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19 août 2018

Clairefontaine et ses insectes 

Vous avez dit odonate ?

 

Clairefontaine est probablement un des petits villages les plus connus de France même si bien peu se montrent capables de le placer sur une carte. Mais à Rambouillet nous le savons. Ceux qui habitent la région ont déjà croisé le car des bleus un jour ou l’autre. Que la rencontre ait été préméditée ou fortuite.

 

Mais Clairefontaine possède un autre atout que le domaine de Montjoie et ses stades privés. La commune compte également un très beau marais où foisonnent les roselières, les bosquets de saules et autres fouillis arbustifs impénétrables et franchement humides. Un coin qu’il est préférable de visiter avec de bonnes chaussures quand les bottes en caoutchouc ne sont pas indispensables. Sauf en ce mois d’août. Le sol est meuble et aéré. On sent que l’eau n’est pas loin en sous-sol. Mais le terrain est sec… Une fois n’est pas coutume.

 

D’abord un bel étang. Collé au village ce plan d’eau fait le bonheur des riverains. Paysage agréable et fraîcheur de l’eau attirent. Et pas que les humains. Beaucoup d’odonates s’y trouvent.

 

Odonate ?

 

Un terme peu connu qui désigne l’ensemble des libellules. Toutes les libellules sont des odonates. Mais la réciproque n’est pas vraie : tous les odonates ne sont pas des libellules. Au sens strict, « libellule » ne désigne que quelques espèces en Europe. Ceci pour l’anecdote : nous ferons comme tout le monde et continuerons de parler de « libellule » pris au sens large.

 

Les plus petites libellules – qu’on appelle « demoiselles » de façon générale – sont des zygoptères. Ailes postérieures et ailes antérieurs sont identiques. Il en existe de nombreuses espèces. Longues de 2 à 4 centimètres environ et fines à se briser au moindre vent, elles se reconnaissent aisément à leurs ailes repliées dans leur dos lorsqu’elles posent. A l’exception des lestes… Mais laissons celles-ci de côté pour aujourd'hui. Des Naïades au corps vert posées sur des nénuphars en fleur. Pennipates bleuâtres et Ischnures élégantes dissimulés dans la végétation de la rive. Et deux splendides Caloptéryx éclatants posés au soleil sur des tiges de carex. Le corps bleu métallique et une tâche ovale de la même couleur au milieu des ailes. Eblouissant !

 

Les plus grandes libellules sont des anisoptères. Ailes antérieures et ailes postérieures sont de formes différentes. Elles sont généralement de grandes tailles, allant des sympétrums (longueur de corps aux environs des 4 cm) aux aeschnes (7 ou 8 cm pour les plus grandes). Posées, elles étalent leurs ailes à l’horizontal. L'une des plus communes est l’Orthétrum réticulé. Plusieurs patrouillent le long des berges de l’étang. Elles se posent fréquemment. Sur une radicelle, une fleur, une tige. Ou à même le sol. L’Aeschne affine est bien moins commune et bien plus grande. Identifiable à ses yeux entièrement bleus, elle survole les plans d’eau dès le milieu de l’été. Et la plus belle de toute : L’Aeschne grande. Une des plus grandes libellules d’Europe (7 cm de long). Thorax et abdomen couleur lie de vin, finement barrés de jaune d’or. Et les ailes fumées de brun. Une splendeur !

 

Mais l’Aeschne grande a un défaut. Et pas des moindres : elle ne pose pour ainsi dire jamais. La bestiole survole le plan d’eau de façon inlassable et sans fatigue. De droite à gauche. Puis de gauche à droite. Et de recommencer jusqu’à éreinter les photographes les plus patients. De guerre lasse, les plus courageux finissent par jeter l’éponge et passent leur chemin au comble de l’engourdissement. Lorsque vient le soir et que les aechnes posent pour la nuit, elles vont généralement se réfugier dans les arbres. Hors d’atteinte.

