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22 juillet 2018

Sunset sur les étangs 

Au bord de l’eau…

 

Deux hautes haies d’aubépine. Et au milieu coule une rivière de bitume. Une ancienne route, fermée à la circulation à la fin du siècle dernier. De chaque côté un étang. Deux parmi les six que compte la chaîne creusée par les petites mains de Louis XIV pour que le roi jouisse de magnifiques jeux d’eau dans son pré carré versaillais.

 

Il n’est pas encore 20 heures et le soleil est encore haut. Sur l’étang ouest, la lumière est crue et la chaleur vive. Le groupe reste sagement à l’ombre, tournant le dos à l’astre du jour à observer les oiseaux sur le plan d’eau oriental. La torpeur de l’après-midi a laissé quelques séquelles. Le calme règne. Des libellules jouent les prolongations – elles dont l’activité marque habituellement un pas au-delà de 18h. Un grand Anax napolitain chasse devant nous au pied de la digue. C’est l’une des plus grandes libellules de France avec ses sept ou huit centimètres de long. Des Orthétrums réticulés, au comportement très territorial, se chassent et se harcèlent à tour de rôle aux frontières de leurs domaines respectifs.

 

Une famille de Ragondins traverse l’étang. Un adulte ouvrant la voie, quatre minots sagement dans son sillage. Les oiseaux achèvent leur sieste. Tout juste s’ils commencent à montrer le bout de leur bec. La soirée les verra sans doute un peu plus actifs. On croise les doigts.

 

Un groupe de Bernaches du Canada, cette grande oie brune à cou noir, cacardent bruyamment. S’il existe une espèce discrète dans la région, ce n’est assurément pas celle-ci ! Les Bernaches sont souvent très bruyantes. Poussant des cris de trompettes audibles à plus d’un kilomètre, elles assurent l’ambiance. Imperturbable, un Martin-pêcheur d’Europe – aux superbes couleurs orange et bleue – pêche tranquillement : perché sur un piquet de bois crevant la surface, il guette les petits poissons passant à proximité. Sa proie repérée, il prend son envol, s’élève de deux ou trois mètres et plonge embrocher son repas.

 

Les Foulques macroules – ces sortes de « canards » entièrement noir et pourvu d’un fort bec blanc – veillent sur leurs jeunes. Les Poule-eau, plus petites et au bec rouge à pointe jaune, font de même. A leurs côtés des Hérons cendrés – gris comme l’indique leur nom – et deux Grandes Aigrettes pêchent. Les Grandes Aigrettes sont des oiseaux magnifiques. De la taille du héron, elles arborent un bec orange et un plumage blanc immaculé. L’espèce, très rare dans les années 1990, est devenue d’observation très régulière durant la dernière décennie.

 

Dans la plaine…

 

Au-delà du bois étroit qui jouxte la rive sud des étangs, une plaine s’ouvre sur les villages des Bréviaires et du Perray-en-Yvelines. Les moissons sont déjà bien avancées. L’orge est récoltée. Une grande partie du blé – et du colza – l’est également rappelant que le temps a été chaud et sec depuis la mi-juin, accélérant la maturation des céréales.

 

Des chaumes, de longues oreilles dépassent. Les lièvres ne sont plus aussi discrets, trahis maintenant par une anatomie auditive particulièrement développée. Dans une parcelle pâturée, un troupeau de charolais est harcelé par les mouches. Autour d’eux, de nombreux corvidés fouillent les herbes piétinées à la recherche de nourriture – insectes, déchets, micro-mammifères… Pas difficile pour deux sous, la famille est opportuniste.

 

Ce rassemblement est l’occasion de détailler les trois espèces proches. La Corneille noire, la plus commune, est un corvidé de belle taille – 90 à 100 centimètres d’envergure. Son plumage est d’un noir éclatant, brillant au soleil. Ses pattes et son bec son noirs. Le Corbeau freux, beaucoup plus rare, est de même taille mais arbore un bec gris pâle. Le Choucas des tours, enfin, est le benjamin de la bande. Un tiers plus petit que les deux premiers, il est aisément identifiable à sa nuque grise.

 

Deux fines fusées arrivent au vol. La première passe son chemin tandis que la seconde se pose sur une brindille d’aubépine proche de nous. Une femelle de Sympétrum sanguin, une belle petite libellule de couleur jaunâtre pratiquement invisible à ceux qui ne l’auraient pas vu se poser.

 

Mais la saison avance. Les jours se font plus courts et le soleil se rapproche dangereusement de l’horizon. Si nous voulons fixer sur la pellicule sa plongée dans l’eau de l’étang, il est plus que temps de rebrousser chemin.

 

​De retour sur les étangs…

 

Retour sur la digue. A l’entrée, entre les deux haies, une grande libellule patrouille inlassablement. A gauche, à droite, à nouveau à gauche. Puis encore à droite. Nous patientons quelques minutes en espérant la voir poser. Pour l’identifier. Pour la photographier. Il est déjà plus de 21h30 : bien tard pour un odonate. La probabilité de la voir se percher sur une brindille est assez élevée. Une très grande taille, un thorax vert barré de noir, un abdomen pointillé de bleu et de noir. Un beau mâle d’Aeschne bleue. Mais si l’identification est résolue, la photo paraît compromise. Car la bête poursuit ses allers et retours. Sans montrer de signe de fatigue ou de lassitude.

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Pendant ce temps, le soleil poursuit sa descente. Peut-on attendre encore ? Le risque est trop grand et nous reprenons notre marche en espérant que l’instant fatidique n’appartienne pas déjà au passé. Arrivés au point de vue, l’étang apparaît. Les couleurs sont magnifiques mais le disque a disparu. Les rares nuages accrochés au ponant étincellent toutefois de mille feux. L’instant est manqué mais de peu et les photos seront tout de même fort belles.

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Le crépuscule avançant, le ciel devient plus sombre – enfoncer une porte ouverte de temps en temps ne peut pas nuire ! Les couleurs s’estompent et le chant de la Locustelle tachetée monte au-dessus de la roselière. Un trille saccadé. Un staccato des marais pouvant se maintenir durant plusieurs minutes, sans faiblir, sans modulations. Entendu principalement le matin au chant du coq et le soir à la tombée de la nuit.

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Le jour décroît à chaque instant. L’heure de la retraite approche. Les aigrettes se sont perchées dans les arbres pour la nuit. Les libellules se sont retirées dans la végétation. La Tourterelle des bois s’est tu. L’heure du départ sonne pour notre petit groupe. Un dernier regard circulaire et nous tournons le dos à ce merveilleux endroit. Les lieux, paisibles, revivront lorsque le soleil se lèvera une fois de plus sur l’horizon opposé.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Buse variable, Faucon crécerelle, Faisan de Colchide, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle des bois, Tourterelle turque, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Pic mar, Alouette des champs, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Merle noir, Locustelle tachetée, Rousserolle effarvatte, Fauvette à tête noire, Fauvette grisette, Pouillot véloce, Bergeronnette grise, Étourneau sansonnet, Verdier d'Europe, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Bruant jaune

 

Orthoptères

Grande Sauterelle verte

 

Mammifères

Lièvre d'Europe, Ragondin

 

Amphibien

Grenouille verte

 

Libellules

Aeschne bleue, Anax napolitain, Orthétrum réticulé, Sympétrum sanguin

 

Papillon de nuit

Ptérophore blanc

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