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Janvier 2017

Pays-Bas

Vendredi 6

 

7h00. Porte Maillot, devant le Palais des Congrès. Certains patientent depuis quelques dizaines de minutes déjà. Le groupe (onze personnes) fait connaissance. Quelques-uns se connaissent déjà, fidèles aux sorties.

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Bientôt le convoi s’ébranle en direction du nord. Via Lille, Gand, Anvers et Bergen-op-Zoom, nous parvenons aux abords de la petite ville de Strijen peu avant midi. Le soleil est radieux, le vent quasi nul mais le thermomètre résolument bloqué sous le point de congélation. Tout autour de nous, des polders, herbus ou cultivés. Ce petit coin du plat pays est connu pour l’hivernage d’une espèce fort rare en Europe occidentale : l’Oie naine. C’est elle qui justifie notre présence si loin des autres sites que nous visiterons au cours des trois jours à venir.

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L’Oie naine n’est pas d’identification simple. Elle ressemble à une petite Oie rieuse, hormis un ventre très peu strié, la zone blanche du front remontant un peu sur le sommet du crâne, le cercle orbital jaune et la silhouette rondouillarde. Et bien évidemment sa petite taille qui la dissimule souvent derrière les autres espèces lorsqu’elle ne pâture pas au premier rang.

L’entreprise promet d’être ardue. Et très aléatoire.

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Notre petite bande, très motivée, s’attèle à la tâche. Et commence à trier les Bernaches nonnettes et du Canada, Oies cendrées et rieuses rassemblées là par centaines. Les Courlis cendrés sont eux aussi bien présents, picorant le sol de leur long bec parmi les dizaines de Vanneaux huppés, Pluviers dorés et Goélands cendrés. Des Canards siffleurs sillonnent les canaux et zigzaguent entre les portions gelées.

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Surprise ! Malgré un froid glacial, nous croisons de nombreux hollandais qui, passionnés de plumes ou simples promeneurs locaux recherchent également la petite oie dont le retour avait été annoncé la veille par la télévision locale ! Et notre petite bande française ne passe pas inaperçue : notre matériel et nos plaques d’immatriculation pour eux synonymes de vacances et de soleil nous attirent la sympathie locale. Beaucoup s’arrêtent pour discuter, nous demander des infos ou nous transmettre les dernières rumeurs quant à l’endroit où se cache la star locale.

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Ce grand jeu de piste se termine malheureusement par un échec, l’Oie naine n’apparait pas dans un coin de nos oculaires. Mais qu’à cela ne tienne, le séjour débute seulement et il nous reste encore le temps d’aller prendre la température sur les grandes digues du bord de mer au sud du port de Rotterdam.

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La température est vite prise : le thermomètre, toujours au-dessous de zéro, rend la petite brise humide venue de la mer particulièrement mordante. Rapidement transis, nous fouillons méticuleusement les flots gris de la mer du nord. La petite houle fait clignoter les canards : un coup là, un coup plus là, un coup là… Les Garrots se poursuivent, paradent. Souvent assez loin. Les Harles huppés de même. Quelques Eiders à duvet s’approchent lentement : les mâles arborent leur livrée nuptiale, mêlant le noir, le blanc, le rosé et le vert. Au moins une quinzaine de Plongeons catmarins piquent la tête sous l’eau à tour de rôle tandis que l’Harelde boréale est activement cherchée. Au moins deux oiseaux différents sont assez vite repérés. Une femelle d’abord puis un mâle adulte ensuite. Mais les distances restent importantes. Et la lumière de cette fin d’après-midi baisse rapidement. Nous nous rattraperons le lendemain matin.

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En soirée, c’est épuisés mais heureux que nous découvrons l’auberge, à quelques kilomètres de Middelburg. Quel site ! Un château de brique rouge encadré d’une tour à chaque coin et de douves inondées sur l’eau desquelles nagent Foulques macroules, Canards colverts et Fuligules morillons. Les décorations de Noël illuminent encore la cour. L’impression est magnifique. Après le dîner servi dans la grande pièce sous quatre bons mètres de plafond, le traditionnel log de la journée s’organise autour d’une bonne bière. La liste compte déjà 56 espèces.

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Samedi 7

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Le lendemain, le ciel n’est plus du tout bleu. Ses mille nuances de gris et une légère brume rendent l’atmosphère particulièrement austère. Il a un peu neigé dans la nuit. Le paysage saupoudré de blanc et l’air un peu piquant achèvent de peindre cette toile résolument hivernale. Mais nous sommes mieux couverts que la veille. Les doubles et triples épaisseurs restées dans les sacs hier nous protègent maintenant du froid. Sur le littoral c’est marée haute : la mer moins agitée et les oiseaux moins éloignés améliorent les observations. Les Grèbes esclavons sont plus nombreux que les Grèbes huppés. Les Hareldes boréales, au nombre de cinq, se laissent admirer : tout particulièrement une femelle assez près du bord.

