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15 août 2018

Matinée au bord de l’eau 

08h30…

 

Les nuages s’amoncellent. Lourds. Opaques. La matinée, qui avait pourtant débuté sous un soleil généreux, se couvre d’une couche de crasse qui n’augure rien de bon. Les vestes que nous avions prises par excès de zèle sont enfilées rapidement. Les bons côtés de la chose sont que nous ne souffrirons par de la chaleur et que le contre-jour ne gênera pas !

 

Il faut parfois se contenter de ce que le hasard nous offre.

 

L’étang est à son plus bas niveau de l’année. Plein à ras bord au mois de juin, l’eau a baissé d’un mètre environ au cours des deux derniers mois. L’évaporation importante des dernières semaines a jeté des vasières le long des grandes roselières. Les oiseaux, à découvert, sont ainsi plus aisés à observer. Les Gallinules poule-d’eau, exposées aux regards, arpentent ces espaces ouverts à la recherche de nourriture. Un Chevalier guignette – en halte migratoire – procède de même.

 

Les grands échassiers, nombreux, comptent sur la richesse des lieux pour remplir leurs estomacs : poissons, grenouilles, tritons… Immobiles, tête baissée sur le miroir d’eau, ils guettent leur proie avec une patience qui force l’admiration. Près d’une dizaine de Hérons cendrés, un magnifique Héron pourpré et au moins six Grandes Aigrettes sont découverts tour à tour par notre groupe. Un rassemblement bien peu courant en Ile-de-France. La chance est manifestement de notre côté.

 

Lorsqu’un nouvel oiseau apparaît dans le ciel et descend sur l’étang. Un autre grand oiseau blanc qui est d’abord annoncé comme une Grande Aigrette supplémentaire. Mais l’oiseau vole le cou tendu – contrairement aux hérons et aux aigrettes qui ont le cou replié dans les épaules. Le bec immense ne laisse aucun doute quant à l’identité du nouvel arrivant : une Spatule blanche. C’est une espèce très rare en Ile-de-France et les Dieux nous sont décidément favorables. La spatule – adulte – descend sur le plan d’eau et pose le long d’un pan de roselière.

 

Puis un cri. Aigu. Puissant. Une flèche bleutée, décochée d’on ne sait où, passe à quelques mètres de nous, traverse un bras d’eau et se pose sur une branche basse d’un saule de la rive. Le Martin-pêcheur se laisse copieusement admirer. De face, arborant sa large poitrine orangée puis de profil avec ses ailes bleu EDF. Un oiseau somptueux que nous reverrons fréquemment au cours de la matinée.

 

La plaine…

 

Laissant la digue derrière nous, le groupe s’engage sur le petit chemin séparant la forêt de la plaine. De nombreux passereaux croisent notre route. Souvent invisibles dans le couvert végétal, beaucoup ne se signalent que par leurs cris. D’autres, plus coopératifs, se perchent au sommet d’un buisson, sur un fil de clôture, sur un piquet ou sur une motte de terre dans le champ que nous longeons. Rougegorge familier, Troglodyte mignon, Pouillot véloce, Fauvette à tête noire, Bruant jaune, Mésange bleue, Pinson des arbres, Linotte mélodieuse… La liste s’allonge rapidement.

 

Dans un pré, souvent pâturé par un troupeau de bovins, au moins trois Vanneaux huppés courent dans les herbes avachies par la sècheresse. Ce sont les trois premiers de la saison. A l’automne, ils seront rejoints par des dizaines puis des centaines d’autres accourus dans ces plaines fertiles pour passer l’hiver. En janvier, si l’hiver est doux, des troupes de dix milles individus ne sont pas exceptionnelles.

 

Après un curieux bâtiment en ruine qu’on imagine splendide à ses heures de gloire – le pavillon de chasse de Napoléon que personne n’a jamais eu l’idée d’entretenir – notre groupe débouche sur une nouvelle digue. Un étang de chaque côté. Les hirondelles les survolent par dizaines. Probablement plus de deux-cents oiseaux se croisent et s’entrecroisent à chaque instant, chassant les insectes que la fraicheur ambiante de la matinée a regroupé au-dessus des plans d’eau. On pourrait craindre quelques collisions, mais très agiles, les oiseaux enchainent les acrobaties au milieu d’un enchevêtrement de boules de plumes en mouvement sans jamais percuter de congénères. Une prouesse.

 

Tranchant avec la large envergure de la Mouette rieuse – toute proportion gardée – un petit laridé apparaît. Vol léger. Silhouette ramassée. Queue courte. Plumage assez sombre. Une jeune Guifette noire chasse elle aussi. Deux à trois mètres au-dessus de l’onde, l’oiseau zigzague au hasard quêtant son déjeuner. Une fois sa proie repérée, l’oiseau pique en direction de l’eau qu’elle effleure, et capture d’un coup de bec un insecte aquatique ou un petit poisson monté imprudemment en surface.

 

En forêt…

 

Le retour se fait par la rive nord, couverte par trois parcelles de forêt domaniale. Une futaie assez jeune au milieu de laquelle sont maintenus quelques vieux arbres. La matinée est maintenant bien avancée et le sous-bois est plutôt calme. Le rire d’un Pic vert troue tout à coup le silence. Les cris d’un ou deux Grimpereaux des jardins tombent des houppiers où les oiseaux parcourent les branches à la recherche d’un plat de résistance.

 

Les ronciers sont déjà chargés de mûres. Si beaucoup sont bien noires, le manque d’eau a engendré des fruits souvent de petite taille, peu juteux et passablement acides. Une ou deux fleurs de chèvrefeuille exhalent encore leur doux parfum. D’autres pieds sont en fruits et arborent des grappes de petites boules écarlates.

 

Alors que nous cherchons à voir deux Sittelles torchepots dans un grand chêne, un SMS s’annonce d’un son de cloche : un petit héron blanc vient d’être aperçu sur l’étang sept ou huit centaines de mètres plus loin devant nous. D’une espèce restant à déterminer. Nous nous remettons en route, bien décidés à observer cet oiseau mystère. Une fois sur place, le verdict tombe : une Aigrette garzette. Encore une espèce fort rare en ces lieux. Avec l’approche de l’automne, beaucoup d’oiseaux se mettent en mouvement, qu’il s’agisse d’entamer leur migration vers le sud ou simplement de vagabonder ici et là dans le seul but de découvrir un lieu offrant le gîte et le couvert pour y passer quelques semaines au calme.

 

Nos propres estomacs nous rappellent qu’il est également pour nous l’heure de passer à table. Le groupe se sépare après une balade des plus agréables qui laissera à tous de belles images en tête.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Grand Cormoran, Héron cendré, Héron pourpré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Spatule blanche, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Bondrée apivore, Buse variable, Busard des roseaux, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Chevalier culblanc, Chevalier guignette, Bécassine des marais, Mouette rieuse, Guifette noire, Pigeon biset domestique, Pigeon ramier, Tourterelle des bois, Tourterelle turque, Martinet noir, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Hirondelle de rivage, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Merle noir, Rousserolle effarvatte, Fauvette à tête noire, Fauvette grisette, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Pipit des arbres, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse, Serin cini, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune, Bruant des roseaux

 

Papillons de jour

Myrtil

 

Libellules

Aeschne mixte

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