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16 août 2018

Soirée à Poigny 

Le charme de la forêt… 

 

Un vent léger bruisse dans les arbres lorsque le groupe se glisse en sous-bois. Associé à la sécheresse qui sévit depuis le début de l’été, il nous laisse espérer une soirée sans (trop de) moustique(s). Il n’est pas interdit de rêver ! Le spray de répulsif reste toutefois à portée de main.

 

L’un des premiers arbres qu’on rencontre à cet endroit est magnifique. Un tronc aussi épais qu’un chêne multicentenaire. Une écorce lisse, grise. Un tronc et des branches « musculeux », veinés, irréguliers. Des feuilles de petites tailles et ovales qu’on prendrait aisément pour du Hêtre… Pourtant les feuilles sont finement dentelées, nullement vernissées. Cet arbre exceptionnel est un Charme. Sans doute l’un des plus beaux du massif forestier de Rambouillet.

 

Le vent, s’il rafraîchit agréablement la soirée, est peu favorable aux oiseaux du sous-bois. Ces derniers se font discrets. Le Gobemouche gris piaille depuis les branches claires d’un haut bouquet de chênes. Les Sittelles torchepots, capables de descendre le long d’un tronc la tête en bas volettent de branche en branche afin de chercher leur nourriture. Et le Troglodyte mignon, l’une des plus petites espèces d’Europe à la voix si tonitruante qu’on imaginerait un oiseau bien plus gros.

 

Parvenus à un carrefour, une grande mare se dissimule sous des saules. Le niveau d’eau est bas à l’instar de tous les plans d’eau de la région en ce moment. L’évaporation, intense cet été, a considérablement réduit l’eau disponible en forêt. Les berges sont piétinées de centaines d’empreintes. Cerfs, chevreuils, sangliers… tous doivent venir s’abreuver ici. Il suffirait sans doute à une personne seule et totalement silencieuse de se poster à proximité pour voir apparaître les animaux venir se désaltérer.

 

C’est à ce moment précis qu’un aboiement furieux retentit derrière nous. Ce n’est pas un chien mais un chevreuil. Le chevreuil aboie et s’identifie aisément des autres mammifères indigènes. Nous a-t-il entendus ? Sentis ? Quel que soit le sens qui l’a renseigné, notre présence a été décelée. L’animal venait probablement boire et a été surpris de nous trouver au bord de l’eau.

 

L’humidité attire décidément. Deux grosses libellules nous tournent autour depuis quelques minutes. Malgré l’heure tardive – les libellules volent principalement aux heures où le soleil est haut dans le ciel. Un thorax vert strié de noir et un abdomen à dominante bleue : deux Aeschnes bleues qui figurent parmi les plus grandes libellules d’Europe ! Les « dragons volants » comme les appellent les britanniques ; c’est vrai que vu de près, ces gros insectes impressionnent.

 

L’ombre gagne…

 

Le soleil descend peu à peu sur l’horizon. L’ombre gagne. Surtout en sous-bois. C’est l’heure un peu creuse en forêt. Les espèces diurnes ont toutes trouvé un gîte pour la nuit et pour elles le marchand de sable s’apprête à venir les border. Les espèces nocturnes, elles, ne sont pas encore bien actives. Elles se disent paresseusement qu’il va bientôt falloir s’y mettre. Que cela va être à elles… Une sorte d’entracte entre le jour et la nuit. Le promeneur déambule silencieusement avec les stridulations omniprésentes des Grillons des bois qui courent par milliers dans la litière du sous-bois. La Grande Sauterelle verte elle aussi sauve un peu l’animateur nature qui n’a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Déjà quelques minutes qu’il brode en attendant sur un arbre ou une plante qui on l’avantage de ne pas bouger et d’être là où on les attend. Il tend l’oreille, guette le pas d’un animal bruissant dans les feuilles sèches. Une chouette qui pousserait un « hoouuu »… Et l’engoulevent : la star du secteur qui ne devrait plus tarder !

 

Et tout à coup, le fameux chant bourdonnant se fait entendre. D’abord lointain. Puis un « couac », le cri de l’oiseau lorsqu’il vole. Quelques secondes plus tard, une silhouette se dessine sur le ciel encore clair. L’engoulevent a repéré les intrus que nous sommes. En curieux il vient voir. Se rendre compte sur place, par ses propres yeux. De son vol chaloupé si caractéristique, il s’approche de nous. Il n’est parfois qu’à trois ou quatre mètres.

 

Puis un second oiseau apparaît, nous survole à son tour. Ainsi qu’un troisième et même un quatrième. Sans doute le couple avec ses deux jeunes maintenant volants. Un ballet s’organise, ponctué de cris et de courtes séquences de chants. Nous choisissons toutefois ne pas demeurer sur place trop longtemps. Les oiseaux s’énervent de façon visible. Il est inutile de les déranger davantage. Nous poursuivons notre chemin en direction des véhicules. Deux autres engoulevents sont entendus le long du trajet du retour.

 

La nuit est maintenant sombre. La Lune brille : un premier quartier. Mais la lumière n’équivaut pas encore à celle de l’astre plein et il convient d’être attentif pour conserver les pieds sur le chemin. A la longue l’œil s’habitue et il est possible d’évoluer sans lampe torche.

 

Juste avant de revenir à notre point de départ, une Chouette hulotte nous lance une note pour nous signaler qu’elle était là elle aussi !

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Canard mandarin, Pigeon ramier, Chouette hulotte, Engoulevent d'Europe, Pic épeiche, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Grive musicienne, Roitelet à triple bandeau, Gobemouche gris

 

Mammifères

Chevreuil européen, Sanglier

 

Libellules

Aeschne bleue

 

Papillon de nuit

Timandre aimé

 

Amphibiens

Grenouille agile

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