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Comme la veille, les Phoques gris chassent tout au bord du rivage. Tournepierres à collier, Bécasseaux maubèches et violets picorent la digue au milieu des embruns. Mais la brume s’épaissit davantage à chaque nouvelle heure qui passe. En début d’après-midi, le plafond descend si bas que les nuages touchent terre. Alors que le groupe observe trois Plongeons arctiques, Annette aperçoit un piaf tout blanc qui ne ressemble pas à grand-chose. Il barbotte dans l’eau au pied d’un rocher de la digue. De la taille d’un petit canard à la silhouette fuselée, plumage très blanc piqueté de noir, Annette vient de dénicher la rareté abondamment signalée sur la toile depuis trois jours au moins : un Guillemot à miroir. Les conditions d’observation sont loin d’être optimales, mais beaucoup d’entre nous la marqueront toutefois d’une petite croix dans leur guide ornitho le soir venu.

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Sur l’île de Goeree nous cherchons ensuite les troupeaux d’oies et de cygnes qui hivernent habituellement en nombre. Mais comme autour de Strijen la veille, nous n’en découvrons que très peu. Les températures clémentes n’ont peut-être pas chassé les oiseaux restés en Frise ou en Basse-Saxe. Si bien qu’en fin d’après-midi, nous choisissons de repartir arpenter les digues dans l’espoir de mieux voir les mâles d’Hareldes. Mais le brouillard masque tout l’horizon rendant impossible toute observation lointaine. Un jeune Goéland bourgmestre particulièrement coopératif nous consolera efficacement.

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Dimanche 8

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La journée débute au bord d’une piste cyclable en léger surplomb d’une zone buissonnante. Un Bruant à calotte blanche y était mentionné du 3 au 5 janvier dernier. Peut-être traîne-t-il encore dans le secteur. Une fausse alerte fait bouillonner nos veines, mais il ne s’agit que d’une Grive mauvis (au demeurant très belle) : le Pine Bunting demeure invisible et semble avoir quitté les lieux. Nous choisissons de faire de même pour passer la dernière journée en Belgique. Après un agréable déjeuner dans une brasserie du centre de Bruges, nous arpentons les polders autour de la Venise du nord. Les Oies à bec court, absentes de Hollande, se rassemblent ici en grand nombre, mêlées aux Oies rieuses et cendrées. Une Cigogne blanche, provenant vraisemblablement du Zwin où l’espèce est sédentaire, mulote dans un pré humide. Malgré nos recherches, nous ne découvrons pas d’Oie des moissons, rare dans la région.

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A la tombée de la nuit, alors que nous rangeons le matériel avant de reprendre la route de France, un Faucon émerillon vient in extremis allonger une dernière fois la liste des espèces contactées.

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Un voyage riche au plan ornithologique et bien dépaysant, dans des sites magnifiques et étonnants…

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Liste des espèces observées :

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Oiseaux

Accenteur mouchet, Aigrette garzette, Alouette des champs, Bécasseau maubèche, Bécasseau variable, Bécasseau violet, Bécassine des marais, Bergeronnette des ruisseaux, Bergeronnette grise, Bernache cravant, Bernache du Canada, Bernache nonnette, Busard Saint-Martin, Buse variable, Canard chipeau, Canard colvert, Canard pilet, Canard siffleur, Canard souchet, Chardonneret élégant, Chevalier gambette, Choucas des tours, Cigogne blanche, Cormoran huppé, Corneille noire, Courlis cendré, Cygne tuberculé, Eider à duvet, Epervier d'Europe, Etourneau sansonnet, Faisan de Colchide, Faucon crécerelle, Faucon émerillon, Foulque macroule, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Gallinule poule-d'eau, Garrot à œil d'or, Goéland argenté, Goéland bourgmestre, Goéland brun, Goéland cendré, Goéland marin, Goéland pontique, Grand Cormoran, Grand Gravelot, Grande Aigrette, Grèbe à cou noir, Grèbe castagneux, Grèbe esclavon, Grèbe huppé, Grimpereau des jardins, Grive mauvis, Grive musicienne, Guillemot à miroir, Harelde boréale, Harle huppé, Héron cendré, Huîtrier pie, Lièvre d'Europe, Macreuse noire, Martin-pêcheur d'Europe, Merle noir, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Moineau domestique, Mouette rieuse, Oie à bec court, Oie cendrée, Oie rieuse, Ouette d'Egypte, Phoque gris, Pic épeiche, Pic vert, Pie bavarde, Pigeon biset domestique, Pigeon colombin, Pigeon ramier, Pinson des arbres, Pipit farlouse, Pipit spioncelle, Plongeon arctique, Plongeon catmarin, Pluvier argenté, Pluvier doré, Râle d'eau, Rougegorge familier, Rougequeue noir, Sarcelle d'hiver, Tadorne de Belon, Tarin des aulnes, Tournepierre à collier, Tourterelle turque, Troglodyte mignon et Vanneau huppé.

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Mammifères

Phoque gris et Lièvre d’Europe

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