps habitué les naturalistes aux apparitions furtives. A peine le temps de l’apercevoir, de prendre conscience de sa présence qu’il a disparu.

 

A la toute fin du jour…

 

Avec l’arrivée de septembre, l’équinoxe approchant à grands pas, les journées se font plus courtes. A 21h, le soleil a déjà plongé loin sous l’horizon. L’ombre gagne du terrain. Plus aucune activité des espèces diurnes si ce ne sont les Grillons des bois dont les stridulations nous accompagnent telle une rumeur depuis le départ.

 

Nous entamons la descente du plateau. En bas, la vallée – j’enfonce une porte ouverte. Et au milieu coule une rivière. L’humidité du cours d’eau abaisse la température. En quelques hectomètres, le thermomètre chute de plusieurs degrés. Les vestes et autres polaires sont enfilées à la hâte. Les lampes torche sortent elles aussi du fond du sac. A 21h20 une Chouette hulotte pousse un premier hululement. Discrète tout l’été, l’espèce profite du changement de saison qui approche pour pointer à nouveau le bout de son bec.

 

Alors que nous sommes regroupés autour du guide ornithologique pour admirer les planches colorées du livre, un premier raire retentit. Tout le monde lève la tête, presqu’à l’unisson. Certains l’ont entendu. D’autres interrogent les premiers du regard en se demandant ce qu’ils viennent de manquer. Le brame vient de démarrer : il est 21h25.

 

La contemplation du guide ornitho est remise à plus tard. Nous reprenons notre progression en nous enfonçons profondément en sous-bois guidés par le faisceau des lampes. L’obscurité est complète. Pour la seconde fois, un cerf brame. Devant nous. Légèrement sur notre droite. Nous écartant du circuit initialement prévu au risque d’augmenter un peu le kilométrage, nous poursuivons en direction du cervidé. Sa voix troue le silence à intervalles irréguliers. Chaque fois plus proche.

 

Le sous-bois embaume. Avec la nuit et l’humidité, la forêt exhale ses parfums. Des sensations fortes qui tranchent avec la routine « canapé-télé » du commun de nos concitoyens. L’obscurité achève de brosser ce tableau dépaysant. Le cerf est maintenant proche. Chaque vocalise nous emplit les oreilles. Tout à coup, un second cerf se fait entendre, répondant au premier. Le brame s’intensifie quelque peu à cet instant : seul, le cerf se contentait de coups de gueule de loin en loin pour témoigner de sa présence. Mis en concurrence, il doit maintenant rivaliser avec l’autre animal. La donne change !

 

C’est à cet instant qu’un troisième animal choisit d’entrer dans la danse. Derrière nous cette fois. Notre groupe se retrouve au cœur du triangle. Cerné. L’instant est sublime et le brame démarre réellement. Même si nous ne pensions pas rentrer bredouilles, nous n’espérions pas non plus une telle chance si tôt en saison.

 

Après une belle écoute, nous reprenons notre périple forestier. Parvenus dans une clairière, les regards s’élèvent naturellement vers le ciel : noir d’encre, constellé de centaines d’étoiles. Au zénith, Véga trône brillamment sur la voûte céleste. Cassiopée et son « W » est rapidement repéré au nord ainsi que l’étoile polaire dans le prolongement de la Grande Ourse. Au sud-est, Mars brille de mille feux. Brusquement, une étoile filante – fugitive – zèbre le ciel. Lorsqu’une seconde étoile filante est annoncée. Bien plus lente. Clignotant de rouge et de vert : une étoile filant probablement vers Orly ou Charles de Gaulle !

 

Il est 22h45 lorsque nous regagnons les véhicules. La soirée a dépassé nos espérances initiales. Un début de saison fort réussi et de bon augure pour les prochaines sorties nocturnes.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Épervier d'Europe, Chouette hulotte, Pic épeiche, Geai des chênes, Mésange huppée, Mésange à longue queue, Grimpereau des jardins, Rougegorge familier, Grive musicienne, Pouillot véloce

 

Mammifères

Cerf élaphe

 

Amphibiens

Crapaud commun, Grenouille rousse

 

Libellules

Aeschne bleue

 

Orthoptères :

Grillon des bois, Grande Sauterelle verte

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