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21 octobre 2018

Un dimanche normand 

Du brouillard en réserve…

 

Ce dimanche est consacrée à une sortie sur la journée en boucle de Léry-Poses. Vallée de la Seine avec les Andelys en amont. Et Rouen en aval. Le groupe se retrouve devant la réserve naturelle de la Grande Noé. Un vaste plan d’eau aux rives boisées de robiniers, de bouleaux, d’Erables champêtres, de Charmes. Disparu derrière un épais rideau de brume.

 

Une brume lourde, rivée au sol, collée à la végétation ruisselante d’humidité. Ni le soleil ni nos yeux ne parviennent à la percer. Le froid d’octobre, à l’abri de Râ, pénètre nos couches textiles trop fines. Nos muscles tremblent et tentent de nous réchauffer. Habitués à l’été indien installé depuis des semaines, nous n’avons pas jugé opportun d’apporter une thermos de chocolat chaud ou de café.

 

Ce que nous regrettons rapidement.

 

Privés de nos yeux, nous tendons l’oreille. La brume bruisse de centaines d’oiseaux. Les Canards colvert cancanent. Grives musiciennes et mauvis « psittent » depuis les grands arbres de la rive. Le Rougegorge familier chante ses notes flûtées et mélancoliques. Un Martin-pêcheur d’Europe passe au vol devant nous – trahi par son long cri aigu. Et la clameur de dizaines de Bernaches du Canada.

 

Par moment, la brume s’écarte. Bref instants de clarté relative laissant apparaître sur l’eau des silhouettes fantomatiques. Des cygnes à peine visibles. Un Grèbe huppé, des Foulques macroules qui ne sont encore que des formes sombres.

 

Puis la brume jaunit. La lumière traverse l’humidité. Le paysage s’ouvre en quelques minutes. Et l’étang apparaît.

 

Au moins deux centaines de Bernaches du Canada sont posées devant l’observatoire. Plusieurs Cygnes tuberculés – fesses en l’air – déjeunent, plongeant le cou et basculant l’avant du corps sous l’eau à la recherche d’herbes poussant sur le fond.

 

Nous apprenons à séparer les anatidés en deux parties. Les espèces demeurant en surface tout d’abord. Comme les Canards colverts, Canards chipeaux et Canards siffleurs. A l’instar des cygnes, ces espèces basculent l’avant de leur corps pour attraper herbes et algues poussant sous l’eau. Seul leur arrière-train demeure au-dessus de la surface, pointant en l’air comme une bouée. On oppose aux « canards de surface », les canards plongeurs. Ceux qui disparaissent entièrement sous l’eau dans leur quête de nourriture. Ces espèces se nourrissent généralement entre un et trois mètres profondeur mais peuvent descendre davantage. Ils capturent des mollusques, crustacés ou encore des larves d’insectes. Mais aussi des racines, bourgeons, feuilles de plantes aquatiques. Fuligules milouins et Fuligules morillons sont les plus communs. Quelques dizaines d’oiseaux trouent la surface devant nous et restent immergés une vingtaine de seconde environ. Le milouin et sa tête rousse. Le morillon et son flanc blanc. Et nous découvrons même deux autres fuligules au plumage acajou et au cul blanc : deux Fuligules nyrocas, espèce peu commune en France.

 

Sur la base de loisirs…

 

Midi est derrière nous. L’heure du déjeuner a sonné. Sous un soleil maintenant généreux, nous nous installons au bord du vaste lac des deux amants. Sur la rive orientale, le contre-jour est violent.

 

Entre deux bouchées, nous jetons un coup d’œil dans la lunette d’observation. Identifier les oiseaux uniquement à la silhouette est un exercice relevant souvent de la devinette. Mais un exercice amusant. Par exemple ce petit groupe de grèbes… Taille nettement inférieure à celle du Grèbe huppé. Bec légèrement retroussé. Sommet de la tête pointue. Nous avons affaire à des Grèbes à cou noir. Et ces grands oiseaux noirs – à contre-jour ils le sont tous – avec la tête relevée au-dessus de l’horizontale ? Des Grands Cormorans. Un Cygne tuberculé passe mollement sur l’eau, à proximité du bord.

