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22 juillet 2018

D'or et d'émeraude 

Au bord de l’étang…

 

 

L’étang d’or se trouve à la porte de Rambouillet, tout bout d’une route sans issue qui débouche en pleine forêt. Un bel étang bordé de tous côtés par les bois. Les arbres se reflètent dans l’eau, des Canards colverts glissent sur l’onde et un jeune Héron cendré – immobile – guette son repas d’un œil attentif. Le soleil bille, il fait chaud. Balade bucolique en perspective !

 

La sortie commence par la rive ouest de l’étang. Partiellement ombragée, elle est moins fréquentée que celle d’en face agrémentée de tables de pique-nique. De nombreuses libellules gorgées de soleil volent à des vitesses incroyables. Accélérations fulgurantes, changements de direction à angle droit, elles ne sont pas aisées à suivre des yeux. Quant à les fixer dans une paire de jumelles ou dans le viseur d’un appareil photo… Les Orthétrums réticulés, à l’abdomen bleu ciel terminé de noir, sont les plus communes. Territoriaux, les mâles se poursuivent, se chassent mutuellement de leur territoire respectif.

 

Conflit de voisinage !

 

Les enfants, armés d’un filet à papillons plus grand qu’eux, partent en chasse. Les débuts sont un peu maladroits mais la technique vient peu à peu. De la dextérité et un coup de poignet pour refermer le filet dès que l’insecte est capturé. Les premières prises sont des piérides – ces beaux papillons blancs qui butinent les fleurs de Salicaires communes. Trois espèces principales sont visibles en forêt de Rambouillet : la Piéride du chou, la Piéride de la rave et la Piéride du navet. Les deux dernières constituent l’essentiel des prises de nos entomologistes en herbe.

 

Tout à coup, une magnifique libellule écarlate est aperçue postée sur une touffe de roseau. Elle observe les environs depuis sa tour de guet. Un beau mâle de Sympétrum sanguin attentif à ce qu’aucun intrus n’envahisse son espace vital. L’intérêt des enfants est immédiatement éveillé. La convoitise se lit dans leurs yeux lorsqu’ils marchent vers cette belle bestiole rouge. Mais chauffé par le soleil, le Sympétrum ne s’en laisse pas conter. Avant même que le filet ne s’abatte sur son mirador, l’animal s’envole et semble narguer ces petits humains pas encore assez rapides. Ce sera pour une prochaine fois.

 

En forêt…

 

​Puis nous quittons la rive pour pénétrer en sous-bois. Chênes et hêtres trônent majestueusement au-dessus des autres espèces. Charmes, tilleuls, noisetiers, saules, merisiers poussent aux étages inférieurs. A l’ombre de leurs vénérables voisins ou au contraire dans un puits de lumière apparu à la suite de la chute ou de l’abattage d’un grand arbre.

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Des myriades de verts.

 

Les papillons sont omniprésents. Tabac d’Espagne, Piéride de la rave, Sylvaine, Petit Sylvain, Myrtil, Amaryllis, Tircis, Tristan… Et même la quatrième espèce de piéride que nous n’attendions pas car bien plus rare que les trois autres : une Piéride de la moutarde est capturée au filet par une jeune fille passée experte dans le maniement du filet à papillon !

 

Le groupe arrive au bord d’une parcelle venant d’être exploitée. Tout le sous-bois a été ôté. Ne subsistent que les plus grands chênes. Ces beaux arbres vont être maintenus encore quelques années le temps qu’ils régénèrent naturellement la parcelle : les glands tombant au sol vont germer et former un nouveau taillis. Leur rôle de semencier accompli, ces grands arbres seront ensuite récoltés et dirigés vers l’ébénisterie. En attendant, la parcelle est claire, offrant peu de cachette pour les animaux. C’est là qu’un chevreuil est aperçu. L’observation est d’ailleurs mutuelle car l’animal nous a vu lui aussi. De quelques bonds, il met sagement quelques dizaines de mètres supplémentaires entre nous. Puis s’arrête, observe de nouveau avant de s’éloigner encore et de disparaître dans un couvert végétal plus dense. L’observation a duré deux ou trois minutes.

 

Magique !

 

Au retour, le filet à papillon trouve une nouvelle utilisation. Suffisamment profond pour englober la moitié du corps d’un jeune enfant, l’un d’eux a l’idée de l’enfiler sur la tête en guise de moustiquaire. Une sage précaution vu le nombre de culicidés hématophages qui nous tournent autour depuis un moment déjà.

 

Revenus à notre point de départ, nous découvrons un pan de lierre grimpant sur la claie d’un grillage métallique. L’arbuste – ou deux arbustes accolés – présentent deux formes de feuilles différentes. Des feuilles lobées pour le premier et des feuilles ovales, pointues à leur extrémité pour le second. Il s’agit pourtant de la même espèce. Mais à des stades différents. Le lierre a la plupart du temps des feuilles lobées – trois ou cinq lobes. Mais au moment de fleurir, lorsque le rameau devient fertile, nous apprenons que l’arbuste modifie la forme de ses feuilles qui s’allongent alors. On parle de polymorphisme foliaire.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Canard colvert, Héron cendré, Buse variable, Foulque macroule, Gallinule poule-d'eau, Pigeon ramier, Pic épeiche, Corneille noire, Geai des chênes, Corneille noire, Mésange bleue, Mésange nonnette, Sittelle torchepot, Merle noir, Fauvette à tête noire, Roitelet à triple bandeau, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Pinson des arbres

 

Orthoptères

Grillon des bois

 

Mammifères

Chevreuil européen

 

Papillons de jour

Sylvaine, Piéride de la moutarde, Piéride de la rave, Piéride du navet, Tircis, Tristan, Amaryllis, Myrtil, Tabac d'Espagne, Petit Sylvain

 

Libellules

Pennipatte bleuâtre, Ischnure élégante, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin

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