Au bord de l’eau…

 

Ciel plombé au lever du jour. Des nuances de gris, variant du moins clair au plus sombre. Des nuages galopent dans le ciel, du sud vers le nord. Et cette pluie apparue dans la nuit.

 

Les étangs ont revêtu leur tenue d’automne. Les niveaux sont toujours très bas mais les roseaux se teintent de gris et de bruns. De ternes. L’eau grise reflète la couleur des nuées. La pluie oblique jette un voile diaphane sur le paysage.

 

Et sur la digue, un groupe – nous ! Equipés de vêtements imperméables de la tête aux pieds. Bien couverts, la météo perd de son importance. Même si le soleil garde notre préférence. L’ambiance a ce matin un côté sauvage, insoumis. Âpre et un tantinet austère. La végétation bruisse au vent. Une myriade de gouttelettes perlent au bout de chaque feuille, chaque tige, chaque branche.

 

Et comme si le soleil régnait en maître, les oiseaux aquatiques habitués à bien plus rude, vaquent à leurs occupations comme chaque matin. Devant nous, dans l’eau peu profonde, un Héron cendré et une Grande Aigrette scrutent le miroir d’eau. Cou tendu, bec droit tel un harpon, prêt à frapper un poisson imprudent ne se doutant de rien.

 

Au fond, des Sarcelles d’hiver se nourrissent les long des vasières ou volent en petits groupes d’un bord à l’autre. Les Cormorans pêchent. En groupe. Plongeant dans l’eau peu profonde, leur corps fuselé glissant lestement sous la surface. Des oiseaux perchés les ailes ouvertes tentent de sécher leur plumage malgré la pluie qui continue de tomber. Car le cormoran a une particularité bien singulière pour un oiseau aquatique se nourrissant de poissons : son plumage n’est pas imperméable ! Aussi le voit-on fréquemment ailes étalées à l’air sinon au soleil tel un drap noir suspendu à une corde à linge.

 

En fouillant les groupes de canards, nous finissons par découvrir différentes espèces. Des Canards colverts bien sûr, mais aussi de nombreux Canard souchets et quelques Canards chipeaux. Les premiers reconnaissables à leur gros bec en spatule leur servant à filtrer l’eau de surface à la recherche des micro-organismes dont ils se nourrissent (végétaux, crustacés, plancton)… Les seconds arborent une très belle livrée argentée finement vermiculée de noir. Un Fuligule milouin est là également. Canard plongeur, l’oiseau n’est guère à l’aise dans l’eau très peu profonde de cet automne.

 

Au vol, les grives migrent vers des jours meilleurs. Des musiciennes. Et surtout des mauvis. Des « psitts » brefs pour les premières. Des « siii » longs et sonores pour les secondes. Leurs cris dégringolent du ciel, accompagnant les gouttes jusqu’au sol.

 

En sous-bois…

 

L’avantage de la pluie, c’est qu’une fois trempés, nous lui accordons bien moins d’attention. Elle devient alors une simple composante comme une autre. Comme la brise, les nuages ou la brume. Au bout d’une heure de cette douche incessante, les vestes ont ruisselé sur les pantalons transformés en éponges. Les chaussures en gore-tex ont traversé et se remplissent un peu plus d’eau d’eau à chaque nouveau pas. Le groupe accède à un certain détachement. Atteint la sérénité.

 

En forêt, cette sérénité se mue en béatitude. L’automne, à son sommet, magnifie la végétation. Les chênes – encore verts la semaine passée – ont viré aux jaunes, aux roux. Les châtaigniers sont couverts d’or. Les charmes de jaunes pâles. Mais les plus beaux sont invariablement les hêtres. Un port majestueux. Des feuilles ovales, lisses et vernissées d’une splendeur inouïe – le dithyrambe s’impose. Le hêtre à cette saison se remarque au premier coup d’œil. Habillé de lumière, il attire l’œil. Ses couleurs sont plus chaudes, plus soutenues. Et particulièrement photogéniques. Malgré le peu de lumière, les appareils photos sortent des sacoches au fond desquelles ils s’abritaient. Un tiers de diaphragme en moins pour légèrement sous-exposer le cliché et ainsi saturer les couleurs.

 

Exceptionnel !

 

Des rondes de mésanges naviguent entre les arbres. Passent d’un côté du chemin à l’autre. Petites boules de plumes de quelques grammes grappillant ici des graines de bouleaux, là un ultime insecte débusqué à l’abri d’une branche basse. Des cris incessants. Des bleues, des charbonnières. Des longues-queues. Accompagnées comme il est fréquent par quelques Roitelets huppés. Les Geais des chênes criaillent. A la noce en raison de l’abondance des glands, les oiseaux préparent leur hiver en garnissant des caches qu’ils tenteront ensuite de retrouver au cours de l’hiver. Les Tarins des aulnes sont eux aussi bien arrivés. Espèce hivernante de la même famille que les serins et les linottes, le tarin se rencontre en forêt de Rambouillet de la fin septembre au début du mois d’avril.

 

A l’approche de midi, alors que la fin de la sortie approche, la pluie cesse enfin – facétieuse. Le ciel bouché se dégage. Le plafond s’élève et la lumière augmente rapidement. Les couleurs d’automne se font encore plus belles.

 

Le tri des photos promet d’être long. Mais le compte-rendu de cette sortie ne manquera pas d’illustrations. Trempés mais heureux du bol d’air, le groupe boucle la boucle et atteint les véhicules à la mi-journée. Près de deux-cents images dans la boite et une liste de quarante espèces d’oiseaux contactés. Un bilan tout à fait honorable pour une matinée humide de novembre.

 

Liste des espèces

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Oiseaux :

Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Faisan de Colchide, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Bécassine des marais, Mouette rieuse, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Martin-pêcheur d'Europe, Alouette des champs, Corneille noire, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Grive mauvis, Bouscarle de Cetti, Roitelet huppé, Pipit farlouse, Pipit spioncelle, Bergeronnette grise, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Tarin des aulnes, Pinson des arbres, Bruant des roseaux

 

Mammifères :

Ragondin