 

Et sur le lac, pas une ride ne trouble la surface.

 

Après le déjeuner, le groupe vire de bord. Le passage à l’ouest est décidé. Nous remontons en voiture et prenons la direction du ponant. Les Foulques macroules sont partout. Deux ou trois milliers sont déjà rassemblées là. Les effectifs devraient grimper lorsque le vent se décidera à passer au nord. Et que les migrateurs devront passer au sud.

 

Parvenus à la pointe occidentale, des libellules volent à tire d’ailes. Gavées de photons, leur vitesse peut être fulgurante. Quelques Sympétrums sanguins observent leur domaine depuis des points hauts, une brindille, une branche basse, une herbe. Au bord de l’eau, un Portecoupe holarctique – petite demoiselle au bleu très vif – longe la rive de façon inlassable. Un déplacement lent. Saccadé. Une grande libellule apparaît à son tour. Une aeschne aux tons verdâtres semblant indiquer une femelle. Mais l’observation est de courte durée. Pas assez précise pour permettre d’identifier l’espèce. Soit une Aeschne bleue, soit une Aeschne mixte. Les deux seules espèces volant encore à la fin d’octobre.

 

Autour d’îlots boisés, parmi les Foulques macroules, quelques canards barbotent. Canards colverts, chipeaux, siffleurs… Ainsi que des Fuligules morillons. Une petite bande de Vanneaux huppés tournent longuement. Probablement dérangés des plaines environnantes par la chasse dominicale, les oiseaux cherchent un nouveau reposoir. Au calme. A l’abri des plombs. Mais l’eau est assez profonde. Trop profonde pour leurs pattes. Possibilités très réduites à l’exception d’un banc de sable déjà copieusement squatté par quelques dizaines de Mouettes rieuses. Tourner. Et tourner encore. S’assurer que les lieux sont sûrs. Tenter de s’impose et ne pas se laisser intimider par les laridés. Quelques vanneaux finissent par se glisser sur l’étroite bande émergée.

 

La fin d’après-midi approche. La journée fut magnifique. Une fois de plus durant cette arrière-saison d’exception. Riche en belles observations, avec une diversité intéressante. Le groupe reprend la route en direction de la Francilie non sans avoir partagé un dernier moment convivial autour d’une bière ou d’un chocolat chaud.

 

Liste des espèces

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Oiseaux

Grèbe castagneux, Grèbe à cou noir, Grèbe huppé, Grand Cormoran, Héron cendré, Grande Aigrette, Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Sarcelle d'hiver, Canard siffleur, Canard chipeau, Canard souchet, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Fuligule nyroca, Buse variable, Faucon crécerelle, Râle d'eau, Gallinule poule-d'eau, Foulque macroule, Vanneau huppé, Chevalier culblanc, Bécassine des marais, Goéland argenté, Goéland leucophée, Goéland brun, Mouette rieuse, Pigeon ramier, Tourterelle turque, Martin-pêcheur d'Europe, Pic vert, Pic épeiche, Pic épeichette, Alouette des champs, Corneille noire, Corbeau freux, Choucas des tours, Pie bavarde, Geai des chênes, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange à longue queue, Grimpereau des jardins, Troglodyte mignon, Rougegorge familier, Merle noir, Grive mauvis, Grive musicienne, Pouillot véloce, Accenteur mouchet, Pipit farlouse, Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Etourneau sansonnet, Moineau domestique, Verdier d'Europe, Chardonneret élégant, Tarin des aulnes, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine, Pinson des arbres

 

Libellules :

Portecoupe holarctique, Aeschne indéterminée, Sympétrum sanguin

 

Papillons de jour :

Piéride du chou, Vulcain, Tircis, Souci

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