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22 décembre 2018

Solstice d'hiver... et varié ! 

Les étangs…

 

Ciel voilé. Craquelé. Rappelant les images de terres argileuses, assoiffées et lézardées en tous sens. Le soleil devrait percer. Une belle journée d’hiver s’annonce alors que nous parvenons aux portes de la réserve. Même si la Seine reste invisible, on devenir le fleuve partout. Dans la plaine alluviale. Dans les anciennes gravières réhabilitées en étangs. Dans la végétation riveraine, composée de bouleaux, de trembles, d’érables, de frênes. De buissons de clématites.

 

Autour des îlots, des Canards souchets, chipeaux et colverts nagent. Placidement. En files indiennes. Les souchets filtrent l’eau de leur large bec en forme de spatule. Chipeaux et colverts plongent la tête sous l’eau à la recherche d’herbes et de plantes aquatiques. Plongent la tête sous l’eau, aussi profond que possible, le cul en l’air ressemblant à des bouchons flottant en surface. Deux cygnes majestueux fendent l’onde devant notre observatoire. Le mâle, le plumage crânement gonflé, les ailes en corbeille. La femelle dans son sillage, docile ou amusée par le côté m’as-tu vu de son « homme » : « Oui, tu es beau. Mais cesse un peu de te la raconter ! »

 

A côté de ces canards « de surface », les canards plongeurs disparaissent entièrement sous l’eau pour aller chercher leur nourriture jusqu’à trois ou quatre mètres de profondeur. Les Fuligules milouins – dont le mâle est reconnaissable à sa tête rousse – côtoient les Fuligules morillons au plumage noir et blanc.

 

Pendant ce temps-là, au-dessus de nos têtes, le vent charrie son lot de nébulosités en provenance du sud-ouest. Mais le soleil monte. Et gagne du terrain. Ses rayons jouent avec les nuages. Le ciel est une mosaïque d’or et de gris particulièrement photogénique. Et quelle douceur ! Au moins douze degrés au thermomètre.

 

Le bord du chemin est labouré. Touffes d’herbe retournées. Sol creusé. Fouillé. Et dans la boue du sentier, une large trace. Un sabot largement fendu. Et en arrière duquel on aperçoit  une garde bien visible qui signe le coupable : un sanglier !

 

Deux ou trois photos plus tard, le groupe lève le camp et s’éloigne en direction de la base de loisirs. Un vaste plan d’eau de plusieurs dizaines d’hectares attend notre visite. Bien sûr, l’espace doit être partagé. Des barques flottent au milieu du lac. Des pêcheurs à la ligne patientent dans l’attente de voir le bouchon s’enfoncer brusquement sous la surface. Quelques véliplanchistes profitent de la brise pour surfer sur les rides. Tandis que des milliers d’oiseaux goûtent la quiétude d’une zone sans chasse – sans danger.

 

L’espèce majoritaire est la Foulque macroule. Ce n’est pas un canard mais un rallidé. De la même famille que la Poule-d’eau. La foulque est cet oiseau rondouillard d’allure un peu pataude, entièrement noir et pourvu d’un gros bec blanc qu’on croise souvent sur les étangs et bassins des parcs urbains. De grandes bandes forment de véritables radeaux. Trois mille oiseaux. Peut-être quatre mille. Et parmi elles, des oiseaux se glissent. Aux jumelles, à la longue vue, le groupe fouille avec l’impression de chercher Charlie, le célèbre petit bonhomme au pull rayé qui à chaque page éprouve un malin plaisir à se dissimuler au milieu de centaines de personnages habillés comme lui.

 

Avec patience, nous allongeons la liste des oiseaux. Encore des Fuligules morillons et milouins. D’autres Canards chipeaux. Mais aussi des Garrots à œil d’or, de splendides canards nordiques arrivés d’Ecosse et de Scandinavie pour profiter de notre douceur océanique. Nous aurons la chance d’en observer trois ou quatre proches de la rive et dans une magnifique lumière. L’appareil photo crépite. Le résultat n’a rien d’exceptionnel mais aura tout de même valeur de souvenir.

 

Il est maintenant temps de nous intéresser avec attention aux très nombreux grèbes dispersés sur toute la surface du lac. Ils sont plusieurs centaines. De tailles différentes. A chacune d’elle correspond une espèce. Il en existe cinq en Europe – dont deux rares dans la région. Les plus grands, très élancés, très élégants, sont des Grèbes huppés. Très colorés au printemps arborant une collerette orange et noire, ils se contentent à cette saison d’un plumage noir et blanc – très sobre. Les plus petits, rondouillards et maculés de bruns sont des Grèbes castagneux. Au printemps, leur présence est souvent révélée par leur chant extraordinaire ressemblant tant à un éclat de rire.