 

Bien sûr, il y a des chanceux. Des gens qui touchent le tiercé dans l’ordre sans savoir la différence qui distingue un cheval de course d’une mule.

  

Quid des papillons ?

 

La chaleur et le soleil de l’après-midi ne favorise pas que les libellules. Les papillons se montrent tout aussi actifs. Les plus communs sont les Myrtils. Papillons de taille moyenne, brun avec un grand placard orangé dans l’aile antérieure, trouée d’un ocelle noir et d’un point blanc. L’espèce nous accompagne tout au long de notre périple.

 

Un des plus beaux spécimens est aperçu dès le début du sentier : un Paon du jour. L’espèce est assez commune mais c’est à l’évidence l’une des plus colorées. Ailes repliées sur le dos, le papillon est presque invisible : le dessous de ses ailes – noir de jais – le dissimule efficacement. Mais lorsqu’il ouvre ses ailes… c’est une explosion de couleurs !

 

La chaleur est vive. Le soleil a franchi son zénith mais ne nous bombarde pas moins de ses rayons estivaux. Les insectes, gorgés de chaleur, volent sans cesse et de toute part. A grande vitesse. Métabolisme au maximum. Lorsqu’ils posent pour butiner, les mouvements restent frénétiques. On les croirait lancés dans une course contre la montre : butiner de façon compulsive, à toute allure, sans marquer la moindre pause, le moindre arrêt.

 

Pour espérer une photo nette, il convient de grimper dans les hautes vitesses d’obturation. Le 2000e de seconde ne semble pas suffisant pour stopper les ailes du Moro-sphinx – ce beau papillon qui ressemble tant à un colibri. Mais ce n’est pas un oiseau. Les colibris – ou oiseaux mouches – sont cantonnés au continent américain.

 

Parmi les grandes tailles, citons le Tabac d’Espagne. Un très beau papillon qui trouve fréquemment sa place dans les comptes-rendus de sorties nature. Il est si beau que son observation est toujours un agréable moment. Parmi les petits, la Carte géographique a tiré à elle une large part de la couverture. Aperçue à plusieurs reprises le long du chemin, la Carte géographique a l’originalité d’être orange au printemps et noire en été. Deux générations distinctes et opposées par la couleur de leurs ailes.

 

La forêt est le royaume du Tircis. Un beau papillon brun fortement tâché d’ocelles jaunes. Ce papillon est commun à l’ombre du sous-bois. La faune y est discrète cet après-midi. Les oiseaux sont fort peu loquaces et les insectes moins actifs : l’après-midi touche à sa fin et le soleil moins présent. Seuls les Grillons des bois – omniprésents – se montrent encore actifs. Leurs stridulations semblent venir de toutes parts. Et nous suivent à chacun de nos pas. Pourtant, toutes nos tentatives pour en découvrir dans la litière du sol ne nous montrent que des petites araignées fuyant nos doigts remuant les feuilles de l’automne dernier.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Canard colvert, Gallinule poule-d'eau, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Martin-pêcheur d'Europe, Pic épeiche, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Chardonneret élégant, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres

 

Libellules

Caloptéryx éclatant, Pennipatte bleuâtre, Naïade au corps vert, Ischnure élégante, Aeschne affine, Aeschne grande, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin, Sympétrum strié

 

Papillons de jour

Citron, Azuré des nerpruns, Tircis, Procris, Amaryllis, Myrtil, Tabac d'Espagne, Paon du jour, Robert-le-diable, Carte géographique

 

Papillon de nuit

Moro-Sphinx

20180819-Clairefontaine-ODO-Orthétrum ré
20180707-Rochefort-ODO-Caloptéryx éclata
20180812-Etang_de_la_Tour-ODO-Sympétrum_
20180819-Clairefontaine (2).JPG
20180819-Clairefontaine-RHO-Tabac d'Espa
20180819-Clairefontaine-RHO-Paon du jour
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