13 août 2018

Vous avez dit pédonculé ?  

Et il y a des jours où cela s’évapore…

 

L’étang d’or a perdu de sa superbe ! La canicule, prolongée depuis la mi-juin, a restreint sa surface en eau. Les berges sont à sec. Qui aurait prédit un tel scénario au printemps lorsque le ciel n’en finissait plus de s’épancher, détrempant la forêt et inondant une nouvelle fois le quartier de Groussay à Rambouillet ? Alors que nous désespérions à l’époque de remiser nos bottes en caoutchouc, nous aurions pu faire ce soir la balade en mocassins sans risquer de les salir autrement que par la poussière du chemin.

 

Les Canards colverts profitent de l’été chaud et sec pour convoler en juste noces. De jeunes boules duveteuses âgées de deux semaines au plus nagent dans le sillage de leur mère. Pour les Foulques macroules et les Gallinules poule-d’eau la reproduction est par contre une affaire achevée : les jeunes, indépendants, arpentent les vasières asséchées à la recherche de leur pitance journalière. Deux Hérons cendrés, immobiles et le regard rivé sur le miroir d’eau, attendent de harponner leur dîner.

 

De grandes quantités de glands jonchent déjà le sol. La longue période de sécheresse stresse la végétation. La strate herbacée est grillée. Les ligneux de hautes tiges à l’enracinement profond s’en tirent mieux, puisant dans le sous-sol les pluies du premier semestre. La chaleur persistante les contraint toutefois à limiter au maximum leurs pertes d’eau et à limiter leur fructification au stricte nécessaire.

 

Le vent a aussi jeté de nombreux rameaux à terre. N’ayant qu’à nous baisser pour étudier les différences entre Chêne sessile et Chêne pédonculé, le groupe se lance avec frénésie dans l’exercice. Certaines personnes en ont probablement rêvé toute la nuit suivante. Un leitmotiv : « il faut regarder le gland ! » C’est le gland qui donne son nom à l’arbre. Si le gland est pédonculé, le chêne l’est également. A l’inverse, si le gland est sessile, il n’est pas interdit d’entonner la magnifique chanson de Nougaro. Le pédoncule, c’est la petite tige qui attache le gland à la branche. Si le gland est relié à la branche par un pédoncule, l’arbre est un Chêne pédonculé. Si le gland est directement attaché à la branche sans autre intermédiaire, le chêne est sessile.

 

C’est très simple !

 

Ou presque… Car les glands ne sont pas toujours visibles. Dans ce cas, la meilleure méthode revient à examiner les feuilles. Et c’est là que l’exercice se gâte. Car pour les feuilles, c’est l’inverse ! Le Chêne pédonculé a des feuilles sessiles – dépourvues de pétioles, le limbe est directement au contact du bois de la branche. Et le Chêne sessile ? Des feuilles pédonculées ! Déroutant, mais rien qui ne saurait résister à un entrainement régulier et à deux comprimés d’aspirine.

 

J’entends des commentaires narquois : et en hiver, lorsqu’on ne peut observer ni gland ni feuille ? Nous en reparlerons lors des sorties natures de décembre et janvier (il y en aura) : on peut s’en tirer avec un examen des bourgeons. Les bourgeons sont visibles tout l’hiver : ceux qui s’ouvriront au printemps 2019 se sont formés cette année. Vous pouvez vérifier : ils sont déjà présents. Ils leur manque encore l’étape du froid hivernal pour éclore.

 

Si l’étude des chênes du secteur occupe le groupe, d’autres essences sont également admirées. Le Hêtre et ses feuilles lisses aux bords poilus. Le Charme et ses feuilles dentelées. L’Alisier torminal très échancré.

 

Le ciel s’obscurcit…

 

La soirée s’avance. L’heure tourne et il apparaît rapidement que la durée du jour a déjà beaucoup diminué depuis le solstice d’été. Pouillots véloces, Fauvettes à tête noire, Troglodytes mignons, Mésanges huppées naviguent en sous-bois. Un cri par-ci, un autre par-là. Une silhouette fugace dans un houppier de Pin sylvestre. Une autre dans un saule de la rive de l’étang. La nidification achevée, beaucoup d’oiseaux se font discrets.

 

Le ciel, nuageux en début de soirée, se dégage peu à peu sous l’impulsion du vent d’ouest. Les étoiles les plus brillantes apparaissent bientôt : Véga au zénith, Déneb et Altaïr pour fermer le triangle des belles d’été. L’horizon sud est fermé, dissimulé par un pan de forêt masquant les planètes : nous n’apercevrons pas Jupiter. Ni Saturne ni Mars.

 

Mais le nord et l’est sont dégagés. Et tandis que trois ou quatre Chouettes hulottes nous offrent la sérénade, nous cherchons la constellation de Persée et l’amas des Perséides d’où proviennent les étoiles filantes du mois d’août. Il est encore tôt. Le ciel n’est pas encore noir. La galaxie d’Andromède n’est pour le moment qu’une très vague tache laiteuse dans un ciel rosé. A peine visible aux jumelles, il faudrait attendre que la nuit s’obscurcisse davantage.

 

A 22h30, une première étoile filante traverse une courte portion de ciel : un météore de petite taille est entré dans l’atmosphère terrestre pour être immédiatement désintégré. Au bout de trente minutes, seules trois traînées ont été aperçues. Courtes. Eteintes avant d’avoir pu être observées par tous. Frustrantes. Mais le site ne se prête pas à l’observation astronomique. La proximité de la ville de Rambouillet et des lumières du camping proche de l’étang d’or nous gênent particulièrement.

 

Les lieux sont donc rendus aux nombreuses chauves-souris qui chassent en bordure de l’étang, le long de la futaie. Les hululements des chouettes trouent encore le silence à intervalles réguliers. La forêt se referme pour la nuit.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Héron cendré, Canard colvert, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Pigeon ramier, Chouette hulotte, Pic épeiche, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange huppée, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Gobemouche gris, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Chardonneret élégant, Pinson des arbres

 

Orthoptères

Grande Sauterelle verte, Grillon des bois

 

Mammifères

Chevreuil européen