 

Une troisième taille, intermédiaire entre les grands et les petits, révèle le Grèbe à cou noir. Très rondouillard lui aussi. Avec le crâne pointu, l’œil rouge écarlate et beaucoup de noir à la tête. Lorsqu’une quatrième espèce – espérée sans y croire vraiment – sort du lot. Se tenant parmi les cous noirs. Y ressemblant à s’y méprendre mais  avec quelques différences lorsqu’on l’observe avec attention. Le sommet du crâne est plat et non conique. Le noir sur la tête est bien plus limité. Le flanc est moins bouffant et donne à l’oiseau une silhouette (un peu) plus fine. Le Grèbe esclavon est rare à l’intérieur des terres. L’espèce a généralement une répartition littorale durant la mauvaise saison. Et plus septentrionale que les autres.

 

Le Tichodrome…

 

Soucieux de pousser notre chance jusque dans ses derniers retranchements, nous quittons la Normandie pour rejoindre le coin nord-ouest de l’Ile-de-France. En bord de Seine, le château de la Roche-Guyon semble servir de contreforts à la belle falaise crayeuse au pied de laquelle il est bâti.

 

Sur les murs de ce magnifique bâtiment, un oiseau montagnard est venu passer l’hiver. Un Tichodrome échelette, tenant à la fois de l’oiseau et du papillon ravit bon nombre de naturalistes depuis le début du mois de novembre.

 

Scrutant les murs du château, les parois de craie, le clocher de l’église, nous cherchons la star non sans une certaine fébrilité. Fouillons chaque pierre. Chaque recoin. Attentif au moindre mouvement. Au moindre papillonnement. Mais rien ne bouge. Les parois, tout à leur verticalité, nous dominent un brin narquoises. Nous n’espérions tout de même pas trouver le tichodrome en une minute, sans fournir le moindre effort ? Nous venons voir un oiseau sauvage. Nous ne sommes après tout pas au zoo.

 

Après trois bons quarts d’heure de recherche, la bestiole daigne enfin se montrer. Accrochée on sait comment à la façade du château. Les ongles plantés dans la pierre, le corps au-dessus du vide et aussi à l’aise que s’il se déplaçait sur une surface horizontale. A l’aide d’incessants coups d’ailes, l’oiseau visite chaque rainure, chaque anfractuosité. Chaque petit trou pouvant cacher une araignée, un insecte, une larve qu’il saisit adroitement de son long bec effilé.

 

Durant près de deux heures, nous restons à admirer l’artiste. Grimpant par à-coups le long d’un mur. Puis se jetant dans le vide les ailes ouvertes pour reprendre son manège quatre ou cinq mètres plus bas. Si sa silhouette anthracite est bien visible sur les pierres ocres du château, le tichodrome se montre bien plus mimétique et difficile à repérer sur la paroi crayeuse. Ponctuée de mousses et de filons de silex, la falaise est tâchée de sombre et seuls ses mouvements trahissent alors le petit oiseau.

 

Dans la végétation, de nombreuses espèces saluent la douceur et en profitent pour chanter. Les strophes lentes du Merle noir. Celles plus puissantes de la Grive draine. La mélopée du Rougegorge familier. Le « ti-tu » saccadé de la Mésange charbonnière. Et même le Pigeon ramier tient à se faire entendre, roucoulant depuis les grands arbres entourant le vieux donjon qui trône en maître au sommet de la ville.

 

Laissant les flots de la Seine s’écouler paresseusement en direction du Havre et après avoir joué avec la très belle lumière faisant miroiter le fleuve, le groupe plie bagage – heureux de la belle journée. Songeant tout au long du chemin de retour aux observations faites, aux photos à trier ou à cet article à rédiger. La Normandie nous reverra au mois de février pour la fin de l’hivernage…

 

En attendant, joyeux Noël à toutes et tous !

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe castagneux, Grèbe esclavon, Grèbe à cou noir, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Aigrette garzette, Cygne tuberculé, Oie à tête barrée, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Garrot à oeil d'or, Buse variable, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Goéland argenté, Goéland brun, Mouette rieuse, Pigeon biset domestique, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Pic vert, Pic noir, Pic épeiche, Corneille noire, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Tichodrome échelette, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Grive draine, Accenteur mouchet, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Étourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres, Pinson du Nord, Bruant jaune, Bruant des roseaux

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